Le pasteur perdu

Marco Tosatti

... alias "le berger égaré". Marco Tosatti dit à son tour tout le bien qu'il pense du livre de Phil Lawler (9/3/2018)

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Le berger égaré

 

Je pourrais reprendre à mon compte, presque mot pour mot, tout ce qu'il écrit ici....

Le Pasteur perdu


Marco Tosatti
Stilum Curiae
9 mars 2018
Ma traduction

* * *

«Chaque jour, je prie pour le pape François. Et chaque jour, (j'exagère, mais seulement un peu) le pape fait une autre observation, dont on comprend qu'il n'approuve pas les catholiques comme moi. Si le Saint-Père me reprochait mes péchés, je n'aurais pas à me plaindre. Mais dans ses homélies de la messe du matin à Santa Marta, le pape me reproche - et avec moi à des milliers et des milliers d'autres fidèles catholiques - d'être attaqués, et parfois de souffrir pour les vérités que l'Église a toujours enseignées».

Combien parmi ceux qui me lisent pourraient souscrire à ces propos? Beaucoup, je crois. Mais ce n'est pas moi qui les ai écrits: ce sont les premiers mots d'un très bon livre, The lost sheperd, le Pasteur perdu, par Philip Lawler, un catholique américain de grande valeur. En 1996, il a fondé un site d'information en ligne, le premier du genre, Catholic World News, et aussi Catholic Culture. Il fut le premier directeur laïc du journal diocésain de Boston,"The Pilot", il a été candidat au Sénat, il a écrit cinq livres, et il a collaboré et collabore encore avec des journaux du niveau du Wall Street Journal, du Los Angeles Times et du Washington Post. Bref, on peut tout dire de lui sauf qu'il est un catholique "marginal", ou un traditionaliste.

Là, il a écrit un livre pour exprimer ce que beaucoup d'entre nous perçoivent: un malaise grandissant envers les mots, les comportements, les actions et les choix du sommet de l'Église. «J'ai été parmi les millions pris par l'effet de François, enthousiasmé par sa vision... au fil du temps, pourtant, le ton et aussi le contenu des déclarations publiques du pape m'ont rendu perplexe d'abord, puis ont créé en moi un malaise. Pendant des mois, dans mon travail quotidien de couverture du Vatican, j'ai fait de mon mieux pour rassurer mes lecteurs et parfois moi-même sur le fait qu'en dépit de ses propos parfois alarmants, François n'était pas radical, qu'il ne guidait pas l'Église loin des sources antiques de la foi. Mais peu à peu, avec réticence, douloureusement, j'en suis arrivé à la conclusion qu'au contraire, c'est ce qu'il fait».

Pourquoi parler d'un livre dont je ne sais pas s'il sera jamais traduit en italien, et qui par conséquent pourrait intéresser une partie plutôt limitée des lecteurs de "Stilum Curiae"? Parce qu'en le lisant - et je remercie l'auteur, que je ne connais pas personnellement, de m'avoir permis de le faire - je me suis reconnu dans une grande partie de ce qu'il écrit. Dans son parcours, surtout, et dans la désillusion grandissante qui m'a accompagné au cours de ces cinq années. Une désillusion avant tout humaine: non tant face à la politique ou aux politiques, même si celles-ci sont et restent certainement très discutables, qu'à la qualité humaine de la personne qui se révélait peu à peu par ses gestes, ses ruses, ses choix, d'hommes et de temps, ses silences.

Ainsi, comme tant d'autres, et comme l'auteur de ces lignes, Philip Lawler a dû admettre, à lui-même et ensuite aux autres, que «le Pontife romain devrait être un foyer d'unité dans l'Église. François est hélas devenu une source de division. Cette évolution malheureuse s'explique par deux raisons. Le style de gouvernement autocratique du pape, et la nature radicale du programme qu'il poursuit sans relâche. Le style autocratique, qui contraste fortement avec les promesses d'un gouvernement synodal et collégial, n'a jamais été aussi évident qu'en janvier 2017, quand il a balayé le statut d'un antique ordre catholique indépendant et souverain, les Chevaliers de Malte». Comme l'a noté Sohrab Ahmari dans le New York Times, sur ce point comme sur dans d'autres... les conservateurs sont d'un côté, et le pape François de l'autre. Mais un pape ne devrait pas être en "d'un côté" d'un désaccord au sein de l'Église.

Lawler écrit - d'une manière presque prophétique, si l'on pense au congrès qui à Rome le 7 avril prochain discutera également de ces questions -, qu'«une compréhension correcte des limites de l'autorité papale aiderait à résoudre la crise actuelle. L'évêque de Rome n'est pas un potentat solitaire, mais le chef du collège des évêques», comme l'a bien précisé Lumen Gentium. François n'a pas enseigné d'hérésies, selon Lawler, mais «la confusion qu'il a provoquée a déstabilisé l'Église toute entière. Les fidèles ont été amenés à s'interroger sur eux-mêmes, sur ce en quoi ils croient, sur leur foi. Ils regardent Rome à la recherche d'un guide et au lieu de cela ils trouvent plus de questions, plus de confusion».

Je vais m'arrêter ici. Je vous conseille de lire The Lost Sheperd - Le Pasteur perdu -. Que Dieu nous aide, nous et Lui, à nous retrouver. Unis, cette fois.

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