Le NYT et François

Etrange…Le pape s'alignerait-il sur le 'navire-amiral' planétaire de la presse progressiste qui malgré les scandales de pédophilie, persiste à le ménager? Une réflexion inquiétante de Giuseppe Nardi sur le site <Katholische.info> (25/11/2018)

 

Le New York Times et le pape François

John Gehring et l’incessant appel des sirènes progressistes


Giuseppe Nardi
katholisches.info
25 novembre 2018
Traduit de l'allemand par Isabelle

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(New York) On observe, depuis quelques années, un phénomène étonnant qui concerne le New York Times, le plus influent des medias de référence du monde, de tendance gauche libérale. Un exemple en apparence anodin indique une interaction remarquable entre ce quotidien et le pape François.
Le quotidien de la famille Sulzberger s’en tient invariablement, sous le pontificat argentin aussi, à sa ligne hostile à l’Eglise. Depuis le dernier conclave de 2013, le journal se montre toutefois étonnamment favorable au pape. C’est cette dualité – on pourrait même parler de contradiction: hostilité à l’Eglise et, en même temps, bienveillance envers le pape, – qui constitue un phénomène digne d’intérêt. La « vielle dame », comme on appelle aussi le journal, fondé il y a 167 ans, a promu dès le premier instant une image positive du pape François. Il soutient aussi quelques-unes de ses positions, celles en tout cas qui peuvent s’intégrer dans le spectre de la gauche libérale.
Le même journal, au contraire, s’est montré particulièrement hostile aux prédécesseurs Jean-Paul II et Benoît XVI. Il a participé, et même plus d’une fois lancé, de véritables campagnes contre ces papes.

L’ARTICLE DE GEHRING DANS LE NEW YORK TIMES
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Le 15 novembre, le NYT publiait un billet d’opinion qui portait comme titre «Catholic Reform Starts With the Bishops» (la réforme catholique commence avec les évêques). Le billet a pour auteur le journaliste et écrivain catholique John Gehring, directeur de programme dans l’organisation interreligieuse Faith in Public Life, fondée en 2006. Cette association milite pour une présence plus forte des religions dans les medias et essaie de créer des «coalitions et des partenariats stratégiques», dans une mouvance de centre gauche. Ses fondateurs sont tous issus du milieu des «socio-démocrates». C’est à Gehring que l’on doit, entre autres, le livre «The Francis Effect : A Radical Pope’s Challenge to the American Catholic Church» (L’effet François. Un défi radical du pape lancé à l’Eglise catholique aux USA). Or les critiques du pontificat actuel ne voient aucun «effet François», mais plutôt une «faillite»…

Dans son billet de jeudi passé, Gehring traitait de la crise liée aux abus sexuels commis par des clercs et de la perte de crédibilité qui en résulte pour l’Eglise.
Cette crise, Gehring ne la voit pas «pas uniquement» comme un produit des abus sexuels et, dès lors, ne tire pas non plus les conclusions logiques et nécessaires. Il se sert plutôt de la crise pour promouvoir l’agenda libéral et propose celui-ci comme solution. La «recette» même qui a provoqué la crise offrirait donc aussi la solution à la crise. Pour le dire dans les propres termes de Gehring : «Les responsables catholiques doivent se montrer plus ouverts sur une série de thèmes épineux»

Gehring attaque la « culture patriarcale » de l’Eglise qui « se manifeste particulièrement dans le fait que les femmes soient exclues du sacerdoce ». Bien que le scandale des abus soit de nature sexuelle, plus précisément homosexuelle – ce que Gehring passe sous silence –, il critique «l’enseignement de l’Eglise sur la sexualité humaine et le gender», que «refusent non seulement beaucoup d’Américains du Nord, mais aussi un nombre considérable de fidèles catholiques».
Comment, demande Gehring, l’Eglise veut-elle exercer une influence sur la culture, si «ses bergers sont ignorés par beaucoup dans ses propres rangs»?
Ce fut le NYT par exemple qui, l’été dernier, provoqua, avec deux articles, la chute du cardinal Théodore McCarrick. Jusqu’alors, comme l’ancien nonce aux USA, l’archevêque Mgr Carlo Maria Vigano a pu le prouver, le pape François ne se souciait pas des informations sur la double vie homosexuelle du cardinal ni de la prédation sexuelle qu’il exerçait sur ses propres prêtres et séminaristes. Bien que le journal ait déclenché le scandale qui fait trembler l’Eglise des USA, il continue, dans cette affaire aussi, à protéger le pape François. Malgré le dossier Vigano, François est traité avec des gants comme il l’a toujours été.

«RÉFLÉCHIR AUX DROITS DE L’HOMME DES LGBT ET AU SACERDOCE DES FEMMES»
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Gehring voit cependant, dans la situation actuelle si difficile de l’Eglise, une chance et donne un conseil au pape François : «La crise offre au pape François et aux évêques l’occasion de donner à l’Eglise une nouvelle vue sur les choses». Gehring recommande un «discernement priant» pour reconnaître les «limites du patriarcat», mais aussi une réflexion «sur les droits de l’homme pour les LGBT et sur l’exclusion des femmes du sacerdoce».
Quoi qu’il puisse se passer dans l’Eglise, y compris une chose aussi horrible que le scandale des abus et l’homosexualisation de pans entiers du clergé, l’aile gauche de l’Eglise s’en tient invariablement à son agenda et en exige la mise en œuvre. Le commentaire de Gehring en est l’illustration parfaite. Aucune réflexion critique (exclue a priori, une telle critique n’est même pas thématisée) pour savoir si, et dans quelle mesure, ce n’est pas précisément cet agenda qui est responsable – au moins en partie – de la situation actuelle de l’Eglise.

LE JOURNAL ET LE PAPE
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Revenons encore au NYT: le billet de John Gehring a été publié le 15 novembre. Le samedi 17 novembre, deux jours plus tard seulement, le pape François recevait, dans la Salle Clémentine du Palais Apostolique, les représentants de la Fondation Vaticane Joseph Ratzinger. A cette occasion François, a remis le prix Ratzinger de l’année 2018. Les mots qu’il a adressés à l’assemblée ont résonné comme un écho à l’article du NYT, comme si le pape l’avait lu. Ce fait n’est pas exclu, mais plutôt probable. Déjà dans le passé, on a pu voir avec quel soin on enregistre, dans l’entourage pontifical, l’opinion du journal de référence de la gauche libérale dans le monde. Le cas McCarrick n’en est qu’un exemple.
«Il est crucial que l’apport des femmes dans le domaine de la recherche et de l’enseignement en théologie, longtemps considéré comme l’apanage exclusif des clercs, soit de plus en plus reconnu. Il est nécessaire que cette contribution, en même temps que la présence croissante des femmes dans différents postes à responsabilité de l’Eglise – en particulier, mais pas seulement, dans le domaine culturel –, soit encouragée et développée. Depuis que Paul VI a élevé Thérèse d’Avila et Catherine de Sienne à la dignité de docteurs de l’Eglise, plus aucun doute ne peut subsister quant à la capacité des femmes à atteindre les plus hauts degrés de l’intelligence de la foi. Cela fut confirmé par Jean-Paul II et Benoît XVI, qui ont promu docteurs de l’Eglise des femmes comme Thérèse de Lisieux et Hildegarde de Bingen».
Dans l’entourage pontifical, on qualifie de « fortuit » cet accord de pensée entre le pape et le NYT. Pour autant, le fait est là et beaucoup de catholiques devraient le considérer comme étonnant, pour ne pas dire inquiétant.

Celui qui se donne la peine de d’analyser la chronologie de cet accord «fortuit» fera une constatation plus inquiétante encore: c’est, en règle générale, le NYT qui fait le premier pas, auquel réagit le pape François – comme en réponse à un appel.

Giuseppe Nardi

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