La victoire de Bolsonaro
Quelques remarques de Carlota, notamment sur le soutien des évangéliques et le rôle (ou le non-rôle) de l'Eglise (31/10/2018)
Le nouveau Satan
Et dire qu'en mars 2013, certains avaient prétendu que le Sacré Collège avait élu le cardinal Bergoglio pour endiguer l'expansion des évangéliques aux dépens des catholiques en Amérique latine!! Le résultat, sous nos yeux, nous donne un bel exemple d'hétérogenèse des fins !
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Dans une autre perspective, il faut lire aussi la réflexion qu'a inspiré à Christain Vaneste (sur <Boulevard Voltaire>) le scandaleux traitement que nos médias ont réservé au vainqueur de l'élection présidentielle brésilienne - et ce jugement n'a rien à voir avec nos préférences politiques, et les sentiments de bienveillance ou d'antipathie que pourrait nous inspirer le personnage. Là, il ne s'agit plus de partialité (et ceux qu'on n'ose plus appeler "journalistes", sauf à insulter le noble métier d'informer, ne font même plus l'effort de "faire semblant" pour maintenir la fiction de l'impartialité), mais de confiscation pure et simple de l'outil informatif au seul bénéfice de leurs idées - qui sont évidemment celles de leurs "employeurs". Bref, d'un coup d'état. Honte à eux!
Extrait:
Avant de voir ce que le président élu sera capable de faire à partir de janvier, lorsqu’il entrera en fonction, il faut d’abord souligner la vague qui, en réaction, a déferlé sur nos rivages médiatiques. C’est elle qui est inquiétante, car elle donne la mesure de l’effondrement, dans notre pays, du pluralisme de l’information et de la pensée, sans lequel, on le sait depuis Raymond Aron, il n’y a pas de véritable démocratie. La pensée unique, le politiquement correct, l’orientation quasi totalitaire des « journalistes » ou des présentateurs se sont déchaînés sans réserve. Le sommet a sans doute été atteint par Euronews, la chaîne officielle de l’oligarchie bruxelloise. Dans un reportage, elle a osé justifier la tentative d’assassinat du candidat brésilien par l’indignation qu’il suscitait et par la division du pays qu’il aurait entraînée, dont cet acte serait la marque.
La victoire de Bolsonaro, quelques remarques
Carlota
30 novembre 2018
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Bien sûr, on ne peut qu’espérer que le nouveau président du Brésil va aider ce magnifique pays et ses habitants à se remettre sur pied, en limitant la violence, les politiciens véreux et vénaux et tous les maux qui frappent cette nation, mais aussi, ne nous leurrons pas, un grand nombre d’autres (dont la nôtre), dans l’hémisphère nord comme dans l’hémisphère sud, qu'ils aient un régime dit démocratique, ou autoritaire, qu'ils soient étiqueté à droite ou à gauche. C’est dire si la tâche est difficile.
Mais ce qui me frappe le plus dans cette élection, même si cela a été peu évoqué voire pas du tout, dans la presse francophone, c’est l’appui considérable des sectes évangéliques, tant au niveau financier que par l’apport de leurs voix, dans un pays qui, numériquement parlant, est encore majoritairement catholique, même si l’on peut penser que cela ne va pas durer, et tout cela en moins d’un demi-siècle.
Ce qui montre combien l’Eglise Catholique ou plus exactement certains comportements de «responsables catholiques» prélats, prêtres ou laïcs ont été préjudiciables. Ces responsables catholiques, sauf exception, n’ont pas fait la différence entre les Césars et Dieu, et se sont mêlés depuis des décennies de politique, ils ont fait notamment le lit de la théologie de la libération, tandis que la franc-maçonnerie attaquait «l’édifice» de l’autre bord. De nombreux catholiques brésiliens, de droite, évidemment, mais aussi de gauche, ont perdu complètement confiance dans leurs pasteurs, des pasteurs qui ne prêchaient pas que l’Évangile ou au minimum qui ne mettaient pas en avant les points non négociables de l’Évangile, préférant se perdre dans d’autres combats, mais qui entretenaient assurément une confusion fatale dans un pays déjà en plein chaos. L’élection de Bolsonaro, quelles que soient les qualités intrinsèques de l’homme politique, n’est pas neutre (*). Et cela n’a rien à voir avec l’extrêeeeeme-droite.
Alors quand je vois venir de Rome certains discours (euh, je crois qu’il faut dire homélies), j’avoue que je ne suis guère rassurée, tout comme lorsque je découvre certains décrets de béatifications-canonisations qui réveillent des divisions au lieu d’unir dans la prière.
Désolée mais je ne crois pas qu’ «un populiste contre les populismes» va permettre de rendre à César ce qui est à César. La preuve avec l’élection de Bolsonaro, qui est aussi le cri de ceux qui se sont sentis abandonnés par leurs bergers.
La tâche de l’Église est un éternel recommencement jusqu’à la fin des temps.
«Dicunt ei : Cæsaris. Tunc ait illis : Reddite ergo quæ sunt Cæsaris, Cæsari : et quæ sunt Dei, Deo». Mat. XXII-21
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(*) Son adversaire, Fernando Haddad, du Parti des Travailleurs, est catholique, mais on ne peut pas vraiment le dire défenseur des points non négociables dont l’avortement. Il a été notamment pris à parti sur ce sujet, alors qu’il avait assisté et communié (avec son épouse, et la candidate à la vice-présidence) à une messe le 12 octobre dernier (voir ICI en portugais, le communiqué de l’évêché après coup).
Une fidèle lui a reproché d’avoir communié alors qu’il était pro-avortement et reproche au prêtre de lui avoir donné la communion. L’évêché dans son communiqué parle de la conscience individuelle de chacun et réaffirme la défense de la vie et du bien commun, tout en précisant que l'Eglise Catholique n'indique pas de candidats ni de partis politiques.
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