Document final du Synode des jeunes
Un synode verrouillé? Inquiétudes sur les orientations de certains membres de la commission chargée de sa rédaction. Explications d'Edward Pentin (16/10/2018)
>>> La "vignette" ci-dessous est issue du site <gloria.tv>. C'est de l'humour, bien sûr (!!), ce n'est pas un crime de lèse-sainteté, encore moins un blasphème, car on sait bien que l'on peut rire de tout (*) - c'est du moins ce que nous affirment les sempiternels "éclairés", qui adorent exercer leur humour... au détriment des autres, de préférence conservateurs.
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(*) sauf, évidemment de certains sujets...
Membres de la Commission élus pour rédiger le document final du Synode des jeunes
Edward Pentin
10 octobre 2018
www.ncregister.com/blog/edward-pentin
Ma traduction
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Ils comprennent des représentants des cinq continents, dont le cardinal mexicain Carlos Aguiar Retes, le cardinal ghanéen Peter Turkson et l'archevêque italien Bruno Forte.
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Le Vatican a publié aujourd'hui les noms de ceux qui seront chargés de rédiger le document final du Synode des Jeunes, et bien qu'ils soient géographiquement représentatifs, des inquiétudes entourent certains d'entre eux et leurs vues sur des aspects de l'enseignement de l'Église.
La commission pour la rédaction du document final du Synode du 3 au 28 octobre sur «Les jeunes, la foi et le discernement des vocations» est composée de 12 membres, dont cinq ont été élus aujourd'hui par les membres du Synode et viennent des cinq continents du monde.
Ce sont le cardinal Carlos Aguiar Retes, archevêque de Mexico et l'un des 41 délégués personnellement choisis par le Pape pour assister au synode; l'archevêque Peter Comensoli de Melbourne, Australie, également délégué papal; le cardinal ghanéen Peter Turkson, préfet du dicastère du Vatican chargé du développement humain intégral; le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai (Inde), membre du "C9", le Conseil des cardinaux du Pape qui conseille François sur la réforme de l'Église, et l'archevêque Bruno Forte de Chieti (Italie), membre du conseil organisateur du synode.
Le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du Synode des évêques, et le cardinal Sérgio da Rocha, de Brasilia (Brésil), rapporteur général du Synode, ont automatiquement leur place dans la commission.
Le Pape en a personnellement choisi trois autres pour l'aider à rédiger le document final: le père Alexandre Awi Mello, brésilien, secrétaire du Dicastère du Vatican pour les laïcs, la famille et la vie, Mgr Sviatoslav Shevchuk, l'archevêque majeur de l'Église gréco-catholique ukrainienne, et le père Eduardo Gonzalo Redondo, directeur du ministère des vocations à Cuba.
Deux autres prêtres ont été choisis, qui ont jusqu'à présent aidé à la préparation du synode et qui serviront de secrétaires spéciaux à la commission: Le père jésuite brésilien Giacomo Costa, l'un des principaux auteurs de l'Instrumentum Laboris, directeur de la revue Aggiornamenti Sociali et vice-président de la "Fondation Carlo Maria Martini" et le Père Rossano Sala, professeur de pastorale des jeunes à l'Université pontificale salésienne et directeur du magazine italien Note di Pastorale Giovanile.
Les choix personnels du Pape lui sont naturellement bien connus: le père Mello était parmi ceux qui ont aidé l'ex-Cardinal Jorge Bergoglio à rédiger le document final de la Ve Conférence épiscopale latino-américaine d'Aparecida, au Brésil, en 2007. Certains en sont venus à considérer ce document comme une feuille de route pour toute l'Église. Le Pape connaît également bien l'archevêque Shevchuk pour l'avoir parrainé lorsque le prélat ukrainien était un jeune évêque auxiliaire à Buenos Aires dans les années 2000.
On ne sait pas comment le Pape connaît le Père Redondo, mais dans une interview accordée en 2014, le directeur des vocations cubain a dit que les jeunes étaient «la solution, pas le problème». Il a aussi dit que l'Église est Jésus, dont le plan pour l'humanité est «révolutionnaire et transformateur» et que pour «réaliser le royaume, nous devons commencer ici et maintenant». Cela signifie que «la première chose que nous devons faire est de bannir les vieilles structures», a-t-il dit, ajoutant que «c'est la foi qui nous meut», pour réaliser le plan de Jésus pour nous.
Parmi les élus de la commission, aujourd'hui, l'archevêque Comensoli a fait au synode une intervention animée, demandant si l'Église avait perdu son «feu missionnaire» et était devenue redevable d'un «faux évangile» de «maintien religieux».
«Puisse un caillou de perturbation spirituelle être jeté dans nos mares stagnantes, pour nous ramener à la Pentecôte!» a-t-il imploré. «Il est temps de laisser derrière soi une Église qui ne fait qu'attendre. Notre tâche est de redécouvrir une Église jeune qui sort; pas de recréer une Église pour que les jeunes y viennent»
APPROCHES SOFT DE L'HOMOSEXUALITÉ?
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Mais d'autres inquiétudes entourent certains membres de la commission élus aujourd'hui, dont l'opinion sur l'homosexualité semble discutable. C'est particulièrement digne de mention, compte tenu de la polémique entourant l'inclusion de l'acronyme "LGBT", utilisé par le lobby homosexuel, dans l'Instrumentum Laboris, le document de travail du synode (Les mensonges de Mgr Baldisseri), et les vives critiques de l'archevêque Charles Chaput de Philadelphie à son égard (Le courageux Mgr Chaput).
En même temps que la pression extérieure d'une coalition de groupes "LGBT", on craint que le document final ne contienne une formulation qui équivaudrait à une acceptation du mode de vie homosexuel. Cependant, la question a à peine été soulevée dans les discussions et n'a pas encore été mentionnée dans les petits groupes [cercles mineurs, ndt], mais cela n'a pas empêché de l'inclure dans les discussions lors du premier Synode sur la famille 2014. Il est notoire que l'archevêque Forte a été à l'origine d'une tentative d'introduire la question, en utilisant le rapport intermédiaire très controversé de ce synode.
Bien que cela ne figure pas dans les discussions, le document parle du «soutien précieux» que les couples homosexuels peuvent apporter à la société. Le document a été imposé aux Pères synodaux en le diffusant aux médias avant que les Pères synodaux l'aient vu.
S'en est suivi un tollé, en particulier de la part des délégués africains; mais bien que les pays en développement aient habituellement des points de vue plus traditionnels sur la question, qui reste en général un sujet tabou, les cardinaux Turkson et Gracias ont des points de vue qui semblent s'être adoucis par rapport à nombre de leurs pairs au Ghana comme en Inde.
En 2012, le cardinal Turkson a déclaré à NCR qu'il était important de comprendre les raisons derrière la stigmatisation de l'homosexualité en Afrique. «Tout comme il y a un un appel aux droits, il y a aussi un appel au respect de la culture de toutes sortes de personnes», a-t-il dit. «Donc, si elle est stigmatisée, en toute justice, il est sans doute juste de savoir pourquoi elle est stigmatisée».
Mais trois ans plus tard, il a dit au groupe chrétien de défense des droits des homosexuels, New Ways Ministry, que les pays occidentaux «ont évolué dans ce domaine». Il a dit que lorsqu'il étudiait aux États-Unis dans les années 1970, la science considérait l'homosexualité comme «une maladie», mais que «au fil des ans, cette évaluation a changé. D'autres pays doivent évoluer de la même manière et cela peut prendre du temps».
En 2013, le Cardinal Gracias s'est opposé à une décision de la Cour suprême de l'Inde d'annuler une décision prise par la Haute Cour de Delhi en 2009, qui avait décriminalisé les actes homosexuels. «Pour moi, il est question de la compréhension du fait que c'est une orientation», a-t-il dit.
Le Père Costa, quant à lui, a promu la lutte des couples homosexuels pour «les droits sociaux et civils». Et en tant que vice-président de la "Fondation Carlo Martini", il est également vraisemble qu'il soutient l'approbation par le défunt cardinal des unions civiles homosexuelles, ainsi que son opposition à l'encyclique Humanae Vitae dePaul VI.
Mais l'influence que ces membres de la commission pourront avoir n'est pas claire. Interrogé aujourd'hui sur les défis de la rédaction du document final, le cardinal Aguiar a déclaré que c'était «un travail très ardu» tandis qu'un autre défi «est le temps, nous devons le faire avant minuit», ce qui laisse penser que la majeure partie du document doit déjà avoir été écrite.
«Le plus grand défi», a-t-il dit, «est d'être fidèle à ce qui a été discuté, à ce qui a été convenu dans les groupes de travail». Comme la question de l'homosexualité n'a guère été soulevée et que Humanae Vitae a jusqu'à présent été complètement omise, beaucoup seront donc curieux de voir à quel point ces sujets figurent dans le document. De la même façon, aujourd'hui, un évêque belge en a surpris certains dans la salle du synode en suggérant que le clergé marié devait être pris en considération, mais ce sujet a également été à peine soulevé.
Le cardinal mexicain [Aguiar], que le Pape François a élevé au Collège des Cardinaux en 2016, a dit qu'un autre défi est «qu'il ne s'agisse pas d'un document final mais qu'il reflète ce qui a été discuté par les évêques de manière collégiale» et ensuite «remis aux mains du Saint-Père» qui pourrait l'utiliser pour son «exhortation apostolique post-synodale», ou pour un document résumé à la fin du synode.
Le document doit également être voté par tous les pères synodaux, soit dans son intégralité, soit section par section, et obtenir une majorité des deux tiers, mais le secrétariat du synode n'a pas été clair quant à la procédure à suivre.
Le cardinal Aguiar a ajouté: «Ce que je pense qu'on va répéter, c'est que l'Église doit beaucoup changer dans sa manière d'ouvrir des espaces et d'aller là où sont les jeunes». L'Église doit «aller en mission», a-t-il dit, «être présente là où sont les jeunes, par exemple dans le monde numérique».
Il a également dit que le deuxième aspect consiste à trouver des moyens d'aider à «les accompagner, en respectant toujours leur propre liberté, leurs propres décisions, tout en cherchant et en essayant de leur offrir une aide spirituelle afin qu'ils puissent être conscients d'eux-mêmes, et en tirer profit toute leur vie».
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