Terrible constat du site argentin The Wanderer, qui a été sur place prendre en quelque sorte le pouls de Rome, parmi les clercs et les fidèles, et qui en revient avec la conviction (et même la preuve) que François n’est pas aimé (pour rester dans la litote) et qu’il n’y aura personne pour le pleurer. Et le plus grave, c’est que cette désaffection du Pape n’est pas seulement le fait des « conservateurs » (cela, au fond, serait normal) mais aussi et surtout des libéraux/progressistes, qui ont d’autres raisons de lui en vouloir.
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Il est intéressant de mettre en perspective avec ce que disait John Allen dans l’article que j’ai traduit hier, dans la plus plus pure langue de bois pro-bergoglio-politiquement correcte:

Au fil du temps, cependant, chaque pape doit tenir compte du fait qu’il existe des poches importantes d’évêques qui ne partagent pas vraiment son programme. Jean-Paul II avait son cardinal Carlo Maria Martini, tout comme le pape François a son cardinal Gerhard Müller – et dans les deux cas, Martini et Müller ne parlaient pas seulement pour eux-mêmes.

Tristesse romaine

The Wanderer (caminante-wanderer.blogspot.com/)
27 février 2023

C’est une chose de dire, et une autre de le voir. Cette vérité m’a attristé ces derniers jours. Certains amis romains me racontent souvent des histoires plus ou moins infidèles, sur ce qui se passe dans les murs du Vatican, et Specola nous apporte aussi quotidiennement ce genre de nouvelles, et il en sait beaucoup.

Mais une autre chose est de vérifier personnellement les faits et de confirmer la conclusion que nous connaissons tous : le pape François n’est aimé par personne ; ni par les évêques, ni par les prêtres, ni par les fidèles, où qu’ils soient. Et au-delà du fait que nous n’aimons pas particulièrement le Pontife Romain, il est très triste de constater le profond rejet de sa figure. Que nous le voulions ou non, il est le Vicaire du Christ.

Ces dernières semaines, j’ai pu m’entretenir avec des prêtres de tous horizons. Il n’est pas nécessaire de déverser ici les opinions des conservateurs et des traditionalistes. Tout le monde les connaît. Ce qui m’a frappé, c’est que les prêtres les plus progressistes, qui sont généralement aussi les plus âgés, ont la même aversion pour Bergoglio que leurs collègues plus jeunes.

Ce n’est plus une question de doctrine, opposant les traditionalistes aux progressistes, mais quelque chose de plus fondamental, lié à l’humain et à l’institutionnel. Ils ne comprennent pas, par exemple, l’agressivité permanente du Pape à leur égard ; ils se disent de part et d’autre étonnés que chaque fois qu’il parle des prêtres, ce soit toujours en termes fortement négatifs : ils sont carriéristes, cupides, grincheux, prosélytes, criminels, regardent la pornographie, ont des problèmes psychiatriques, etc… Jamais un mot d’encouragement. Jamais de proximité. C’est comme si l’ennemi parlait, et non le père qui devrait les confirmer dans la foi.

Quelqu’un de plus méchant et de plus tranchant m’a fait remarquer qu’il s’agissait d’un cas typique de projection : Bergoglio projette sur les prêtres – et il en est lui-même un – les caractéristiques qu’il sait inconsciemment posséder et détester. En d’autres termes, il rejette les autres parce que c’est lui-même qui se reflète en eux.

Dans la Curie vaticane, ils vivent dans la terreur. « Il cretino gloriosamente regnante », est une expression que l’on entend avec une certaine fréquence dans les murs sacrés. Mais le mot le plus répété est « terreur« . C’est le régime que le pape argentin y a installé. Personne ne sait combien de temps il restera en fonction et, pire encore, personne ne sait qui espionne qui, car c’est une autre des méthodes de Bergoglio : espionner, pour savoir ce que pensent et disent chacun des prêtres et des religieux qui se promènent dans le Palais sacré. C’est la même méthode qu’il appliquait en Argentine lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires et qu’il gardait des espions dans tous les diocèses et congrégations religieuses. Mais à Rome, en outre, il fait une confiance absolue à ce que lui disent ses procureurs, et il y a donc plusieurs curiaux qui ont reçu le message : « Le Saint-Père veut teparler », et une demi-heure plus tard ils étaient à la rue.

Une autre chose qui rend tout le monde perplexe et furieux, c’est ce qu’il fait avec le collège des cardinaux et le collège des évêques. Et j’insiste, ces commentaires ne viennent pas des secteurs conservateurs, bien au contraire. C’est une question d’institutionnalité. Il n’est pas possible, m’ont dit certains prêtres italiens, que les sièges les plus anciens et les plus prestigieux de ce pays, comme Milan, Naples, Venise, Palerme ou Turin, n’aient pas de cardinaux, alors que les nouveaux sièges insignifiants en ont. Cela exaspère non seulement les titulaires de ces sièges, qui se retrouvent sans barrette, mais aussi les fidèles, qui se sentent blessés, ce qui est compréhensible, face à un pontife qui leur refuse un privilège qu’ils ont eu pendant des siècles.

Ce que nous voyons en Argentine avec les nominations épiscopales se produit dans le monde entier. Dans notre pays, François a nommé une nuée d’évêques choisis parmi les prêtres les moins formés et les moins qualifiés pour le ministère épiscopal, et au fil des ans, on verra les conséquences de telles décisions. Et il en va de même dans une grande partie du monde. Des personnes qui le connaissent très bien depuis de nombreuses années m’ont dit que Mgr Robert Prévost, qui a été nommé il y a quelques semaines préfet du dicastère des évêques, l’un des postes les plus importants et les plus puissants de l’Église, n’est rien. Ce n’est pas qu’il soit progressiste ou conservateur, il est insignifiant, juste un parmi d’autres, limité, court. Et c’est ce bon monsieur qui sera chargé de nommer les évêques du monde entier…..

Enfin, un groupe de prêtres américains, modérés et en aucun cas traditionalistes, m’ont fait part de l’énorme malaise causé en Californie par la nomination cardinalice de l’évêque de San Diego, un petit diocèse suffragant, alors que l’archevêque de Los Angeles, sa métropole, ne l’est pas. Et le problème n’est pas seulement de savoir qui porte la pourpre ; le problème est que le cardinal Robert McElroy est extrêmement progressiste, trop progressiste même pour son propre peuple.

Au final, le pape François ne sera pleuré par personne, les seuls qui feront la tête seront ses copains, ceux qui perdront leurs postes et leurs fonctions avec sa mort.

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