“Camerata” Bergoglio

Un ouvrage posthume, récemment paru en Italie, et très embarrassant pour lui, évoque le passé péroniste de François. Recension de Marcello Veneziani (3/2/2019)

 

On pourra objecter, à juste titre, qu'il ne s'agit que des affirmations d'un homme, qui plus est très "marqué" politiquement. Des rumeurs malveillantes, en somme, que ses ennemis font circuler.
Sauf que ces "rumeurs" sont loin d'être inédites. Et qu'on peut très bien y voir la raison pour laquelle François tarde tant - et même se refuse obstinément - à se rendre dans son Argentine natale. Un fait objectif, qui accrédite ces rumeurs de façon troublante.
Nous avons déjà eu l'accasion de dire qu'à de très rares exceptions près (dont celle ci-dessous), AUCUN journaliste occidental n'a mené une enquête sérieuse sur le passé de François en Argentine (et l'information à ce sujet, pourtant disponible sur des blogs sérieux, faute d'avoir été validée par l'un des grands prêtres de la presse mainstream reste de ce fait cantonnée au niveau de la fake new). Cela donne une idée de leur courage et de leur intégrité professionnelle (!!). A moins que ce ne soit une illustration grandeur nature de ce que l'un d'eux, Guy Birembaum, a décrit dans son livre de 2004 "Nos délits d'initiés", dont il est très instructif de lire la présentation par l'éditeur:

«Nous sommes deux mille, trois mille ou cinq mille initiés. Peu importe notre nombre précis. De nos positions dans les milieux qui comptent, nous croyons construire, fabriquer, polir l'opinion. Nous voyons venir. Nous anticipons. Nous sommes journalistes, chroniqueurs, éditeurs, politiques, intellectuels... Nous trions ce qui est bon pour vous et ce que vous devez savoir. Nous vous dictons ce que vous devez faire. Cela fait des lustres que c'est ainsi et il n'y a pas de raison pour que cela change».

«Camerata [1] Bergoglio»


Marcello Veneziani
La Verità
(Article reproduit sur son blog: www.marcelloveneziani.com)
31 janvier 2019
Ma traduction

* * *

Il était une fois en Argentine un jésuite, Jorge Mario Bergoglio, qui avait pris parti contre la théologie de la libération - proche du castrisme -, et qui, dans les années 70, adhéra à la Guardia de Hierro, une organisation péroniste, d'empreinte nationaliste, catholique, férocement anticommuniste. A cette époque, à ceux qui lui faisaient remarquer que l'organisation à laquelle il appartenait se réclamait de la Garde de Fer, le mouvement roumain du commandant Corneliu Zelea Codreanu (1899-1938), nationaliste et fasciste, Bergoglio répondait «Tant mieux». De sa proximité avec la Guardia de Hierro, il a parlé, après son élection, avec le quotidien argentin Clarin, tandis qu'à Buenos Aires apparaissaient des affiches rappelant le péroniste Bergoglio. Pour mémoire, la Garde de Fer était un mouvement de légionnaires, très populaire en Roumanie dans les années trente, considéré comme antisémite et pro-nazi, dont beaucoup se sont entichés, et pas seulement en Roumanie. L'un d'eux fut Indro Montanelli (1909-2001) [2] qui publia dans le Corriere della sera une série de reportages enthousiastes et pleins d'admiration pour Codreanu, durant l'été 1940, en pleine guerre, démentant la thèse posthume qu'après 1938 il s'était déjà converti à l'antifascisme. Textes récemment republiés dans Da inviato di guerra [correspondant de guerre]. Évidemment, dans l'Argentine de Peron aussi, le mythe de Codreanu, victime d'un assassinat barbare, et de son fondamentalisme chrétien, avait des prosélytes. En 1974, après la mort de Peron, le mouvement légionnaire [i.e. la Guardia de Hierro] fut dissous. C'était un groupe de 3500 militants et 15000 activistes. Ils s'opposaient aux guérilleros péronistes de gauche infiltrés par les castristes, disciples de Che Guevara; ils étaient, pour ainsi dire, l'extrême-droite du justicialisme [Justicialismo, autre nom du péronisme, ndt]. Le groupe de la Guardia de Hierro avait été fondé [en 1962, ndt] par Alejandro Gallego Alvarez. C'était un mouvement qui tenait beaucoup à la formation culturelle de ses militants et à être présent parmi les déshérités et les derniers.

Bergoglio se vit alors confier une institution en difficulté, l'Université du Salvador. Bergoglio la redressa et la confia à deux ex-camerati de la Guardia de Hierro, Francisco José Pinon et Walter Romero. Durant ces années, Bergoglio était un adversaire déclaré des jésuites de gauche aux positions nationalistes et populistes. Son aversion pour la théologie de la libération lui valut l'accusation d'omertà de la part du prix Nobel Perez Esqivel, puis de collaboration avec la dictature des généraux argentins, de 1976 à 1983. L'historien Osvaldo Bayer (1927-2018) déclara aux journaux: «Pour nous, c'est une défaite amère que Bergoglio soit devenu pape» et Orlando Yorio, l'un des Jésuites pro-castristes capturés et torturés par les services secrets du régime militaire, accusera: «Bergoglio ne nous a jamais avertis du danger que nous courions. Je suis sûr qu'il a lui-même donné à la Marine (marinai) la liste avec nos noms». Ce n'est qu'après la chute de la dictature militaire que Bergoglio a commencé à prendre ses distances avec le péronisme nationaliste.

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J'ai tiré fidèlement cette reconstruction des pages du livre d'Emidio Novi, La riscossa populista (La révolte populiste, sous titre: La défaite des banquiers. La grande peur des eurobureaucrates. Le réveil identitaire), qui vient de paraître aux éditions Controcorrente. Novi soutient que la dérive progressiste et mondialiste de François découle de ce passé lointain. Selon Novi, «le pape Bergolio veut se faire pardonner son passé "fasciste", qui a duré jusqu'en 1980». C'est pourquoi il ne manque pas une occasion de plaire au politiquement correct, au parti progressiste de l'accueil, à l'anti-nationalisme radical. Novi, journaliste chevronné et sénateur de Forza Italia, est mort le 24 août dernier, renversé par un camion poubelle en train de faire marche arrière alors qu'il se trouvait dans sa ville natale, S.Agata di Puglia. Son livre a été publié à titre posthume, et édité par son fils Vittorio Alfredo. Novi se définissait comme populiste déjà des décennies avant que la vague populiste n'apparaisse en Italie. Populiste à la puissance trois, parce qu'il venait de l'aile la plus "mouvementiste" du MSI inspirée par le fascisme social, ensuite parce qu'il venait du sud et de Naples, et était un authentique interprète du vieux populisme méridional, à cheval entre la révolte populaire et la nostalgie des Bourbons; et enfin parce qu'il considérait l'oligarchie financière, la dictature des banquiers et des eurocrates comme le principal ennemi actuel des peuples. C'est pourquoi il aimait se qualifier de national-populiste et de souverainiste ante litteram.

Dans ce dernier livre, Novi s'occupe dans plusieurs pages du "papulisme" de Bergoglio, de sa théologie «improvisée et confuse», de sa reddition à l'islam, de son obsession pour la migration jusqu'à définir Jésus, la Sainte Vierge et Saint Joseph comme une famille d'immigrants clandestins en fuite. Il le considère comme «un instrument de l'antechrist», utile à la fois au progressisme radical de l'accueil et au mondialisme laïciste de la finance, mélangeant le vieux tiers-mondisme, l'internationalisme socialiste avec le plan global qui nous veut nomades, sans racines, sans patrie et sans frontières.

Mais de son passé argentin, au temps de Peron, du justicialisme et ensuite de la dictature militaire, Bergoglio préfère ne pas parler.
Même les extavertis se taisent parfois.

 

NDT


[1] "Camerata" est un synonyme de compagnon d'armes [resp. selon le contexte, chambrée, dortoir]; c'est une appellation d'usage ancien en italien pour indiquer le lien mutuel (camaraderie) de sujets qui partagent le fait d'être ensemble, qui vivent et dorment ensemble, en référence aux "dortoirs", espaces de vie communs dans le jargon militaire, et donc, à une lutte commune.
En Italie et en Allemagne, il est connu pour être utilisé surtout dans les cercles politiques de droite et d'extrême-droite. Les noms de camerata et camerati ont en effet été utilisés au cours de la période fasciste par les membres du Parti National Fasciste et durant la période nationale-socialiste par les membres du NSDAP (en allemand Kamerad / Kameraden).

[2] Indro Montanelli est un célèbre journaliste et patron de presse italien. Il est l'auteur, entre autre, d'un best-seller "Le Général Della Rovere", adapté en 1959 au cinéma par Roberto Rossellini.
D'abord chroniqueur au Corriere della Sera, qu'il quitta en 1973, il est le fondateur de Il Giornale en 1974.
Certains le considèrent comme le plus grand journaliste italien, au point que la ville de Milan a consacré à sa mémoire les jardins publics de la Porta Venezia, devenus «Giardini Pubblici Indro Montanelli». À l'intérieur du parc a été élevée une statue représentant Montanelli en train de rédiger un article.

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