Propagande papale (suite)
Nous avons déjà eu l’occasion de parler du film documentaire de Wim Wenders sur le pape François – une œuvre de commande, ce qui ne manque pas de surprendre, venant d’un homme réputé si humble, si soucieux de ne pas se mettre en avant. Au tour de Carlota de nous confier sa perplexité (17/9/2018)
>>> Propagande
Propagande papale
Carlota
* * *
Je dois avoir très mauvais esprit, mais j’ai vraiment du mal à comprendre comment le film documentaire d’une heure et demie, « Un homme de parole » (titre en anglais A man of his word), sur le pape François peut être cette semaine à l’affiche en France y compris dans des villes de province où l’on ne peut pas dire que la population se soit dressée depuis des décennies pour défendre les valeurs non négociables de l’Église Catholique en votant contre - ou tout au moins en ne soutenant pas - les partis politiques dont les programmes sont particulièrement contraires à ce qu’enseigne (enseignait ?) bien clairement l’Église. En d’autres termes, dans des villes où des municipalités sont ou étaient majoritairement PS avant que leur nouveau monde ne devienne LREMiste. On aurait pu penser que ce genre de production était destinée à être projetée en boucle à Lourdes pour remotiver les pèlerins entre deux dévotions. Eh bien, non, le film est à l’affiche en France. Un vrai miracle, car même sous Pie XII et dans les villes de l’Espagne très catholique, l’on n’aurait jamais vu cela, ou juste quelques minutes aux actualités, avant le film !
J’ai aussi du mal à comprendre, dans la logique de l’humilité chrétienne et de l’utilisation juste mais parcimonieuse de l’argent reçu des fidèles, que le Vatican ait pu consacrer une partie des deniers de l’Église à la réalisation d’un film sur le pape régnant et surtout sur ce qu’il pense sur quantité de sujets. Mais ce qu’il pense sur quantité de sujets, j’aurais tendance à dire que c’est son affaire et qu’on n’a pas besoin d’un film pour le savoir: on peut avoir le droit de s’être fait sa propre idée sur les dits sujets sans avoir l’obligation de savoir ce qu’en pense le Pape, parce que les chaines de télé, internet - via éventuellement tous les téléphones « intelligents » -, nous ont permis d’avoir déjà tous les éléments en direct ou presque, ou tout au moins de les retrouver par les mêmes moyens. Et au cas où l’on n’aurait aucun moyen moderne d’information, pas sûr que si l’on allait en ville pour voir un film, on se jetterait sur celui-là !
Bon, pour en revenir à la question finance, c’est malgré tout une co-production. Heureusement peut-être, parce que ce film, c’est malgré tout, surtout en ces temps troublés où bien des informations circulent, un pari risqué car il va falloir en trouver des spectateurs pour rentabiliser un documentaire d’une heure trente-six… Même, en y emmenant de forces les enfants du caté qui sont de moins en moins nombreux d’ailleurs, ou en y entrant spontanément comme vieilles groupies papales, version dames patronnesses paroisses nouveau style (enfin ancien nouveau style, celui des paroisses de l’après concile qui continuent à croire aux lendemains chantant). Donc si effectivement le public se limite à ces spectateurs-là, cela ne va pas aller très loin, même si le cinéma en France est subventionné.
Mais je peux me tromper, bien sûr. Et c’est vrai qu’au générique, ou tout au moins tel qu’il est présenté sur le site étatsunien spécialiste du cinéma IMDB, on trouve des « nombreux acteurs non crédités » : Poutine, Erdogan, Evo Morales, etc.!
Y sont aussi précisés les pays où le film est sorti. Le site en français JP’s Box-Office donne également quelques éléments.
La reproduction, uniquement partielle, des articles de ce site doit mentionner le nom "Benoît et moi" et renvoyer à l'article d'origine par un lien.