François, un pape extraverti
Un extrait du livre "Tramonti" de Marcello Veneziani en 2017 (10/1/2018)
>>> Du même auteur: La vérité sur "l'effet François".
Encore un qui ne peut décidément pas être classé parmi les nostalgiques de l'époque pré-conciliaire, et dont l'opposition à François ne relève pas d'une bigoterie desséchée, mais d'une simple lucidité politique. Confirmant ainsi la fausseté de la théorie des thuriféraires quand ils dénoncent «le monde obscur de ceux qui déforment les faits, créent de faux arguments et sèment la confusion», pour mettre dans le même sac les opposants à François, ceux à Benoît XVI, et ceux à Vatican II (voir à ce sujet Non, Benoît XVI n'est pas un hérétique)
François, un pape extraverti
www.marcelloveneziani.com
Ma traduction
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Le Pape François reprend la chrétienté d'en bas, soucieux d'éveiller la dévotion des peuples à partir des humbles, à coup de catéchisme et de charité. Avec lui, l'Église retourne à l'école primaire.
Comment définir le Pape François du point de vue théologique et pastoral, humain et du caractère? Un pape extraverti. Mais pas tant dans l'acception courante du terme, c'est-à-dire une personne communicative, joviale, sociable, que dans un sens plus étroitement lié à sa mission de Pape.
Bergoglio est un pape projeté vers l'extérieur, il s'adresse moins aux croyants catholiques et plus aux protestants ou aux musulmans, dont il secourt et adopte des familles au Vatican, il se préoccupe plus de l'accueil des migrants que de la nouvelle pauvreté de nos populations locales, il dialogue plus avec les athées qu'avec les théologiens, il lit plus des journaux laïcistes comme La Repubblica que des journaux comme l'Osservatore Romano ou l'Avvenire.
On dira que c'est sa mission évangélique de s'occuper davantage des lointains que de nos frères voisins. Un pape ne doit pas s'enfermer derrière les portes de bronze d'une Église en crise mais sortir à l'extérieur, parler au monde.
C'est ce que disent ses défenseurs.
Mais sommes-nous sûrs qu'un pape à usage extérieur rapproche de la foi, de la chrétienté, des églises, les plus lointains et les plus réfractaires? D'après les données, les perceptions et les faits, l'effet est l'opposé. Le pape s'éloigne des fidèles sans rapprocher les athées, ies agnostiques ou les croyants des autres religions de la foi et de l'Église.
Il démotive les premiers sans motiver les seconds à la foi.
Alors, que reste-t-il de son pontificat, de ses dialogues avec les protestants, les musulmans, les athées et les sceptiques? Il reste sa popularité médiatique, indépendamment du sentiment religieux.
Tout au plus, il reste la sympathie, mais pour lui, pas pour ce qu'il représente, et puis rien. Au contraire, ce qu'il représente en tant qu'institution est considéré presque comme un obstacle à l'empathie avec lui; sa noblesse est reconnue dans sa lutte pour démanteler le pouvoir de la curie et l'inertie pétrifiée de la tradition, les dogmes doctrinaux et l'hypocrisie du clergé.
Il ne nous semble pas que le passage d'un pape "introverti" et cultivé, lié à la doctrine et à la tradition chrétiennes, comme l'a été Ratzinger, à un pape extraverti et un peu histrion, ouvert au monde et à ceux qui ne sont pas chrétiens, ait changé, inversé la tendance à la déschristianisation.
Au contraire. D'où le sentiment qu'un pape extraverti a laissé ses brebis s'enfuir de la bergerie sans en ramener de nouvelles à la maison. Pour citer Flaiano, c'est un pape qui risque de finir non pas en odeur de sainteté, mais en odeur de publicité. Peut-être ne convient-il pas à un pape d'être sacré par le Time et les médias "personne de l'année". Un missionnaire de l'éternel ne peut pas être réduit, dans une course accélérée à la sécularisation, à une star des médias.
(Tramonti, 2017)
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