Au moment où j’achevais la rédaction de mon article d’hier, je suis tombée sur cette mise au point de Luis Badilla (qu’on ne présente plus) sur Il Sismografo. Il semble que j’avais tapé dans le mille. Un bergoglien « historique » (à qui il arrive d’être critique, mais c’est pour le bien de son maître, parce que les choses ne vont pas assez vite) monte au créneau…

La note du jour : L’insomnie de Benoît XVI et les théoriciens du complot

Il Sismografo
28 janvier 2023

La nouvelle circule depuis des heures, avec insistance, sur Internet et au-delà: Joseph Ratzinger dans une lettre à son biographe, l’écrivain allemand Peter Seewald, confesse – quelques semaines avant sa mort – que l’une des raisons fondamentales de sa renonciation à la papauté était l’insomnie qui l’a accompagné et tourmenté à partir de 2005. Bref, le magazine allemand Focus confirme ainsi les lourds troubles du sommeil qui ont rendu de plus en plus difficile pour Joseph Ratzinger l’exercice de son ministère pétrinien et qui l’ont poussé à précipiter la décision annoncée, après de douloureuses et longues réflexions et beaucoup de prières, il y a 10 ans, le 11 février 2013.

Ceux, et ils ne sont pas peu nombreux, qui pendant des années ont écrit des articles et des livres, qui ont donné des interviews et participé à des débats interminables, qui ont alimenté – y compris avec des mensonges – des montagnes de controverses, pour dire que derrière la renonciation de Benoît XVI il y avait une conspiration, qu’il y avait des raisons obscures et mystérieuses, ou que – même ! – Le pape Ratzinger avait été victime d’un chantage, où en sont-ils aujourd’hui ? Où ?

N’ont-ils rien à dire ? Ont-ils effacé ce qu’ils disaient jusqu’à il y a quelques années et pourquoi ?

Tirer les conclusions nécessaires de cette affaire pourrait être très efficace et utile pour améliorer l’information religieuse, notamment sur le Pape, le Vatican, le Siège Apostolique.

Le journalisme qui traite de cette partie de l’information ne traverse pas une période faste, bien au contraire. Certaines de ses difficultés proviennent précisément d’affirmations non fondées, toujours attribuées à des sources autorisées haut placées dans la Curie, mais qui se révèlent ensuite être ce qu’elles sont : des bobards. Avec les bobards, on ne fait pas de l’information. Les bobards sont toujours un outil de la propagande et du jeu des « cordate » [/factions, alliances].

Luis Badilla


A la première lecture, rien à redire. Et même la conclusion peut être partagée.

Sauf que:

  • Badilla fait volontairement la confusion sémantique que nous connaissons désormais bien entre bobards – et Dieu sait qu’Internet fourmille de bobards, raison pour laquelle il faut être très vigilants sur la provenance des informations qu’on diffuse, même et surtout quand elles nous « plaisent » – et recherche légitime, en toute bonne foi, de la vérité, donc opinions alternatives. En ce sens, dire que la renonciation de Benoît XVI comporte des zones d’ombre, voire qu’elle cache de vrais secrets, qu’il a emportés avec lui, et certainement pas confiés à un Seewald, n’est pas un bobard (j’imagine que c’est particulièrement Andrea Cionci qui est visé, mais il n’y a pas que lui) mais le simple exercice de la raison. Sinon, toute « vérité » assénée par quiconque prétend en être l’unique détenteur devient tabou et intouchable (c’est déjà un peu le cas)
  • Et à propos de bobards, comment se fait-il que tous ces vertueux défenseurs et preux paladins de la Vérité n’aient pas pipé mot quand, depuis au moins 2005, c’est Benoît XVI qui en était la victime? Les exemples sont innombrables, le premier qui vient à l’esprit est son « passé nazi » et le honteux (et grossier) montage photo qui le représentait faisant le salut nazi.

Peut-être que quand Jésus a comparu devant le Sanhedrin, certains ont pensé que son affirmation qu’il était le Fils de Dieu était un … bobard (quel que soit le nom qu’on lui donnait alors).

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