Il faut ouvrir les ports... Vraiment?
Quelques réflexions utiles de Maurizio Veneziani, en ce 8 juillet, date choisie par le Pape pour accomplir le geste hautement symbolique - et très politique- de commémorer dans la basilique St-Pierre sa visite à Lampedusa d'il y a 6 ans, se réaffirmant "le premier opposant à Salvini" (8/7/2019)
Voir sur ce sujet: Une célébration-provocation
Et aussi: Vincent: Quel silence de l'Eglise!
Alors que l'entrée du port de Lampedusa a de nouveau été "forcée" par un prétendu navire humanitaire avec 41 migrants à bord, malgré l'opposition formelle du ministre de l'intérieur Matteo Salvini, et qu'aujourd'hui, le Pape célèbre une messe (en présence de nombreux musulmans!) dans la basilique papale pour commémorer le sixième anniversaire de son voyage à Lampedusa - quelques semaines après son élection! -, voici une réflexion argumentée de Maurizio Veneziani: condensé de bon sens, très éloigné du discours de haine (mais au fait, qui prêche la haine?) que l'on prête habituellement aux opposants à l'accueil sans discrimination pour les culpabiliser.
C'est aussi un utile antidote pour ceux qui refusent de se laisser dicter d'en haut ce qu'ils doivent penser - en général, et sur ce sujet en particulier..
Six thèses sur l'ouverture des ports
Marcello Veneziani
La Verità, 30 juin 2019 2019
Ma traduction
* * *
J'aimerais dire six choses sur l'affaire Sea Watch, la rhétorique, les haines et les slogans.
1. si l'on établit le principe selon lequel tout homme a le droit de décider unilatéralement quand, comment et où vivre sans tenir compte des règles, des frontières, des États et des populations, ce sont tous les ordres juridiques qui sautent, toute souveraineté nationale et nationale qui est pulvérisée, chaque limite, chaque frontière, chaque protection et chaque garantie pour les citoyens réguliers de ces pays ayant des droits et des devoirs, travaillant et payant leurs impôts qui est effacée. Cette prétention sous-entend qu'il n'y a pas besoin de procédure exceptionnelle pour accorder l'asile aux réfugiés fuyant les guerres et les situations d'urgence évidentes, mais que quiconque décide de partir en voyage doit être accueilli avec satisfaction. Et même pas "una tantum", mais à chaque fois que cela se produit.
2. Il est absurde de reconnaître à une organisation privée, à une ONG, comme Sea Watch, le privilège extraterritorial et supranational de décider vers quel pays se diriger pour faire débarquer les migrants recueillis, et de les assigner ainsi aux pays par décision autonome, unilatérale, en vertu d'un impératif humanitaire, prenant de sa propre initiative et sans aucun titre à le faire, le rôle de tuteurs et médiateurs des migrants. Encore une fois, il ne s'agit pas d'une situation exceptionnelle, d'une urgence fortuite à affronter, mais d'une pratique bien établie, planifiée et répétée. Ce n'est pas un événement inattendu sur le chemin, mais c'est le "commerce" que certains bateaux ont décidé d'engager, quels que soient les Etats, les peuples et les territoires.
3. Il n'existe aucun pouvoir légitimé démocratiquement, consolidé par l'expérience historique et la vie des peuples, qui réponde directement de la citoyenneté, la représente et la protège, au-delà de l'État-nation libre et souverain. Et il est juste que ce soit l'État-nation souverain qui décide en dernier ressort, sur la base de ses lois, comme le gouvernement italien l'a toujours fait, du ministre de l'Intérieur au Premier ministre; et qui refuse, en l'espèce, qu'un navire battant pavillon néerlandais, dirigé par un commandant de nationalité allemande, puisse s'amarrer dans le premier port rencontré sur la route, qui se trouvait être en Tunisie, mais décide de se rendre en Italie et impose de facto à notre pays l'obligation de le recevoir, faisant de ce droit de réception déjà contestable une obligation de réception, partout et toujours. Ceux qui menacent les Etats et passent par dessus eux, au nom de l'idéologie no border, oeuvrent pour le chaos et la fin du droit international.
4. Nous avons été habitués par la propagande idéologique, moraliste et émotionnelle à ne pas refuser d'accueillir le cas individuel pitoyable, l'enfant sous-alimenté sans adulte, le malade à soigner, la femme enceinte ballottée par les flots ou la misère. Mais derrière le cas isolé, à propos duquel on fait inévitablement appel à notre humanité, on veut faire passer un flux beaucoup plus massif et durable. Autrement dit, on veut utiliser le cas individuel comme un cheval de Troie pour légitimer en réalité la transmigration de peuples et de tous ceux qui veulent quitter leur pays et venir vivre chez nous. Dans un monde où les riches se comptent en millions et les pauvres en milliards, il n'est pas possible de penser que les uns peuvent prendre en charge les autres, que la petite Italie doive prendre sur ses fragiles épaules la grande Afrique, que la petite Europe doive prendre en charge les flux des populations venant du sud ou de l'est de la planète. Bien sûr, le phénomène pour l'instant n'atteint pas des chiffres impressionnants, mais avec le temps et avec le laisser-passer que l'on veut imposer, le phénomène est susceptible de gonfler pour atteindre une taille insoutenable.
5. Derrière le principe de l'accueil humanitaire, se cache un gigantesque business à deux faces: d'une part ce sont les impresarios politiques des flux migratoires pour en gérer ensuite l'assistance et les effets politiques; d'autre part, ce sont ceux qui utilisent une main-d'oeuvre sous-payée à exploiter, sans protection (sauf pour donner aux spéculateurs mentionnés ci-dessus des raisons supplémentaires pour représenter les intérêts syndicaux et professionnels des migrants). Gauche et patronnat associés en affaires, sous couverture humanitaire. C'est un business immense et honteux qui se cache derrière la charité et qui exploite, instrumentalise et asservit les migrants. A ce propos, l'esprit démagogique et illégal, anti-italien et anti-européen de la gauche et de son cirque des "belles âmes" a été pénible.
6. Il n'y a pas de situations aggravées dans le monde d'aujourd'hui par rapport à il y a quelques années - guerres, génocide, famine - pour forcer l'ouverture des frontières et des ports. Si l'on veut, c'était bien pire il y a dix ans. Et de toute façon, ceux qui s'en sortent le plus mal ne sont pas ceux qui peuvent partir, ceux qui peuvent obtenir l'argent pour payer l'évasion ou les passeurs, ceux qui ont la force, les contacts, les moyens pour pouvoir partir, mais la vraie misère, la vraie priorité, ce sont ceux qui n'ont ni la force ni les ressources pour pouvoir partir et restent chez eux. Et ils voient leurs pays appauvris par les énergies des jeunes qui émigrent ailleurs, abandonnant les femmes, les personnes âgées et les enfants. Si nous devions vraiment donner la priorité au dernier, comme le dit le Pape, les derniers ne sont pas ceux qui viennent chez nous, mais ceux qui sont condamnés à rester chez eux dans des conditions de vraie misère. Mais le véritable but de ceux qui soutiennent la migration est le déracinement des peuples de leurs terres et nous des nôtres.
La reproduction, uniquement partielle, des articles de ce site doit mentionner le nom "Benoît et moi" et renvoyer à l'article d'origine par un lien.