Vincent: une voix française venue d'Italie
Alors que la mise à mort de Vincent Lambert se poursuit (désormais dans le silence gêné des médias - ou leur indifférence, puisqu'ils ont obtenu ce qu'ils voulaient) La Bussola a interviewé une religieuse, amie de Viviane Lambert, qui vit à Rome, et dont la mère a elle-même été victime de la loi Leonetti. Que fait le Pape??? (6/7/2019)
Bien qu'il se soit déjà exprimé en faveur de Vincent (voir dans ces pages Alfie, Vincent: le silence de l'Eglise , 15/4/2018) aujourd'hui, le silence du Pape (re)devient assourdissant, surtout si on le compare à son empressement à défendre la cause des migrants.
Vincent, appel au Pape : "Ne le laissez pas finir comme ma mère"
Valerio Pece
www.lanuovabq.it
6 juillet 2019
Ma traduction
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«Je pense que la mère de Vincent aimerait que le Pape François donne un nouveau message à son fils. Il l'a déjà fait dans le passé, mais cette fois le temps presse», dit Marie-Christine Jeannenot, missionnaire française et amie de Viviane Lambert, à la Bussola. «Une voix faisant autant autorité que celle du Saint-Père aiderait à faire la lumière sur une règle selon laquelle l'hydratation et la nutrition sont des traitements qui peuvent être retirés au patient. Alors qu'au contraire, ils sont un droit fondamental pour chacun d'entre nous», explique la soeur, qui parle de la grande foi de Viviane. Et qui confie qu'avec la loi Claeys-Leonetti «ils ont aussi ôté la vie à ma mère», sans qu'elle puisse rien faire pour l'empêcher.
«Viviane m'a dit que Vincent venait de recevoir de Vannes les reliques d'un thaumaturge très puissant, Saint Vincent Ferreri, un Dominicain né en Espagne au milieu du 14ème siècle. Tout cela s'est passé avec la permission pleine et convaincue de l'évêque [Mgr Centène]», raconte Marie-Christine Jeannenot, française résidant à Rome, Missionnaire de la Mère Pèlerine de Schoenstatt. Amie de Viviane Lambert, la mère de Vincent, Marie-Christine est depuis longtemps en communion d'esprit et en contact téléphonique constant avec elle. «Je me suis battue pour Charlie Gard et Alfie Evans, et puis ils ont aussi pris la vie de ma mère. Je me battrai toujours et je témoignerai pour la vie».
La Bussola l'a rencontrée.
- Comment votre amitié avec Viviane Lambert est-elle née?
Je l'ai rencontrée le 19 mai 2018 lors de la journée de la Marche pour la Vie, à Rome, et depuis, nous sommes restées en contact étroit. Du podium, Viviane a parlé de la situation de son fils Vincent, séquestré dans sa chambre. Elle a dit qu'il n'était absolument past dans un état végétatif, que ce terme n'était utilisé que pour discréditer la famille. Elle a dit que son fils interagissait - et le fait encore! - avec elle, son mari, son frère David et sa sœur Anna. Viviane m'a beaucoup touchée quand elle a crié que son fils Vincent ne deviendrait pas la bannière de l'euthanasie, mais celle de la vie.
- Quelles sont les dernières confidences de la mère de Vincent ?
Je l'ai entendue hier et elle m'a dit que le Dr Sanchez, le médecin qui soigne Vincent, ne veut écouter personne et qu'il continue imperturbablement le protocole de fin de vie. Viviane m'a également dit qu'ils porteraient cette affaire très douloureuse devant les tribunaux.
- Que dit-elle de son fils ?
Elle me dit que Vincent n'est certainement pas en fin de vie. Il bouge la tête et les yeux si on le lui demande, il déglutit [...]. Vincent est enfermé à clé dans sa chambre, il n'a jamais été soigné en kinésithérapie, il n'a jamais eu de fauteuil adapté à son état de handicapé, il n'a jamais été emmené en promenade, alors qu'en France il existe d'autres structures prêtes à l'accueillir. Voilà ce qu'elle me dit.
- Viviane Lambert a 74 ans et depuis dix ans - depuis l'accident de voiture de son fils - elle vit dans une situation d'angoisse. Comment peut-elle tenir le coup et être si lucide en même temps? Pensons à ses discours publics, ses lettres à Macron....
En plus de ses avocats, qui travaillaient jour et nuit, se battant comme des lions, Viviane a toujours compté sur sa foi, grande et vivante. Elle a un grand cœur de mère: elle se préoccupe de son fils Vincent, bien sûr, mais elle se bat aussi pour les 1700 handicapés français qui sont dans la même condition que son fils. Elle s'est battue pour eux tous et c'est d'eux qu'elle a puisé sa force.
- En tant que missionnaire, vous apportez souvent la Mère Pélerine au milieu des lits d'hôpital pour que les familles et les malades puissent trouver du réconfort. Viviane vous demande-t-elle des prières ?
Bien sûr, elle m'a toujours demandé de prier et de faire prier les gens. Pour Viviane, savoir qu'elle n'est pas seule, qu'il y a un réseau spirituel autour d'elle est un grand soulagement. Elle continue à demander des prières à l'Italie et remercie notre pays du fond du cœur.
- La mère de Vincent s'attend-elle à ce que le Pape François s'exprime à nouveau pour empêcher sa mort?
Bien sûr! Je pense qu'elle aimerait que le Pape François donne un nouveau message pour son fils. Il l'a déjà fait une fois, mais le temps presse. C'était le 15 avril 2018 et le Saint-Père a demandé des prières pour ces «personnes, comme Vincent Lambert, en France, le petit Alfie Evans, en Angleterre, et d'autres dans différents pays qui vivent dans un état de grave infirmité». Je me souviens très bien qu'à la fin de Regina Coeli, le Pape a prié pour «que chaque malade soit toujours respecté dans sa dignité et soigné d'une manière adaptée à sa condition. Avec un grand respect pour la vie».
- Selon vous, une mobilisation adéquate pour Vincent Lambert est-elle en place?
Je sais que les standards [téléphoniques] de Santa Marta sont surchargés par tous ceux qui appellent ou écrivent pour que le Saint-Père puisse dire une parole forte afin que l'exécution de Vincent s'arrête. C'est une mobilisation qui vient d'en bas, du simple bouche à oreille des gens. Certainement, le Pape François prie déjà pour lui, mais s'il veut dire à nouveau quelque chose en défense Vincent, j'espère qu'il le fera bientôt. Beaucoup de gens de bonne volonté, catholiques, groupes pro-vie attendent de notre Saint-Père des paroles fortes, tant pour Vincent que contre les lois mortifères de nos «démocraties».
- Pensez-vous que les paroles du Pape pourraient encore être utiles ?
Bien sûr! La loi "Claeys-Leonets" permet la sédation profonde du patient jusqu'à lui procurer la mort. Une voix faisant autorité aiderait de toute façon à faire la lumière sur une règle selon laquelle l'hydratation et la nutrition sont des traitements qui peuvent être retirés au patient. Mais ce ne sont pas des médicaments! C'est un droit fondamental pour chacun d'entre nous! Voyez-vous, la mort est l'étape la plus délicate dans le voyage de l'homme sur cette terre, les gens doivent être accompagnés avec respect et amour. Ces protocoles qui prennent la vie d'abord - et parfois longtemps, longtemps avant - sont barbares. Viviane me parle toujours d'un «système monstrueux».
- Beaucoup de catholiques, cependant, semblent tièdes, désintéressés.
Je voudrais également dire aux catholiques et aux personnes de bonne volonté que nous sommes nous aussi responsables et que nous ne pouvons pas nous dispenser d'informer les gens de ces dérives. Même en Italie, il devrait être clairement établi, du moins pour les catholiques, que les DAT ("Directives anticipées", cf. Vincent Lambert et les "directives anticipées" ) ne doivent en aucun cas être acceptées. Nous devons également lutter contre la proposition de loi sur l'euthanasie déjà au Parlement. Bref, Viviane et son fils Vincent nous enseignent que ce n'est pas le moment de la tiédeur.
- Vous aussi, vous avez dû faire face à la triste réalité de la loi "Claeys-Leonetti" à cause de la maladie de votre mère.
Malheureusement, oui. L'année dernière, peu après avoir rencontré Viviane, j'ai dû rentrer en France parce que ma mère avait un cancer. Ils ne m'ont jamais laissé rencontrer l'oncologue. Bien que j'aie essayé d'entrer en contact avec lui par tous les moyens, il m'a constamment évitée. Ils n'arrêtaient pas de me demander si j'étais la "personne de confiance". J'avais suivi l'histoire de Charlie Gard et celle de Alfie Evans mais malgré cela j'étais naïve et malheureusement je n'ai pas agi à temps contre le terrible plan...
- Lequel ?
Ma mère était parfaitement lucide, mais on m'a dit qu'elle était «confuse». Alors j'ai compris: si une personne n'est pas capable de comprendre et de vouloir, avec la loi "Claeys-Leonetti" ils sont autorisés à la faire partir. Ils ont attendu que je parte pour l'Italie pendant quelques jours et ils me l'ont enlevée. J'avais compris leurs intentions et je cherchais un nouvel hôpital pour y échapper. Malheureusement, ils ont été très rapides...
- Que peut-on encore faire pour Vincent Lambert ?
À ce stade, il est essentiel que les gens comprennent l'horreur. Avant tout, en écoutant les nombreux médecins français qui sont bouleversés par la décision de tuer l'ancien infirmier français. Interviewé par les médias français, le docteur Xavier Ducrocq, chef du service de neurologie au CHR de Metz-Thionville, continue de dire que Vincent «n'est absolument pas en fin de vie». Ajoutant que tuer Vincent Lambert signifie, en même temps, «confier aux soins palliatifs une mission diamétralement contraire à ses principes fondateurs; déshonorer une médecine qui ne supportepas ses échecs; et enterrer définitivement Hippocrate».
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