C’est l’affaire Peña Parra – ce Substitut à la Secrétairerie d’Etat qui a succédé à ce poste à Angelo Becciù en 2018 et dont l’ascension fulgurante suscite des interrogations d’autant plus légitimes qu’il traîne derrière lui une odeur de scandale et de corruption – soulevée courageusement hier par Mgr Vigano: il n’y a pas de travail de nettoyage en cours au Vatican, comme une certaine com’ voudrait le faire croire aux naïfs, « mais seulement une lutte interne entre gangs avec l’alternance de personnes également compromises et passibles de chantage ». Le commentaire de Riccardo Cascioli.

Edgar Peña Parra

Si la diplomatie du Vatican se nourrit de mensonges…

Riccardo Cascioli
La NBQ
4 novembre 2020
Ma traduction

Une nouvelle intervention de Mgr Carlo Maria Viganò remet en lumière la carrière extraordinaire de Mgr Edgar Peña Parra, numéro 2 de la Secrétairerie d’État, poursuivi par des accusations d’homosexualité, d’abus et de corruption. Mais l’affaire va bien au-delà du cas personnel…

Mgr Carlo Maria Viganò revient à la charge: avec une longue lettre publiée en italien sur le blog d’Aldo Maria Valli; l’ancien nonce apostolique aux États-Unis et grand accusateur du Pape dans l' »affaire McCarrick », tente de re-proposer le dossier sur le numéro 2 de la Secrétairerie d’État du Vatican, le vénézuélien Edgar Peña Parra, qui en 2018 a pris la place du cardinal Angelo Becciu, aujourd’hui tombé en disgrâce.

Nous avons dit qu’il revient à la charge parce qu’en fait les accusations de Viganò contre Peña Parra – pour homosexualité, abus sexuel et corruption – remontent à juin 2019, quand il a fait des déclarations détaillées dans une interview au Washington Post. Mais le journal a jugé bon de couper cette partie de l’interview en ne publiant pas ces révélations mais en promettant de le faire après une enquête plus approfondie. Ce qui n’a pas été le cas, alors le mois de juillet suivant, Mgr Viganò l’a fait de son propre chef en publiant un long article sur LifeSiteNews.

Bien que les accusations, très détaillées, soient extrêmement lourdes, elles furent largement ignorées par les grands journaux et surtout par le Saint-Siège. Aujourd’hui, presque un an et demi plus tard, Mgr Viganò les répète à nouveau, mais dans le but de démonter le récit officiel, créé par la communication du Vatican et volontiers soutenu par les grands journaux laïques, d’un pontife surhomme qui, seul, lutte contre le mal et la corruption de la Curie romaine. C’est la narration relancée à grand bruit après l’affaire Becciù pour justifier cette sentence sans procès et renverser l’image d’un pape tyran et volubile, plus Peron que bon pasteur.

Le témoignage de Viganò est intéressant aussi parce qu’il implique directement le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, et le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, coordinateur du groupe de cardinaux qui soutiennent le pape dans la réforme de la Curie romaine. Tous deux sont accusés d’avoir couvert et favorisé la montée de la Peña Parra et – en ce qui concerne Maradiaga – d’être directement complices de ses méfaits.

Mais le problème est là: « Ceux qui pensent que cette destitution [du cardinal Becciù, ndlr] servira à contrer la corruption de la Curie romaine – écrit Mgr Viganò – seront déconcertés d’apprendre que l’homme qui a pris la place de Becciu comme substitut et devait soigner les désastres de la mauvaise gestion et des manigances de Becciù est tout autant, voire même davantage susceptible d’être soumis au chantage que son prédécesseur. Ce chantage est la condition indispensable pour être manœuvrable par celui qui, tout en se présentant comme un réformateur de la curie et bourreau d’un cléricalisme non identifié, s’est en fait entouré de personnages corrompus et immoraux, leur accordant des promotions et enterrant les enquêtes qui les concernent ».

En d’autres termes, il n’y a pas de travail de nettoyage en cours mais seulement une lutte interne entre gangs avec l’alternance de personnes également compromises et susceptibles de chantage.

Le fait que, pour expliquer les raisons morales de l’expulsion de Becciù et dicter la ligne de conduite sur le travail anti-corruption du Pape, le Saint-Siège ait envoyé en premier le Cardinal Maradiaga – avec des interviews à la Repubblica et à la Stampa – alors qu’il est la personne qui fait le plus jaser parmi les amis du Pape François – a fait une certaine impression: ici aussi, corruption et couverture des abus sexuels dans son diocèse.

Mais la position qui laisse certainement le plus perplexe est celle du secrétaire d’État, le cardinal Parolin. Si l’écrit de Mgr Viganò le cloue à ses responsabilités pour la carrière extraordinaire d’une figure controversée comme Peña Parra, on ne peut oublier son rôle dans des événements très actuels : l’accord avec la Chine et la lettre aux nonciatures avec l’explication des propos du Pape sur les unions homosexuelles. En ce qui concerne la Chine, il suffit de se souvenir des paroles de l’évêque émérite de Hong Kong, le cardinal Joseph Zen, qui a montré au monde les mensonges du cardinal Parolin sur la situation chinoise pour justifier un accord étouffant. Et en ce qui concerne les unions homosexuelles, nous avons déjà commenté combien la pièce était pire que le trou ; mais surtout, il y a un mensonge qui dérange, celui selon lequel l’approbation de la reconnaissance légale des unions homosexuelles n’affecterait pas la doctrine.

Chez les simples fidèles catholiques, l’utilisation systématique de mensonges et de subterfuges pour justifier les choix « politiques » et populaires ne peut que créer de l’embarras. Dans tous ces événements, on va bien au-delà de l’utilisation compréhensible du langage et des actions diplomatiques. Mais une chose embarrassante en soi devient dramatique quand on considère que le contenu de la foi est en jeu (voir les unions gays) et la signification du témoignage du martyr (voir la Chine)

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