Notre vieille connaissance Berlicche (avatar italien du fameux Screwstape, le maître-démon inventé par CS Lewis ) est de retour, et c’est un ami d’AM Valli qui lui prête sa plume. Ici, il ne s’adresse même pas à son neveu, l’apprenti démon, mais directement au Pape, qu’il appelle familièrement Jorge. Pour apprécier la lettre qui suit, il faut lire (j’allais écrire « se farcir », mais ce n’est pas respectueux…) la classique mini-« homélie » prononcée – devant une Place Saint-Pierre déserte -, lors de l’Angélus de dimanche dernier – premier Dimanche de Carême. Le Pape commentait l’évangile des tentations de Jésus dans le désert…

Les mots du Pape (dimanche 21 février)

Chaque année, au début du Carême, cet Evangile des tentations de Jésus au désert nous rappelle que la vie du chrétien, sur les traces du Seigneur, est un combat contre l’esprit du mal. Il nous montre que Jésus a volontairement affronté le Tentateur et qu’il l’a vaincu; et en même temps il nous rappelle qu’il est accordé au diable la possibilité d’agir aussi sur nous par les tentations.

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Nous devons être conscient de la présence de cet ennemi rusé, intéressé par notre condamnation éternelle, par notre échec, et nous préparer à nous défendre contre lui et à le combattre. La grâce de Dieu nous assure, par la foi, la prière et la pénitence, la victoire sur l’ennemi.

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Mais je voudrais souligner une chose: dans les tentations, Jésus ne dialogue jamais avec le diable, jamais. Pendant sa vie, Jésus n’a jamais eu de dialogue avec le diable, jamais. Ou il le chasse des possédés, ou il le condamne et ou il révèle sa malice, mais jamais un dialogue. Et au désert il semble qu’il y ait un dialogue parce que le diable lui fait trois propositions et Jésus répond. Mais Jésus ne répond pas par ses propres paroles. Il répond par la Parole de Dieu, par trois passages de l’Ecriture.
Et cela pour nous tous. Quand le séducteur s’approche, commence à nous séduire: « Mais pense ceci, fais cela… », la tentation c’est de dialoguer avec lui, comme Eve l’a fait. Eve a dit: « Mais on ne peut pas parce que nous… », et elle est entrée en dialogue. Et si nous entrons en dialogue avec le diable, nous allons être vaincus. Mettez-vous cela dans la tête et dans le cœur: avec le diable, on ne dialogue jamais, il n’y a pas de dialogue possible. Uniquement la Parole de Dieu.

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Pendant le temps du Carême, l’Esprit Saint nous pousse nous aussi, comme Jésus, à entrer au désert. Ce ne s’agit pas – nous l’avons vu – d’un lieu physique, mais d’une dimension existentielle dans laquelle faire silence, nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, « afin que s’accomplisse en nous la vraie conversion »
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Traduction Zenit

Lettre de Berlicche/ Cher Jorge, continue ainsi, tu nous donnes beaucoup de satisfaction

Cher Jorge,

Je dois vraiment te féliciter pour l’Angélus du dimanche 21 février 2021. Même moi, je ne serais pas arrivé à être aussi subtil. En fait, j’étais un peu inquiet du double torpillage que tu as ordonné – avec l’excuse de l’âge de la retraite – contre les deux vieux cardinaux Sarah et Comastri. Beaucoup ont gobé la limite d’âge, oubliant le nombre de cardinaux qui ont poursuivi leur carrière bien au-delà de soixante-quinze ans. Bien sûr, nous avons fait avaler à ces deux personnes beaucoup de pilules amères, et elles ont finalement été expulsées: excellent, mais peut-être que l’affaire aurait pu être menée avec plus de délicatesse.
Tu as été extraordinaire en citant – juste pour le premier dimanche de carême – l’épisode où, dans le désert, Celui-Là m’a répondu par monosyllabes et en citant ce méchant livre.

De cette façon, tout le monde pensera que ces mêmes théologiens et intellectuels qui te gardent dans leur ligne de mire et t’attaquent sont mon émanation directe, et que ce sont justement eux les séducteurs.

« Que cela serve de leçon à tous – je rappelle tes propos rusés – quand le séducteur s’approche et commence à séduire « pense ceci, fais cela », la tentation est d’entrer en dialogue avec lui, comme Eve l’a fait… Si nous entrons en dialogue, nous serons vaincus. Mettez cela dans votre tête et dans votre cœur : vous ne pourrez jamais dialoguer avec le diable. Il n’y a pas de dialogue possible, seulement la parole de Dieu ».

Fantastique : un coup de maître. A présent, je m’attends à ce que tu évoques la malveillance typique de ceux qui défient l’autorité du pape, ou quelque chose de ce genre. C’est comme si ta contribution était encore un peu incomplète, mais je comprends qu’il y a des délais psychologiques à respecter.

Excellente, la référence au silence, isolé et à l’écoute de la seule Parole (la nôtre), comme le veulent les luthériens. Tu as réussi à faire en sorte que tous les croyants se gardent d’écouter les voix critiques envers toi. Un chef-d’œuvre.

Tu as également été très rusé en ne mentionnant jamais l’homme comme responsable du péché, mais en ne parlant que de sa fragilité et de son échec.

J’ai noté combien tu es habile à répéter les mêmes concepts jusqu’à l’épuisement, avec une grande adhésion émotionnelle. Tu connais bien les techniques de lavage de cerveau, comme le font nos amis communs arpenteurs [/maçons? ndt], mais n’exagère pas, parfois trop c’est trop et cela peut se révéler suspect.

Bien sûr, cette allusion du début à la « condamnation éternelle » ne nous a pas trop plu, tu sais que nous tenons à travailler incognito, mais nous comprenons que, une seule fois, il fallait faire croire au public que tu es de la vieille école. On aurait presque dit un traditionaliste, nous avons ri comme des fous. Asmodée a même paraphrasé la réplique de ce film italien: « Jorge, de temps en temps, dis quelque chose de catholique! ». Rires….

Évidemment : il aurait été trop difficile pour le mouton d’accepter en quelques jours l’adhésion forcée à mon Concile, et le slogan blasphématoire: « Dieu contaminé et le Christ pécheur ».

A propos: splendide, ton instrumentalisation du décapité de Tarse [Saint Paul. Allusion à l’Angélus du 14 février] (1). Très peu ont saisi la nuance sur le fait que l’Apôtre ne cite le Christ-péché que dans la mesure où il a terminé comme un grand pécheur (sans en être un, malheureusement) pour s’accabler des péchés des hommes.

Mais pour la multitude ignorante, le Fils est devenu pécheur comme tous les autres. But !

Tu sais quoi ? Tu m’emballes quand tu parviens à utiliser les principes de Ceux d’en haut pour nous sponsoriser, nous, en bas et nos objectifs. Comme quand tu insistes pour conseiller aux fidèles de « se méfier du péché de médisance », juste pour endiguer la médisance contre Toi! Aujourd’hui, tu as fait la même chose, mais d’une manière plus subtile et plus raffinée.

Que puis-je dire : tu nous donnes tant de satisfaction et nous sommes tous vibrants d’émotion quand nous parlons de Toi.

N’oublie pas de poursuivre l’agenda mondialiste, nous attendons de grandes choses juste pour Pâques, mais fais attention à ne pas en faire trop : les autres, assistés par la Haute Dame, ont les antennes dressées.

Je t’embrasse fort

Ton affectionné
Berlicche

NDT (1)

Jésus nous annonce que Dieu n’est pas une idée ou une doctrine abstraite, mais Dieu est Celui qui se «contamine» avec notre humanité blessée et qui n’a pas peur d’entrer en  contact avec  nos plaies. «Mais, père, que dites-vous? Que Dieu se contamine?». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est saint Paul: il s’est fait péché (cf. 2 Co 5, 21). Lui qui n’est pas pécheur, qui ne peut pas pécher, s’est fait péché. Regardez comment Dieu s’est contaminé pour s’approcher de nous, pour avoir compassion et pour faire comprendre sa tendresse. Proximité, compassion et tendresse.

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http://www.vatican.va/content/francesco/fr/angelus/2021/documents/papa-francesco_angelus_20210214.html
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