L'Eglise immigrationiste qui oublie Dieu

Une autre réflexion inspirée par la couverture-choc d'un hebdomadaire italien "catholique" qui compare le ministre de la Ligue à Satan. Inutile d'ajouter qu'en transposant un peu (notre gouvernement est loin de s'opposer à la marée migratoire), elle vaut aussi chez nous (27/7/2018)

>>>
Vade retro Salvini

 

Quand le bon goût part en vacances


Giorgio Enrico Cavallo
www.campariedemaistre.com
26 juillet 2018
Ma traduction

* * *

C'est le temps des vacances, et dans l'équipe éditoriale de Famiglia Cristiana le bon goût a dû lui aussi partir en vacances. Ce n'est qu'ainsi qu'on peut expliquer la couverture déplacée (euphémisme) de l'hebdomadaire des Pauliniens, qui va jusqu'à comparer le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini rien de moins qu'à Satan. A présent, même la reductio ad Hitlerum semble peu de chose: après l'assimilation du vice-premier ministre italien au dictateur allemand faite par de nombreux journaux, avec le titre "Vade retro Salvini" Famiglia Cristiana contribue à creuser encore plus l'abîme dans lequel le journalisme catholique italien s'est jeté et, dans une large mesure, dans lequel l'Église catholique s'est elle-même jetée. La situation est bien résumée par l'intéressé qui, face à cette violente attaque frontale d'un hebdomadaire catholique, a commenté: «Quelqu'un qui fait une telle couverture, qu'il aille à l'Espresso ou à la Repubblica, de leur part, je m'y attends, mais pas à Famiglia Cristiana». Et il a raison. Parce que l'on s'attendrait à un tel niveau de rancœur et d'acrimonie principalement de la part des journaux de la gauche immigrationiste, qui a trouvé dans les "migrants" un nouvel étendard idéologique.

Mais d'un hebdomadaire catholique, on ne s'attendrait pas à une insulte aussi éhontée et aussi grossière que celle-là. «Rien de personnel ou d'idéologique - précise l'hebdomadaire des Pauliniens - cela concerne l'Évangile». Ah bon, alors tout est normal. Car est-ce évangélique de «taper sur le monstre en première page» et de dénigrer sans vergogne ceux qui pensent différemment, a fortiori s'il s'agit du ministre d'une nation; le ministre - il faut le rappeler - a été élu et a accédé au pouvoir par l'expression populaire: donc, juste pour savoir, le "vade retro" pourrait-il aussi s'étendre aux millions d'électeurs de la Ligue, selon Famiglia Cristiana? Et est-ce chrétien de manipuler l'Évangile pour dénigrer une personne? Peut-on encore qualifier ce type de journalisme de chrétien? Indépendamment des opinions que chacun peut légitimement avoir sur la politique de Matteo Salvini, il faut constater que l'Église catholique ne s'est que trop exprimée ces dernières années en faveur de l'immigration. L'accueil est devenu l'un des mots d'ordre du dernier pontificat et n'a été que trop bien accueilli par le journalisme catholique.

Le risque est sous les yeux de tous: le message du Christ et de l'Église catholique est maintenant largement passé par pertes et profits, laissant place à un parti-pris pro-immigration qui ne présage rien de bon; parce que l'action de l'Église ne peut et ne doit pas être réduite à la seule protection des migrants. L'Église a des devoirs essentiellement spirituels, elle doit viser le salut des âmes et, oui, accessoirement, elle peut aussi s'impliquer dans la charité et la protection des plus faibles. Parce que l'Église est née pour l'âme de l'homme, pas pour être une succursale d'une association bénévole. Parce que l'Église doit fuir les scandales et donner le bon exemple au service de la Vérité; tandis qu'un bon nombre d'évêques, de prêtres, d'associations et de journaux catholiques semblent préférer la voie de la provocation, allant même jusqu'à plier l'Évangile au service de leur propre esprit partisan. Et l'Italie n'est pas non plus gouvernée par une dictature féroce.

En revanche, l'Italie essaie de faire la lumière sur un phénomène très peu clair, comme l'est l'immigration en provenance d'Afrique. Au contraire: il est évident que les ONG essaient par tous les moyens de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement italien, et nous savons que beaucoup d'entre elles reçoivent des financements comme s'il en pleuvait de la part d'organismes qui ne sont pas exactement proches de l'Église (il suffit de citer le nom de George Soros). Il semble évident que le grossier slogan de stade contre Salvini et sa politique n'est pas seulement non-chrétien, mais aussi incroyablement naïf (un autre euphémisme) parce que quelqu'un qui voudrait vraiment défendre les migrants devrait essayer d'endiguer le phénomène de l'immigration (peut-être en écoutant les nombreux évêques africains....) et non pas applaudir les ONG. Il est clair qu'il y a dans tout cela quelque chose qui ne tourne pas rond. Mais, au-delà de la recherche des raisons réelles de l'intérêt presque obsessionnel que l'Église contemporaine consacre au problème de la migration, nous-mêmes nous posons ces dernières questions très graves: quels risques l'"aplatissement" du message chrétien sur la seule rhétorique de l'accueil non contrôlé comporte-t-il ? N'est-ce pas qu'à long terme, l'appropriation par l'Église catholique de questions chères à la gauche, aux hommes d'affaire comme Soros et aux puissances mondialistes finira par diluer (et finalement annuler) le message du Christ? Nous prions pour que cela n'arrive pas, mais les signes qui viennent jour après jour ne sont pas encourageants.

Tous droits réservés.
La reproduction, uniquement partielle, des articles de ce site doit mentionner le nom "Benoît et moi" et renvoyer à l'article d'origine par un lien.