Il n’est pas facile de faire une synthèse de la théorie d’Andrea Cionci (sujet largement traité dans ces pages) du « pape empêché » et d’un mystérieux code qu’aurait inventé Benoît XVI pour faire comprendre au monde la situation dans laquelle il se serait trouvé à partir du 11 février 2013 (ou plus précisément du 1er mars suivant, date à laquelle il s’est effectivement trouvé « in sede impedita »). J’ai essayé plusieurs fois de le faire, et j’avoue que mon « travail » m’a laissée insatisfaite.

C’est évidemment beaucoup plus clair quand c’est l’auteur lui-même du livre-enquête (Il Codice Ratzinger) qui s’en charge, par ailleurs à travers une vidéo attrayante, assez courte pour ne pas être ennuyeuse, bien illustrée (les photos choisies sont belles), très claire et parfaitement rédigée en français. Une amie allemande m’avait envoyé le lien il y a une dizaine de jours, et je n’en avais pas parlé.
J’aurais peut-être dû (et Yves Daoudal me l’a remis en mémoire).

Le nœud de l’énigme – outre le complot ourdi par les ennemis de « la mafia de Saint-Gall », qui n’a rien d’imaginaire -, c’est-à-dire la distinction entre munus et ministerium (ÊTRE Pape vs FAIRE le Pape), effective en latin mais qui n’existe pas dans les langues vernaculaires (raison pour laquelle Benoît XVI aurait choisi de faire sa declaratio en latin) est très bien expliquée, et correspond à ce qu’on a pu observer par la suite dans le comportement du Pape (émérite ou empêché).

Maintenant, comme l’a dit Georg Gänswein « ou vous croyez, ou vous ne croyez pas » [« Ou vous croyez, ou vous ne croyez pas ». L’énigme du « pape empêché »: et si c’était vrai?]. Il y a beaucoup d’éléments troublants, voire convaincants, même si l’ensemble, malgré le sérieux indéniable de l’enquête, la solidité des références (toutes vérifiables) et la cohérence de l’argumentation, peut sembler tiré par les cheveux. 99% des spécialistes rejettent la thèse, souvent avec mépris, s’abritant derrière l’accusation aujourd’hui imparable de complotisme. Dès qu’on parle d’antipape, il est difficile d’avoir une audience sans passer pour un illuminé.

Il n’en reste pas moins vrai que la démission (ou quel que soit le nom qu’on lui donne) de Benoît XVI cache bien des secrets, que le Saint-Père a emporté avec lui. Et il faut saluer Andrea Cionci qui a eu le courage d’affronter le mépris du monde pour, au minimum, soulever la question.

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