C’est l’accusation que portait le blog argentin « The Wanderer » contre Mgr Victor Fernandez, l’archevêque de La Plata (Argentine), et que j’avais relayée avant-hier ici (Le théologien du Pape est ouvertement hérétique).

Depuis, il a reçu une mise au point de Mgr Fernandez (ou de quelqu’un qui se fait passer pour lui, avec internet, on ne sait jamais) et aujourd’hui, il y répond, courtoisement, mais clairement, pour se justifier.

La querelle ne me concerne pas directement, mais comme j’ai fait confiance au blogueur argentin, je pense que je me dois de publier sa réponse.

Je précise que je fait très attention aux informations que je publie, et aux sources, mais il peut m’arriver de me tromper.

Quant à The Wanderer c’est un blog très critique envers François et son entourage, mais de haute tenue « littéraire », très cliqué et repris par des blogs prestigieux comme celui d’AM Valli. Je le considère comme fiable et bien informé (même s’il est très partisan), et il ne va certainement pas s’amuser à ruiner sa réputation et son prestige en diffusant des bobards (alias fake news).

Son article s’appuyait sur une courte vidéo, extrait d’une homélie prononcée par Fernandez du haut de la chaire de sa cathédrale de La Plata.

Je ne connais pas l’espagnol mais en activant les sous-titres de la vidéo puis en utilisant la traduction automatique, on pouvait arriver à la conclusion que The Wanderer ne racontait pas n’importe quoi dans le but de tromper ses lecteurs (d’autant plus que Victor Fernandez est loin d’en être à son coup d’essai).

C’est ce qu’il essaie d’expliquer ici. Chacun jugera.

Samedi 11 mars 2023

Commentaire et réponse à Mgr Víctor Fernández, archevêque de La Plata

[J’ai reçu un commentaire signé par l’archevêque Víctor Manuel Fernández. Il est impossible de savoir si le signataire est bien celui qu’il prétend être, mais tout porte à croire qu’il l’est. De plus, le commentaire est respectueux et logique. Je le reproduis ici et j’y réponds]

Pardon, Senor Wanderer. Je connais votre vrai nom que vous n’indiquez pas mais je vous appellerai comme vous vous présentez. Vous prétendez que je dis textuellement qu’on peut communier sans être dans la grâce de Dieu, ce qui est certainement une hérésie. Mais vous savez très bien que ce n’est pas ce que j’ai dit textuellement, et on peut le confirmer en regardant la vidéo. Cela s’appelle un faux témoignage mais il semble que cela ne fasse pas partie de votre morale. Vous pouvez interpréter mes propos comme vous le souhaitez et me critiquer comme bon vous semble. Mais vous savez qu’il est malhonnête de dire que j’ai déclaré mot pour mot quelque chose que je n’ai jamais dit ou que je ne dirai jamais. Vous devriez donc examiner en votre âme et conscience si vous n’avez pas le grave devoir de vous rétracter.

Mgr Víctor Manuel Fernández
Archevêque de La Plata

Réponse :

Cher Mgr Fernández,

Je tiens tout d’abord à vous remercier pour votre message. Au-delà des profondes divergences que j’ai par rapport à nombre de vos opinions, c’est un geste que j’apprécie beaucoup.

Vous me reprochez, et je pense à juste titre si c’était vrai, d’avoir écrit que vous auriez dit textuellement que l’on peut communier sans être dans la grâce de Dieu, ce qui est certainement une hérésie.

Le fait est, Monseigneur, que je n’ai jamais fait une telle déclaration.

On m’a appris à l’école primaire que toutes les citations doivent être placées entre guillemets. Ainsi, lorsque, dans mon article, je fais référence à vos propos textuels, ils sont toujours placés entre guillemets. Et en l’occurrence, il y en a trois : « sans s’en rendre compte », « terrible » et « l’Église s’est terriblement trompée ».

Je reconnais que cette dernière expression n’est pas ce que vous avez dit, mais c’est le sens de vos paroles : ce qui s’est passé est « terrible », dites-vous. Qu’est-ce qui s’est passé ? Que l’Église a développé « une philosophie et une morale » classant et étiquetant les gens. Et vous concluez : « Dieu merci, le pape François nous aide à nous libérer de ces schémas ». Il est donc entendu que ces schémas – la philosophie et la morale classifiantes que l’Église a développées au cours des siècles – sont des erreurs, ou de « terribles » erreurs, dont le pape François nous libère.

Je dois donc, Monseigneur, rejeter l’accusation que vous portez contre moi.

Par ailleurs, je sais que je ne suis pas un homme doté d’une intelligence particulièrement vive, mais je sais aussi que je ne suis pas un idiot qui écrirait un mensonge, ou un « faux témoignage » comme vous le dites si bien, sous l’évidence qui mettrait en lumière un tel mensonge, et l’évidence, c’est la vidéo postée la veille et dont le lien figure dans le post en question. Je ne rapporte pas quelque chose que j’ai entendu, avec mes lecteurs naïvement induits en erreur par mon interprétation.

Je commente une vidéo que les lecteurs ont à portée de main et dans laquelle ils peuvent corroborer mes propos et tirer leurs propres conclusions.

Mais le fond du problème, au-delà des guillemets, c’est que je considère que vous avez bel et bien prononcé une hérésie du haut de votre chaire.

Et vous l’avez fait en établissant les prémisses de manière à ce que toute personne modérément formée dans la foi et capable d’élaborer un syllogisme puisse arriver à cette conclusion.

Vous dites que quelque chose de « terrible » – un terme qui a une valeur clairement négative – est arrivé à l’Église pendant de nombreux siècles parce qu’elle a étiqueté les gens et décrété que « celui-ci peut recevoir la communion, celui-là ne peut pas recevoir la communion » (1’10). Et vous avez raison parce que de telles classifications ont existé et existent encore.

Mais quand l’Église établit-elle que quelqu’un ne peut pas recevoir la communion ? Le catéchisme nous dit qu’il y a trois cas : lorsqu’il est en état de péché mortel, lorsqu’il ne sait pas qui il va recevoir, ou lorsqu’il n’a pas observé le jeûne eucharistique d’une heure, en supposant toujours que la personne soit baptisée catholique. Ce sont là, et seulement là, les cas dans lesquels l’Église empêche quelqu’un de s’avancer pour recevoir l’Eucharistie.

Les deux derniers cas, je crois, ne seront discutés que dans les cours de catéchisme des cercles traditionalistes.

Le contexte de l’ensemble de votre homélie – que j’ai également mise en lien dans l’article – permet de déduire que vous faites référence au premier cas. De manière simplifiée, vous dites que c’était une chose « terrible » pour l’Église de « classer » les gens en raison de leur « apparence, de leurs capacités ou de leur orientation sexuelle » ou pour d’autres raisons, les empêchant de recevoir la communion (seul ce qui est entre guillemets est textuel ; le reste est la déduction faite par quiconque a écouté votre sermon, et par moi). Et vous, Monseigneur, vous savez que l’Église n’a jamais considéré l’apparence, les capacités ou l’orientation sexuelle comme un motif de refus de la communion sauf si, dans ce cas, cette personne ne vivrait pas chastement et, par conséquent, serait en état de péché mortel, c’est-à-dire la première exigence de celles indiquées ci-dessus.

La conclusion de ces prémisses que vous avez si clairement énoncées dans votre homélie est limpide : cette « philosophie et cette morale » que « pendant des siècles et des siècles » l’Église a développées était quelque chose de « terrible », c’est-à-dire qu’elle inspirait la terreur ; c’était le mal. On a stipulé que certaines personnes ne pouvaient pas recevoir la communion. Qui étaient ces personnes ? Celles qui étaient en état de péché mortel. Mais aujourd’hui, « le pape François nous aide à nous libérer de ces schémas » et, par conséquent, les personnes qui sont en état de péché mortel ou, en d’autres termes, qui ne sont pas dans la grâce de Dieu, peuvent recevoir la communion.

Telle est, Monseigneur, la conclusion à laquelle sont parvenus tous ceux qui ont écouté votre homélie. Et cette conclusion est une hérésie, comme vous le dites justement dans le message que vous m’avez envoyé. Et je cite textuellement les derniers mots de ce même message : « Vous devez donc examiner en conscience si vous n’avez pas le grave devoir de la rétracter ».

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