Sur le site argentin The Wanderer, Jack Tollers, lui-même argentin, et exégète impitoyable – mais lucide – de la pensée bergoglienne (cf. benoit-et-moi.fr/2015…/qui-est-le-pape-bergoglio) n’y va pas par quatre chemins, et écrit même carrément que François est mort (métaphoriquement, pour le moment) et qu’il suffit d’attendre que la faucheuse achève son travail: une preuve, selon lui, c’est que la dernière interview-fleuve du Pape, cette fois à un média argentin, justement, n’a eu aucun écho dans la « grande » presse internationale, même dans son pays, pas plus que la dernière lettre apostolique DESIDERIUM DESIDERAVI (YD la définit comme « un nouveau document de combat contre la liturgie traditionnelle ») .
Voir aussi sur ce sujet:
- Le Pape a-t-il toute sa tête?
- François et l’arrêt de la Cour Suprême US: pour la vie, mais pas trop
- Faut-il obéir à François?
La mort du Pape François
caminante-wanderer.blogspot.com/2022/07/la-muerte-del-papa-francisco
Après avoir lu rapidement la lettre apostolique Desiderium desideravi du pape François, je me suis demandé si cela valait la peine de consacrer du temps et de l’énergie à la lire attentivement et à écrire quelque chose à son sujet. Et j’ai décidé de ne pas le faire. La lettre, en termes généraux, n’est pas mauvaise dans la mesure où elle dit ce que l’Église a toujours dit sur la liturgie, et quelques paragraphes ici et là ne sont rien de plus que les mêmes incohérences et superficialités que nous connaissons déjà. D’ailleurs, d’autres – très peu – ont déjà fait l’analyse pour moi…
Cependant, la publication de la Lettre et son impact très limité ont ajouté un autre élément qui démontre une réalité déjà évidente pour tous : le pape François est mort et il ne reste plus qu’à attendre que la faucheuse termine son travail. (…)
Un autre fait conforte mon hypothèse d’un pontife mort. Vendredi dernier, une longue interview du Souverain Pontife par l’agence de presse officielle argentine Telam a été publiée [traduction en italien chez AMV]. L’interview n’a pas eu la moindre répercussion dans les médias internationaux ni même dans les médias nationaux. Pour autant que je sache, seuls deux médias argentins de quelque importance lui ont accordé un espace totalement marginal : Infobae et Página 12. Les journaux les plus renommés, tels que La Nación et Clarín, n’ont pas remarqué l’article. Reste à savoir si le motif est l’insignifiance totale de Bergoglio – ou sa mort de facto – ou la simple piété, puisqu’il est pieux de couvrir la honte des ivrognes ou des personnes âgées. Ses déclarations sur les Nations unies, ses phrases clairvoyantes telles que « Parce que si nous ne changeons pas d’attitude vis-à-vis de l’environnement, nous allons tous au fond du puits », ou « Il est important d’aider les jeunes dans cet engagement sociopolitique et, aussi, de ne pas leur vendre une boîte aux lettres », indiquent que Bergoglio est vieux, qu’il est un vieillard et, pire encore, qu’il insiste pour rendre public son jugement faible et terminal.
Ses élucubrations montrent, comme ses obsessions et ses colères, qu’elles changent au gré des saisons et sont toujours incohérentes. Si, à un moment donné, il s’agissait de prêtres bourgeois et d’évêques itinérants, ou de religieuses célibataires et de fidèles pélagiens, aujourd’hui, il est obsédé par les restaurateurs et l’indietrismo [en italien indietro signifie « en arrière », ndt]. Le jour de la Saint Pierre et Paul, il a imposé le pallium aux nouveaux archevêques et son discours est hilarant pour les bêtises qu’il prononce sans cesse. Il met en garde contre les dangers de l’indietrismo, recourant à un néologisme italien [en français: « arriéristes » ou passéistes?]: l’Église ne doit pas regarder en arrière avec nostalgie pour des temps passés qui auraient été meilleurs et plus lumineux. Mais cela soulève plusieurs difficultés au sein de son propre discours, et sans avoir à recourir aux discours d’auteurs restaurationnistes.
Tout d’abord, quel est le point à partir duquel l’Église pourrait être considérée ? D’après ses dernières déclarations, il semble que ce soit le Concile Vatican II. Nous ne pouvons regarder l’Église qu’à partir de ce grand moment et ne pas regarder vers les temps antérieurs, ce qui fait que François souscrit à la thèse de l’école dite de Bologne : Vatican II signifie une rupture dans l’Église et une refondation de l’Église. Et, par conséquent, il se place aux antipodes de Jean-Paul II et de Benoît XVI. D’autre part, comment justifie-t-il ce moment ? Pourquoi ne pouvons-nous pas regarder en arrière avec nostalgie et un désir de restauration ? Quelles raisons théologiques, autres que le désir du pape romain, qui est infaillible, justifient une telle décision ? Ce sont des questions auxquelles il n’a jamais répondu et auxquelles il ne répondra jamais, car il ne le peut pas.
Deuxièmement, le pape affirme que l’indietrismo est très en vogue dans l’Église aujourd’hui. C’est-à-dire qu’il y a un grand nombre de catholiques, clergé et fidèles, qui regardent avec nostalgie le passé et cherchent même des restaurations interdites. Mais ne vient-il pas de dire dans le même discours, et avec beaucoup d’insistance, qu’il y a de la place pour tout le monde dans l’Église ? Ou bien le pape hurle-t-il pour que les adultères et les LGBT aient leur place dans l’Église, mais les indietristes les en empêchent? Comment expliquer que le pape de la synodalité, qui exige de « tendre l’oreille au peuple », qui est la source de la révélation et de la manifestation divine, s’obstine à ne pas écouter et, plus encore, à persécuter une bonne partie de ce peuple – il admet lui-même qu’il est nombreux – pour le simple fait de regarder en arrière dans l’histoire de l’Église ? Un non-sens et une incohérence que personne ne peut plus nier.
Force est de constater que l’étonnante médiocrité que nous observons chez le Pontife romain ne lui est pas propre. Les dirigeants qui tiennent les rênes des affaires mondiales aujourd’hui sont stupéfiants de stupidité. Lors du sommet des pays de l’OTAN qui s’est tenu la semaine dernière à Madrid, les participants pouvaient choisir une « salade russe » en entrée, selon le menu. En raison des commentaires et des plaintes, les traiteurs ont dû réimprimer les menus et la renommer « salade traditionnelle ». Au grand soulagement des organisateurs, le pape François n’a pas été invité au sommet.
Jack Tollers
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