Sanctions contre McCarrick: Vigano persiste
Interview de l'ex nonce aux Etats-Unis sur le site LifeSiteNews. Il répond à ses détracteurs. Et explique pourquoi les sanctions prises par Benoît XVI étaient "privées" (2/9/2018)
Viganó persiste et signe: sous Benoît, McCarrick s'est vu imposer des restrictions, mais «il n'a pas obéi»
1er septembre 2018
www.lifesitenews.com
Ma traduction
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Le ci-devant cardinal Theodore McCarrick a continué à faire des apparitions publiques après que le Pape Benoît XVI lui ait imposé des sanctions car «il n'a pas obéi» au Saint-Père, a dit l'archevêque Carlo Maria Viganó à LifeSiteNews dans une interview exclusive.
L'ex-nonce apostolique aux États-Unis a répondu aux tentatives des médias de remettre en question son témoignage selon lequel le pape François a couvert McCarrick tout en connaissant sa réputation d'abuseur sexuel de séminaristes et de prêtres. Viganó a répété dans l'interview qu'il avait parlé avec McCarrick des restrictions que Benoît lui avait imposées, mais qu'en tant que nonce, il n'avait pas le pouvoir de les faire respecter.
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«Je n'étais pas en position d'imposer», a expliqué Viganó à LifeSiteNews, «avant tout parce que les sanctions imposées à McCarrick ont été prises de manière privée. C'était la décision du Pape Benoît XVI».
Selon Viganó, le Pape Benoît a rendu les sanctions de McCarrick privées, peut-être «parce qu'il (McCarrick) était déjà à la retraite, peut-être parce qu'il (Benoît) pensait qu'il était prêt à obéir».
Mais, McCarrick, «n'a manifestement pas obéi», a dit Viganó à LifeSiteNews.
Différents médias ont publié des articles tentant de jeter le doute sur Viganó et son témoignage détaillé publié le 25 août, impliquant le pape François et d'autres hauts prélats dans la couverture de McCarrick tout en sachant qu'il était un serial abuseur sexuel de séminaristes et de prêtres.
L'un des éléments du témoignage de Viganó en cause est de savoir si Benoît avait imposé des restrictions à McCarrick après avoir pris connaissance des allégations contre l'ancien archevêque de Washington.
Une vidéo du 29 août produite par Catholic News Service (CNS) [l'agence des évêques US, ndt] jette une incertitude sur la question de savoir si Benoît a imposé des sanctions à McCarrick entre 2009 et 2010, comme Viganó l'a dit dans son témoignage.
La vidéo compile différents clips: McCarrick témoignant devant le Congrès en mars 2011 au nom de l'USCCB [la conférence des évêques US], une visite ad limina au Vatican en janvier 2012 au cours de laquelle McCarrick a concélébré la messe et rencontré deux fois Benoît, et un autre événement de mai 2012, parrainé par les Sociétés pontificales missionnaires, en l'honneur McCarrick, auquel Viganó avait pris la parole.
Viganó a dit à LifeSiteNews qu'il avait déjà parlé à McCarrick à l'époque de ce dernier clip vidéo, lui répétant les mesures qui avaient été prises à son encontre par le pape Benoît XVI, ce que son prédécesseur, feu l'archevêque Pietro Sambi, avait également fait.
Viganó, nonce d'octobre 2011 à avril 2016, a expliqué qu'il commençait à peine son rôle de représentant du Pape à l'époque des événements des différents clips vidéo rassemblés par CNS, et qu'il apprenait la culture et la hiérarchie de sa nouvelle mission aux Etats-Unis.
A part le fait qu'il ne faisait que commencer dans sa mission, le nonce n'est pas quelqu'un qui peut directement faire respecter les restrictions, surtout avec un cardinal, qui est considéré comme son supérieur. Une telle attitude serait du ressort de quelqu'un dans la position du cardinal Donald Wuerl, Archevêque de Washington, et successeur de McCarrick, a dit Viganó.
Un autre extrait de la vidéo de CNS montrant McCarrick assistant à une visite ad limina à Rome et rencontrant le Pape Benoît XVI, semble suggérer que le cardinal n'a pas été sanctionné. Viganó a expliqué qu'une fois de plus, McCarrick n'obéissait pas aux restrictions qui lui étaient imposées mais qu'il était inconcevable pour Benoît d'aborder la question avec le cardinal à ce moment-là, en présence de tous les autres évêques.
«Pouvez-vous imaginer le Pape Benoît XVI, quelqu'un d'aussi doux qu'il l'était, disant: "Que faites-vous ici?" devant les autres évêques», a dit Viganó.
Un autre extrait de la vidéo du CNS montrant Viganó assistant au gala des Sociétés Pontificales de la Mission avec McCarrick, semble suggérer que McCarrick n'avait pas subi de sanctions et que Viganó ne s'était pas inquiété de la présence du cardinal. Viganó a déclaré à LifeSiteNews qu'il ne pouvait pas renoncer à assister à l'événement et que pendant l'événement, il n'a pas non plus eu l'occasion de rappeler au cardinal les sanctions.
«Je ne pouvais pas dire: "Que faites-vous ici?"» dit-il. «Pouvez-vous l'imaginer? Personne n'était au courant (au sujet des sanctions), c'était une rencontre privée (quand elles ont été prises par Benoît). Donc cette vidéo ne prouve rien.»
La preuve des sanctions imposées à McCarrick pendant la papauté de Benoît XVI ne se limite pas au témoignage de Viganó.
Un article du Washington Post de juin 2014 intitulé «Le cardinal Theodore McCarrick, qui voyage dans le monde entier, a presque 84 ans et travaille plus dur que jamais», souligne à quel point McCarrick était omniprésent après l'élection de François. Le récit confirmait qu'il avait été mis à l'écart par Benoît, pour ensuite refaire surface sous François.
«McCarrick fait partie d'un certain nombre d'ecclésiastiques de haut rang qui ont été plus ou moins mis sur la touche pendant les huit années de pontificat de Benoît XVI», affirme le Post. «Mais maintenant François est pape, et des prélats comme le cardinal Walter Kasper (un autre vieil ami de McCarrick) et McCarrick lui-même sont de retour dans la mêlée, et plus occupés que jamais».
L'article du WP inclut également l'échange entre François et McCarrick dans lequel François aurait dit en plaisantant que le diable n'était pas prêt pour accueillir McCarrick en enfer [nous en avons parlé ici: Rapport Vigano: le pape doit démissionner].
L'anecdote du WP utilise l'échange comme une introduction à «l'improbable renaissance dont McCarrick (était) en train de profiter» sous François.
«Je suppose que le Seigneur n'en a pas encore fini avec moi», a-t-il dit au pape.
«Ou alors ton logement chez le diable n'est pas encore prêt», rétorqua François en riant.
McCarrick aime raconter cette histoire, parce qu'il aime raconter de bonnes histoires et parce qu'il a un sens de l'humour aussi vif que celui du pape. Mais l'échange en dit aussi long sur l'improbable renaissance dont jouit McCarrick alors qu'il se prépare à célébrer son 84e anniversaire en juillet (2014).
Détaillant plusieurs visites internationales de McCarrick après l'élection de François en mars 2013, l'article du Washington Post précise:
«Parfois, les voyages de McCarrick à l'étranger sont à la demande du Vatican, parfois au nom de Catholic Relief Services [la branche américaine de la Caritas]. Occasionnellemnt, c'est le Département d'Etat américain qui lui demande de faire un voyage».
«Mais François, qui a remis le Vatican sur la scène géopolitique, sait que lorsqu'il a besoin d'un opérateur averti, il peut se tourner vers McCarrick, comme il l'a fait pour le voyage en Arménie»
McCarrick, nommé cardinal en 2001, a pris sa retraite en 2006, rapporte l'article du WP, «et sous Benoît, il faisait des efforts en vain. Puis François a été élu, et tout a changé»
Plus loin dans l'article, McCarrick fait l'éloge de Benoît, et suggère que si on lui avait demandé, il aurait fait ce que Benoît voulait «pour ramener l'église là où il pensait qu'elle devrait être»:
«Le pape Benoît XVI est un homme merveilleux, et c'était un bon ami à moi avant qu'il ne devienne pap», a dit McCarrick. «Mais il était anxieux de ramener l'église là où il pensait qu'elle devrait être, et je suppose que je ne faisais pas partie de ceux qui, selon lui, l'aideraient dans ce domaine. J'aurais évidemment fait ce qu'il demandait».
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