On ne peut que partager ce bilan-analyse d’AM Valli sur le fait que François est une catastrophe pour l’Eglise (comme l’a dénoncé Demos/cardinal Pell) et que son élection aura au moins permis de crever l’abcès. Il est exact aussi que la crise que traverse l’Eglise n’est pas imputable au seul François. AMV (qui nourrit une affection sincère pour Benoît XVI, ce point est hors de doute) fait tout remonter au Concile mais (et là, je ne peux pas partager son analyse) il inclut Benoît XVI dans les rangs de ceux qui ont participé à « l’action de destruction ».
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Je ne crois pas! Joseph Ratzinger est certes le fils de son époque, mais il a été le premier à un haut niveau de la hiérarchie, à dénoncer les dérives du Concile et a tout fait pour redresser la barre, comme préfet de la CDF puis comme Pape – ce qu’il a payé très cher après, vivant une sorte de martyre blanc depuis son livre d’entretien avec Vittorio Messori, en 1985.
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Faire le prophète, 60 ans après le Concile, c’est un peu facile. Qu’ensuite, « on » l’ait empêché de mener à bien son œuvre de reconstruction est un fait qui ne dépend pas de lui. Un Pape n’est pas un dictateur (enfin, jusqu’à aujourd’hui!) et il n’a aucun moyen de contraindre quiconque à lui obéir.
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Et le « monde », avec ses moyens gigantesques, n’a-t-il pas aussi une responsabilité, voire la principale responsabilité? Et surtout, sans nier le rôle délétère de certains clercs, le peuple, les gens, les « fidèles » (devenus, Ratzinger dixit, les « nouveaux païens« ) qui cédant aux sirènes confortables de la modernité, ont déserté les églises et mis au rebut un patrimoine spirituel pluriséculaire, n’avaient-ils pas leur libre arbitre, c’est-à-dire le choix?
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Ce qui est sûr c’est que papa Bergoglio et et ses sponsors, clercs ou laïcs, sont en train d’achever l’œuvre de destruction commencée sans doute bien avant le concile.

Sur les dix ans de François (2013 – 2023)

Vous avez été rachetés à grand prix ;
ne devenez pas esclaves des hommes.
1 Corinthiens 7:23

Pour commenter les dix années de pontificat de François, les mots écrits par Demos, alias feu le cardinal Pell, [Derniers écrits du cardinal Pell. Révélation explosive de Sandro Magister] dans le mémorandum qu’il a distribué à tous les cardinaux il y a un an suffiraient : « Un désastre à bien des égards, une catastrophe ».

Bergoglio a réussi l’exploit, uniquement possible pour certains individus particulièrement doués, de détruire sans reconstruire. Il avait été élu pour apporter de l’air frais. Après dix ans, l’air est irrespirable. Et la papolâtrie qui sévit ces jours-ci, à l’occasion de l’anniversaire, le rend encore plus méphitique.

Au Vatican, on se croirait à Pyongyang, sous un régime despotique, capricieux et cruel. Dans une atmosphère de bas empire, les espions et les informateurs dominent la scène. Mais plus que des complots, il y a des tremblements. Chacun est terrifié à l’idée de se retrouver sous le regard du tyran. Qu’il s’agisse d’une condamnation ou d’un soudain élan d’amour, se faire remarquer par le Ras [1], c’est être écrasé dans une étreinte mortelle. Alors beaucoup préfèrent faire le mort pour être invisible.

Des journalistes soumis lui posent toujours les mêmes questions inoffensives et il donne toujours les mêmes réponses. Les interviews se multiplient, mais ce sont autant de copier-coller sous le signe d’une platitude mortifère.

Pendant ce temps, l’Église catholique est en plein désarroi (voir l’Allemagne) et Pierre, au lieu d’agir comme un roc, alimente la confusion et l’ambiguïté.

Dans ce contexte, beaucoup regrettent spontanément Benoît XVI, mais il faut le dire clairement : Ratzinger a eu beau se rendre compte du désastre, il n’a rien PU [c’est moi qui souligne!] faire contre la dérive, car il faisait lui-même partie du projet de destruction. Un projet qui a un nom, le Concile Vatican II, et une racine précise : le modernisme.

Paradoxalement, nous devrions être reconnaissants à François. Avec son intempérance, il a montré clairement à tous (sauf, bien sûr, à ceux qui ne veulent pas voir) ce que le modernisme visait et a finalement atteint : la soumission de l’Église au monde. Si Benoît XVI, avec des marches arrières, a réussi au moins en partie à cacher [en réalité, il serait plus correct de dire « réparer » – ou « tenter de réparer »] la catastrophe, avec François tout est devenu clair : le catholicisme fluide prôné par les modernistes a pleinement conquis le trône de Pierre. En effet, les prêches qui en émanent sont en tout point semblables aux discours des mondialistes francs-maçons. Il n’y a plus de distinction. La soudure a eu lieu.

S’acharner sur Bergoglio, c’est donc s’inquiéter du dernier rhume d’un organisme miné par des tumeurs dévastatrices et des métastases galopantes.

La preuve ? Demandez à un bon catholique de notre époque, qui va peut-être encore régulièrement à la messe, s’il croit à la royauté sociale de Jésus-Christ. S’il croit que Jésus-Christ est bien le Roi de toutes les nations et le Seigneur de l’univers. S’il croit que Celui qui est le Créateur et le Rédempteur de la nature humaine possède, en conséquence, un pouvoir souverain sur les hommes, aussi bien en tant qu’individus qu’en tant que communautés sociales.

Le catholique en question vous regardera comme on regarde un Martien et, s’il comprend votre langue, il commencera à argumenter qu’en fait, il faut réconcilier la foi avec le monde, que rien ne peut être imposé, qu’il faut dialoguer, discerner et cheminer ensemble, qu’il existe une liberté religieuse, que les droits de l’homme doivent être pris en compte, qu’il y a du bon dans les autres croyances aussi… Une centaine d’années, pas un millier, se sont écoulées depuis que les papes proclamaient encore la royauté sociale du Christ (l’encyclique Quas primas de Pie XI qui a introduit la solennité du Christ-Roi date de 1925), mais nous n’avons même pas un faible souvenir de cette Église et de cet enseignement. La Révolution a pénétré l’Église et l’a conquise de l’intérieur. Les fauteurs de troubles modernistes ont atteint le but pour lequel ils ont tant travaillé. L’homme a été mis à la place de Dieu.

Compte tenu de l’œuvre accomplie par le modernisme (multiples sont les galeries creusées dans l’organisme vivant de l’Église pour y implanter les virus de l’apostasie), le pontificat de François est une conséquence logique et nous devons le considérer comme tel.

Et alors ? Face à la Révolution, la seule solution est la Contre-Révolution. Mais il faut le savoir : elle implique le martyre. A prendre ou à laisser. Si vous le prenez, ne vous faites pas d’illusions sur le fait que vous pourrez éviter la persécution et la souffrance.

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Ndt

[1] Ras: de l’amharique Ras « tête, chef, sommet » – 1) Dans l’Empire éthiopien, c’était le titre de la plus haute dignité dans la hiérarchie de l’État, après le negus, ainsi que celui des souverains ou des chefs féodaux des principales provinces. 2) figuré, péjoratif. petite autorité locale, exerçant sa fonction avec des attitudes despotiques et pleines de suffisance; désigne aussi parfois les chefs du crime organisé ou de la pègre exerçant leur pouvoir localement. Dans le passé, il s’agissait principalement d’une expression polémique utilisée pour désigner les hiérarques et les chefs locaux du fascisme.
(Treccani)

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