Un prêtre critique excommunié (II)
Fin de l'interviewe de don Minutella par AM Valli (7/1/2019)
>>> Un prêtre critique excommunié (I)
Don Minutella est ce prêtre palermitain qui en 2017 s'est vu sanctionné par son évêque de rien de moins que DEUX excommunications pour avoir osé critiqué Amoris Laetitia. Nous en avons parlé ici, en traduisant un article de Marco Tosatti: benoit-et-moi.fr/2017.
Ces jours-ci, Aldo Maria Valli lui donne la parole (alors qu'il est boycotté par les médias) en publiant sur son blog une longue interview de lui qu'il a faite à la demande de lecteurs.
En la lisant, beaucoup penseront peut-être qu'il est légèrement (c'est une litote!) excessif dans ses critiques envers le Pape, qui lui font carrément franchir le pas d'une variante du sédévacantisme (il considère en fait que le Trône de Pierre n'est pas vacant, mais est encore occupé... par Benoît XVI), et peut-être serait-on tenté, comme moi, de formuler quelques réserves... ou plus, selon sa sensibilité. Aldo Maria Valli y a pensé, du moins pour toutes celles qui me sont venues à l'esprit. Il ne manque pas non plus de souligner que ce prêtre (qui est indubitablement animé d'une foi sincère, et même profonde) dit des choses justes, dignes d'être prises en considération.
Le ton du journaliste est respectueux des opinions du prêtre, sans agressivité ni flagornerie:il pourrait servir d'exemple à nombre de nos journalistes qui confondent systématiquement information et propagande, faits et opinions personnelles.
Comme l'interview est très longue, je vais la scinder en deux parties.
A chacun de se faire son opinion...
deuxième partie
Don Minutella: "voilà pourquoi je combats l'Eglise liquide"
Aldo Maria Valli
www.aldomariavalli.it
2 janvier 2019
Ma traduction
***
Comment jugez-vous la méthode appliquée par l'Église à votre égard?
On ne peut pas dire que je me suis mis en avant avec une position sans contenu. J'ai deux doctorats en théologie, je suis l'auteur de plusieurs livres, un conférencier apprécié dans toute l'Italie, un spécialiste de la pensée de von Balthasar; j'ai surtout un cœur qui héberge la charité pastorale. En un mot, je suis l'un de ces rares (très rares, le scénario est plutôt désolant!) qui, face au loup, ne fuit pas, car il se soucie des brebis. Pour reprendre les mots de Bergoglio, je sens l'odeur de la brebis et je viens de la périphérie, alors mes condamnations, au fond, devraient laisser planer un doute sur les intentions réelles de ceux qui veulent construire des ponts, pas des murs, et me laisser ensuite excommunier, sans la moindre confrontation. Cette méthode stalinienne n'a même pas été utilisée avec Luther, parce que le pape a essayé, avec l'envoi d'un cardinal, de dialoguer. L'Église de Bergoglio qui dialogue avec le monde, et ensuite tue ses propres enfants!
Je voudrais aussi ajouter que j'ai vu le catholicisme romain, pas celui radicalement traditionaliste, mais celui dans lequel j'ai été formé (le post-conciliaire, celui des saisons wojtylienne et ratzingerienne) pris d'assaut, en vue de son effacement. J'ai vu dans cette attaque la réalisation du troisième secret de Fatima, qui parle d'apostasie et de perte de foi à Rome. Certes, Mgr Lefebvre avait déjà souligné les risques d'une dérive de la foi à cause des orientations pastorales post-conciliaires, et alors que les pontifes, de Paul VI à Benoît XVI, défendaient la validité du Concile Vatican II, ils n'ont pas caché - surtout Ratzinger - certains processus d'appropriation du Concile par les phalanges radicales-progressistes (celles, pour être clair, qui ont conduit, par exemple, à la rédaction du Catéchisme hollandais ou à la canonisation de la pensée théologique de Karl Rahner, un grand relativiste dogmatique et éthique). A l'évidence, le Concile doit avoir été faible dans ses définitions ou, malheureusement, peut-être ambigu, car il cherchait un lien improbable entre une vision néo-moderniste (qui réclamait des réformes depuis l'époque de Pie X) et une vision traditionaliste.
En tout cas, Lefebvre avait vu juste à bien des égards. Et paradoxalement, il n'y a pas beaucoup de différence entre les déclarations de l'évêque français, qui a pointé du doigt le relativisme dominant et la mystérieuse annulation de l'ancienne messe, prévoyant un effondrement de la foi au goût d'apocalypse, et les déclarations laconiques d'un Paul VI perdu, qui parlait de la fumée de Satan et d'un hiver profond, de contestation diffuse, au point de se demander si la foi catholique survivrait encore longtemps, allant - dans les dialogues avec Jean Guitton - jusqu'à considérer la fin des temps et la survie du catholicisme dans un petit reste.
D'un point de vue historique, comment jugez-vous la situation de l'Église ?
J'ai grandi dans le catholicisme italien post-conciliaire, immerggé dans l'enthousiasme du charisme de Wojtyla qui, toutefois, cachait des complications non résolues. Moi aussi, je suis l'héritier d'une foi complètement dépouillée du culte eucharistique traditionnel et de la dévotion mariale, même si dans le Sud nous avons été assez protégés jusqu'ici. J'étais un adolescent passionné par l'identité catholique et je me souviens, au lycée classique, l'un des plus avancés dans la pensée communiste et néomarxiste, de mon désir de défendre l'Église contre l'assaut du néomodernisme. Entre-temps, comme je l'ai dit, grâce au charisme de Jean-Paul II, l'Église a résisté au choc post-conciliaire, même si, comme un fleuve karstique, le progressisme théologique et liturgique a lentement travaillé pour garder son monopole dan les centres universitaires et les séminaires, attendant le bon moment pour le coup final. Déjà en 2005, il avait été possible de créer les conditions pour que Bergoglio devienne pape, mais il est évident que quelque chose a dû mal tourner. 2013 est l'année décisive: la démission de Benoît XVI et l'élection de Bergoglio, invalide parce qu'orchestrée.
Bref, une sorte de fracture invisible, où, à côté de la pensée officielle, celle du Magistère qui, en maintenant le Concile debout, le cousait avec la Tradition, se construisait de plus en plus, presque à la manière du roman Frankenstein, une pensée parallèle qui, faisant du Concile une sorte de perestroïka ecclésiale, visait à changer à jamais l'identité catholique, avec une forme de haine et de colère envers tout ce qui était synthétisé dans le thème dit "préconciliaire". Benoît XVI, pape théologien, successeur de Wojtyla, a essayé tant qu'il a pu de résister à l'impact du choc désormais inévitable entre les deux modèles opposés de l'Église, celle officielle, qui voulait l'"aggiornamento" et le dialogue, qui opérait la réforme liturgique, mais en continuité avec la tradition, et celle parallèle (mais de plus en plus puissante) qui voulait au contraire changer à jamais l'Église en opérant une rupture définitive avec la tradition. La foudre sur la coupole de Saint-Pierre lors de l'annonce de la démission de Benoît XVI donne l'idée d'une collision qui est plus qu'une simple confrontation finale entre les deux visions: en réalité c'était un signe prophétique, car - et c'est là que s'insère mon engagement - le coup d'état progressiste et maçonnique répond à la réalisation du troisième secret de Fatima. Bergoglio est plus que le Concile Vatican II. Si l'Assemblée conciliaire, malgré les tentatives d'appropriation par la phalange progressiste, est restée plutôt d'aplomb (malgré sa faiblesse évidente), avec Bergoglio nous en sommes à la rupture criante. Il existe désormais sans aucun doute une saison qui s'appellera pré et post bergoglienne, ce qui était pré et post-conciliaire commence à ne plus avoir de pertinence. Le pré-bergoglien est tout ce qui est catholique, le post est exactement le contraire. Face à cette opération, qui a conduit à la célébration de la pensée néomoderniste, néoluthérienne et surtout néo-arienne (la plus néfaste, parce qu'elle nie la divinité du Christ, et se présente vraiment comme une matrice anti-chrétienne, où Jésus n'est qu'un grand prophète aux côtés des autres religieux fondateurs), le fait que j'ai été «mis dehors», je le vois comme une grâce et non comme un malheur. J'ai en fait décidé de rester prêtre catholique, ancré dans la Tradition, non pas comme pharisien au cœur dur (selon les élégantes expressions de Bergoglio), mais comme prêtre qui, malgré l'assaut anticatholique du post-concile, est resté ancré dans la Tradition.
Pourquoi, don Minutella, avez-vous décidé de descendre sur le terrain?
Dans tout ce que j'ai décrit, j'ai vu le silence inexplicable de nombreux Pasteurs, incapables de se ranger du côté de la vérité (à cause d'une idolâtrie du thème de l'obéissance au Supérieur qui, toutefois, ne doit jamais être accordée, alors que ce dernier est clairement hérétique, parce que tout pouvoir de juridiction cesse), bref, j'ai été témoin du lent et inexorable assaut contre la foi, du triomphe de ce que von Balthasar appelait weltelei, "les manies du monde" et, pour cela, j'ai décidé de tout jouer pour résister, selon les indications du Nouveau Testament, à l'imposture en cours, puisque les proclamations ne sont pas suffisantes, il faut montrer son visage.
Vérifier la trahison de cette Église de Bergoglio, apparemment heureuse de redécouvrir le dialogue avec le monde, et en réalité de plus en plus égarée dans sa propre identité, me blesse. Mais, grâce à Dieu, le Concile Vatican II est pastoral, il n'y a pas de dogmes (par ces "jeux" de Dieu qui, en fin de compte, expliquent le développement linéaire du plan salvifique) et donc personne n'est obligé d'adopter les orientations du Concile, surtout quand - comme en matière de dialogue interreligieux, dialogue avec le monde, oecuménisme, réforme liturgique - partout on respire déception et égarement. Je crois avoir inauguré une nouvelle forme de réponse, non plus une réponse académique (de plus en plus isolée quand il s'est agi de rester ancré dans la Tradition), ni une réponse faite de stratégies cachées. Voilà, je suis allé sur le terrain, dénonçant ouvertement (comme tout le monde peut le vérifier sur Radio Domina Nostra) et avec peu de moyens à ma disposition, sans alliances, sans planification, mais avec la seule force de la foi, les bizarreries hérétiques et les extravagances inacceptables du gouvernement dit bergoglien qui, grâce au Ciel, ne vaut rien, parce que le Pape reste Benoît XVI et parce que l'élection de Bergoglio est nulle selon la constitution apostolique Universi Dominici Gregis.
En fin de compte, quand Benoît XVI, interrogé sur l'avion qui l'emmenait à Fatima en 2010, a dit que le troisième secret de Fatima est non seulement derrière nous, mais aussi devant nous et concerne l'apostasie de la foi dans l'Église, eh bien c'est là que se trouve le sens de mon combat.
Je ne suis pas un pauvre rêveur ou un naïf leader pentecôtiste, ce que nous vivons est précisément le temps de l'occupation de Rome par Satan. C'est ce que la Sainte Vierge disait à La Salette en 1846: «Rome perdra sa foi et deviendra le siège de l'Antichrist». Ces temps sont ceux de l'invasion satanique entrevue à la fin du XIXe siècle par le pape Léon XIII; ce sont les temps de Fatima qui, justement, parle d'apostasie; ce sont encore les temps de la pleine réalisation des textes du Nouveau Testament qui parlent des temps derniers (en particulier la 2ème lettre aux Thessaloniciens); ce sont les temps prévus même par le Catéchisme de l'Église catholique au numéro 675, quand - dans un registre apocalyptique inhabituel - il parle d'une «épreuve finale» pour l'Église avec l'arrivée de l'imposture antichristique. Dans tout cela, aussi à cause des souffrances subies et pour leurs suites non négligeables, je crois que j'ai une mission que j'accomplirai, avec la force de la foi. Surtout en attribuant une grande valeur à la couronne du Saint Rosaire. Après, il en sera ce que Dieu veut.
Selon vous - corrigez-moi si je me trompe - les Messes célébrées en communion avec le Pape François ne sont pas valides. Pouvez-vous expliquer pourquoi? Et comment, selon vous, célébrer la messe pour qu'elle soit valide ?
Je pense que c'est la question clé. Je pars d'une constatation. Quand il était encore cardinal, Ratzinger avait connaissance du troisième secret de Fatima. En 2000, il a totalement épousé l'interprétation du Pape Wojtyla, affirmant que tout avait été dit, mais il l'a ensuite courageusement démentie quand, en 2010, en tant que Pape, il a affirmé que le troisième secret était également devant nous et n'avait pas été pleinement réalisé. Toujours en tant que Cardinal, Ratzinger, dans un ample entretien avec Messori, sur le contenu du troisième secret, se réfère à deux textes bibliques (Dn 9 et Mt 24), où l'on trouve le thème de l'abomination de la désolation. Un renvoi que Sœur Lucie, interviewée sur le contenu du troisième secret, a aussi fait. Maintenant, quel est le lien entre cette référence au thème biblique de l'abomination et le troisième secret? Je crois que j'ai trouvé la réponse. Le Souverain Pontife est le principe visible de la Communio (comme saint Augustin appelait l'Eglise) et c'est autour de ce principe visible que se célèbre l'Eucharistie. L'UNA CUM n'est pas une mention quelconque (qui, par exemple, dans le Canon romain précède les paroles de la consécration), mais précisément une question décisive. Parce que c'est l'Église qui célèbre le mystère eucharistique. Aujourd'hui, nous sommes en présence de deux papes. Lequel d'entre eux est vraiment le pape, le principe visible de la communion ecclésiale? Parce qu'en revanche, l'union avec celui qui n'est pas le pape, introduit précisément le thème de l'abomination. Il est vrai qu'il y a eu des saisons où il y a même eu trois papes, mais chacun disait qu'il était le vrai, justement parce qu'il était logique que Pierre soit un. Ce que je soutiens, c'est que Bergoglio n'est pas seulement hérétique et apostat, mais qu'il n'est pas du tout pape, dès lors que l'élection a été pilotée, et donc passible d'excommunication. Alors, comment pourrions-nous penser que l'Esprit Saint, qui est le principe invisible de la Communio, agit en contradiction avec lui-même? La messe UNA CUM Bergoglio est invalide pour le simple fait qu'il n'est pas le principe visible, au-delà du fait qu'il est hérétique. Autrement dit, s'il avait été pape, même hérétique, UNA CUM aurait quand même eu un sens. Au contraire, il n'est pas le pape; par conséquent, toute action liturgique en union avec lui est l'expression de ce que Mgr Fulton Sheen appelait le «corps mystique de l'Antéchrist», plus précisément de l'Église 'mondaine' qu'il définit comme anti-église. Je cite intégralement la prophétie de Sheen, parce que je la trouve impressionnante pour le réalisme photographique qui dépeint le moment présent: «Le faux prophète aura une religion sans croix. Une religion sans monde à venir. Une religion pour détruire les religions. Il y aura une Église contrefaite. L'Église du Christ sera une. Et le faux prophète en créera un autre. La fausse Église sera mondaine, œcuménique et mondiale. Ce sera une fédération d'Églises. Et les religions formeront un certain type d'association mondiale. Un parlement mondial des Eglises. Il sera vidé de tout contenu divin et sera le corps mystique de l'Antéchrist. Le corps mystique sur terre aujourd'hui aura son Judas Iscariote et ce sera le faux prophète. Satan le prendra parmi nos évêques».
Vous voyez qu'après une longue discussion sur l'aporie (contradiction logique, ndt) du gouvernement de Bergoglio, j'ai posé la question sur l'aspect décisif, à savoir que Bergoglio est élu invalidement dans un conclave piloté, et donc tous les actes de son gouvernement, grâce à Dieu, sont nuls et sans effet.
Peut-il encore y avoir de la place pour l'action salvifique du Christ au-delà de celui qui est vraiment Pierre? Dans la personne physique de Benoît XVI, le statut de l'identité catholique demeure. Le munus s'identifie. Et il ne peut pas être partagé. Parce que Jésus a dit : Vous êtes Pierre, pas Pierres. Ainsi l'abomination est en cours. Et la mise en œuvre finale du troisième secret de Fatima, qui parle d'un petit reste catholique, en union avec Benoît XVI, dans lequel la présence du Seigneur demeure, est achevée, tandis que la fausse Église, majoritaire et sympa, dirigée par Bergoglio, placée au Vatican par un véritable coup d'état, en est complètement dépourvue.
Qu'ensuite des millions de fidèles restent privés de la présence eucharistique, puisque les messes sont en communion avec le faux pape, eh bien, c'est précisément cela qui provoque l'abomination de la désolation, aussi à cause d'un monde sacerdotal aplati, sans élan. Les prophéties de l'Écriture se réalisent, comme le disait Ratzinger, et bien que l'action de Dieu nous semble mystérieuse, peut-être même inacceptable, elle reste aussi salvifique. Il y a quelques jours, une fidèle dévote m'a dit: «Don Minutella, comment est-il possible que Dieu permette à des millions de fidèles du monde catholique de rester sans la présence réelle du Seigneur?» Je lui ai répondu: «Changez le sens de la question, c'est-à-dire: comment est-il possible que des millions de fidèles dans le monde s'obstinent à ne pas vouloir voir les signes des temps? Nous vivons l'Apocalypse».
Certes, si les papes, à partir de Jean XXIII, avaient obéi à la demande de la Sainte Vierge qui, par l'intermédiaire de Sœur Lucie, demandait que le troisième secret soit révélé, aujourd'hui les messes catholiques seraient toutes préparées au défi en cours. En réalité, les stratégies mises en place - comme, par exemple, celle initiale de Jean XXIII qui préférait l'optimisme inexplicable, qualifiant la pauvre Sœur Lucie de «prophète de malheur», ou comme quand le Cardinal Bertone s'obstinait à affirmer que le troisième secret était pleinement réalisé, sauf à se voir ensuite démenti de façon spectaculaire par Benoît XVI - ont eu l'effet contraire, car elles avaient pour motivation les préoccupations humaines, pas l'obéissance aux appels du ciel. Fatima est vraiment le centre d'interprétation de tout ce que nous vivons. Les papes avaient peur de scandaliser les masses catholiques, mais aujourd'hui que le troisième secret, à travers une fausse église, une fausse messe, un faux pape, se réalise, voilà que l'absence de notification produit ce que la Sainte Vierge voulait éviter, quand en 1960 elle demanda au pape de révéler le contenu du troisième secret. Partout règnent aujourd'hui la confusion, l'égarement, le doute, la division. Il semble parfois, comme l'a dit Paul VI, malheureusement lui aussi incapable d'affronter le mystère de Fatima, que l'Église catholique se liquéfie.
Certains considèrent qu'en passant de la critique du pontificat actuel à la désobéissance envers l'autorité visible de l'Église, vous avez effectivement quitté l'Église. Comment répondez-vous ?
La série d'arguments qui précède donne probablement un sens à cette autre question. J'obéis au pape régnant, qui a démissionné parce qu'il y était contraint, j'obéis au Magistère officiel, pas au Magistère parallèle, j'obéis à la saine doctrine catholique (exprimée en dogmes et en déclarations magistrales et catéchétiques), pas à la mise en scène bizarre d'un Magistère parallèle, prostitué aux modes du temps. Benoît XVI reste le Pontife romain, et c'est pour lui et pour la vérité catholique que je m'emploie.
Si l'on regarde plutôt la définition d'une secte religieuse (puisque les médias bergogliens m'accusent d'en avoir fondé une nouvelle), on peut lire qu'elle naît quand on se détache d'un héritage doctrinal officiel. A la lumière de cela, surtout avec Amoris laetitia, c'est nous qui restons catholiques, alors que cette fausse église de Bergoglio, bien que majoritaire et aux commandes, est sectaire et schismatique. Le concept d'«être dehors» n'est pas d'abord canonique et juridique, mais spirituel. Comme le dit Jean, et je pense à la fausse église néo-arienne, «Ils sont sortis de chez nous mais ils n’étaient pas des nôtres ; s’ils avaient été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous. Mais pas un d’entre eux n’est des nôtres, et cela devait être manifesté (1Jn 2:19)». Tout ce dont nous avons besoin, c'est de patience et de persévérance, que le Nouveau Testament résume en un seul mot décisif, l'hypomoné, en attendant que le Cœur Immaculé de Marie triomphe. Elle devrait aider la distinction que Benoît XVI, peu avant sa démission, faisait entre les croyants qui vivent l'hypomoné et ceux qui, au contraire, la perdent, selon ce que nous lisons dans He 10,39: «nous ne sommes pas, nous, de ceux qui abandonnent et vont à leur perte, mais de ceux qui ont la foi et sauvegardent leur âme.».
Don Minutella, que vous demandent les personnes qui continuent à vous suivre et à vous faire confiance?
En fait, je n'ai pas d'adeptes, et ce n'est pas de la rhétorique de ma part. Mais je reste malgré tout un pauvre prêtre de périphérie. Les gens qui me font confiance sont ceux qui veulent simplement rester catholiques, qui tournent le dos à la fausse église bergoglienne. Et qui, en exerçant le discernement et en prêtant attention à ce que le "sensorium Dei" perçoit, c'est-à-dire la voix intime (qui est toujours difficile à suivre, car la vérité est au prix de l'exposition), choisissent le bon parti, même quand, comme c'est souvent le cas, il est impopulaire.
Comment jugez-vous la situation actuelle de l'Église catholique en général et que voyez-vous pour l'avenir ? Quelles sont les plus grandes préoccupations et quelles sont les raisons d'espérer?
Von Balthasar, notant le déclin lent et inexorable du catholicisme post-conciliaire, parle de Cordula. Cordula, selon la légende, est une vierge qui, face aux barbares, tandis que les autres soeurs meurent martyres pour ne pas perdre leur virginité, se cache sous la neige. Mais à l'aube, émergeant à nouveau, elle décide d'aller elle-même à la rencontre des bourreaux, pour sceller sa foi dans le martyre. L'Église, disait von Balthasar, après le Concile est comme Cordula: sous prétexte de dialogue avec le monde, elle s'est cachée, elle a perdu de vue sa propre identité. Ce n'est que lorsque cette saison - que le Catéchisme appelle «l'épreuve finale» - passera que l'Église resplendira enfin de lumière. Comme l'a dit Benoît XVI, l'Église, chez les pères est représentée comme la lune, "mysterium lunae", car elle reflète la lumière du Christ. En ce moment, dans le firmament de l'histoire, nous assistons à une éclipse de lune, parce que la fausse Église, niant la divinité de Jésus, marche vers un panthéon commun de religions, mais bientôt, quand le Cœur immaculé de Marie triomphera, l'Église catholique brillera à nouveau, ce sera la pleine lune, et l'humanité continuera à regarder la place Saint-Pierre comme le centre radieux de la foi dans l'unique Sauveur des nations, Jésus Christ, «le même hier, aujourd'hui et pour l'éternité». (He 13,8).
En attendant, je continue, sachant que, là où je marche, les fidèles ne pourront voir que les traces de la Sainte Vierge....
fin
La reproduction, uniquement partielle, des articles de ce site doit mentionner le nom "Benoît et moi" et renvoyer à l'article d'origine par un lien.