Dans le prolongement de la chronique d’Andrea Gagliarducci publiée hier (cf. La synodalité confisquée] voici les précisions de Giuseppe Nardi. Les sources sont très fiables, bien qu’elles proviennent d’un site dit « poubelle », étonnamment très fréquenté (mais discrètement) par les vaticanistes … et les ecclésiastiques.

Les cardinaux ne pourront-ils pas poser de questions lors du prochain consistoire ?

Giuseppe Nardi
katholisches.info/2022/08/22/duerfen-kardinaele-beim-kommenden-konsistorium-keine-fragen-stellen/

Un consistoire ordinaire des cardinaux a été convoqué par le pape François pour le lundi 29 août. Lundi et mardi, les cardinaux se réuniront à Rome pour « réfléchir » à la nouvelle constitution apostolique Praedicate Evangelium. C’est le mot utilisé par François le 29 mai, lorsqu’il a annoncé la convocation du consistoire à la fin du Regina Cæli. La convocation comprend plusieurs parties. Dans la première, le consistoire extraordinaire, François créera samedi prochain de nouveaux cardinaux, avec le prochain conclave en ligne de mire.

Ce qui est sûr, c’est que la réflexion à laquelle les cardinaux devront se livrer ne sera pas un échange libre et ouvert, clair et honnête, avec parrhesia [liberté de parole], comme François aime à le dire, mais au contraire : aucun des cardinaux ne pourra intervenir ou même poser des questions.

Ce « détail » a été révélé hier par le site voyeuriste et sulfureux [un site de ragots que tout le monde lit pour s’informer, mais sans jamais le citer, nous en avons déjà parler] qui dispose toutefois de contacts étonnamment bons dans le milieu ecclésiastique. Il a également rapporté que les cardinaux avaient reçu le « rapport introductif détaillé de Mgr Marco Mellino, secrétaire du Conseil des cardinaux [ex C9-Conseil des cardinaux], sur la Curie romaine à la lumière de la constitution apostolique Praedicate Evangelium, avec une présentation générale, les nouveautés, les temps et les méthodes d’application ». Il avait déjà été question de ce rapport dans une dépêche de l’agence de presse italienne ANSA du 9 mai, qui avait pour objet une rencontre de François avec les chefs de dicastères à la Curie romaine, qui avait eu lieu ce jour-là.

Dagospia a publié le document dans son intégralité, c’est-à-dire le rapport lu par Mellino aux chefs de dicastère lors de cette rencontre « au milieu des rires et des commentaires peu flatteurs », et qui a ensuite été envoyé aux cardinaux du monde entier qui se réuniront dans quelques jours au Vatican. Mgr Mellino les y a préparés, les a prévenus qu’aucune intervention ou question des cardinaux n’était prévue.

Ceux qui pensaient – et cela vaut bien sûr en premier lieu pour les cardinaux directement concernés – que le consistoire serait l’occasion de demander à François des éclaircissements sur la réforme de la Curie, entrée en vigueur le 5 juin, ou même de faire des remarques à son sujet, doivent mettre ces attentes de côté. Le collège des cardinaux est pourtant le sénat de l’Eglise et doit conseiller le pape. Mais il s’agit apparemment d’attentes « trop élevées » envers le pontife actuellement au pouvoir, qui dit « réfléchir » mais veut dire se taire.

Selon Dagospia, le texte a déjà suscité les critiques de certains membres du collège des cardinaux, qui le considèrent comme un « pot-pourri de réflexions » singulier de Paul VI, Jean-Paul II et François. L’absence de mention de Benoît XVI n’est pas un hasard.

Entre le consistoire extraordinaire de samedi et le consistoire ordinaire qui débutera lundi, le pape François effectuera dimanche une visite pastorale à L’Aquila, l’ancienne cité impériale de Frédéric II de Hohenstaufen, presque rasée par un violent tremblement de terre en 2009. Il est également prévu qu’il se rende sur la tombe de Célestin V, le seul pape de l’histoire de l’Église à avoir démissionné volontairement avant 2013.

En 1294, Célestin, qui vivait jusqu’alors en ermite dans les montagnes, a abdiqué après seulement quelques mois. Ce n’est qu’à cette condition qu’il avait accepté son élection, après que les cardinaux aient été incapables d’élire un nouveau pape pendant deux ans, depuis la mort de son prédécesseur. Les deux grands partis qui divisaient l’Italie, Guelfes et Ghibellins, s’équilibraient à parts égales au sein du Sénat de l’Eglise. L’un était proche des Guelfes et était considéré comme le « parti papal », l’autre était proche des Waibling, qui désignaient les Hohenstaufen, c’est-à-dire le « parti impérial ». Toutefois, Célestin, redevenu Pietro da Morrone, ne fut pas autorisé à retourner à sa vie d’ermite, mais fut maintenu en détention honorable par son successeur – avec les honneurs, mais en détention.

Le pape Benoît XVI s’est rendu sur la tombe de Célestin en 2009. La visite de François sur la tombe a suscité des spéculations et conduit à une « lecture erronée », comme l’affirment inlassablement les vaticanistes bergogliens, selon laquelle François aurait lui aussi l’intention de se retirer et d’annoncer son abdication lors du prochain consistoire.

Reste à savoir combien des 206 cardinaux de l’Eglise seront présents à Rome dans les prochains jours pour faire de la simple figuration, maintenant qu’ils savent quel rôle leur est dévolu. En outre, ni l’OMS ni le Vatican, où des mesures anti-covid particulièrement radicales et disproportionnées ont été prises, n’ont officiellement déclaré la fin de la « pandémie », ce qui donne un prétexte inoffensif pour ne même pas faire le voyage à Rome.

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