Nous ne parlons pas ici de l’héritage intellectuel et spirituel, ni de celui qui, par volonté expresse du pape François, appartient au Vatican (principalement les droits d’auteur sur ses livres, des best-sellers éditoriaux dont beaucoup antérieurs à son élection comme pape, qui se sont vendus à des millions d’exemplaires) mais, bien plus banalement, des petites choses de la vie courante, que chacun laisse derrière soi et qui font partie de la « succession ». Georg Gänswein, en tant qu’exécuteur testamentaire, a répondu aux questions des journalistes après avoir célébré la messe à Casal Bertone, la paroisse romaine dont le cardinal était titulaire.

Ratzinger, le testament : 5 cousins jusqu’alors inconnus se manifestent.

Lettres privées détruites

www.ilmessaggero.it
19 mars 2023

Le testament de Joseph Ratzinger s’avère être un véritable casse-tête. Depuis le 31 décembre, date de la mort du pape émérite, l’exécuteur testamentaire, don Georg Gaenswein, s’efforce d’en rassembler toutes les pièces et de mener à bien la tâche qui lui a été confiée. Au cours de ses déplacements entre Ratisbonne, Marktl am Inn et Pentling – où se trouvent un certain nombre de fondations (auxquelles doivent être transférées les immenses collections de livres ou de partitions du grand théologien) – des parents éloignés jusqu’alors inconnus se sont manifestés. Ils sont eux aussi concernés par la succession.

Une étape délicate qui a été définie avec le pape François et les services juridiques du Vatican. Don Georg a ainsi résolu le dilemme de la gestion de la somme d’argent se trouvant sur le compte bancaire personnel de Ratzinger. Le défunt pontife n’ayant pas laissé d’instructions précises, en l’absence d’héritiers directs, la chasse au plus proche parent a commencé.

Le montant à partager n’est pas connu : tout ce que l’on sait, c’est qu’il ne s’agit certainement pas des millions de revenus liés aux droits d’auteur des ouvrages théologiques imprimés et traduits dans toutes les langues. D’authentiques best-sellers vendus à des millions d’exemplaires. « À un moment donné, je me suis rendu compte qu’il y avait encore des parents, et cela m’a intéressé. Au départ, je pensais qu’il n’y avait que deux cousins en vie, mais en fait, il y a cinq parents au total. Étant donné que Benoît XVI n’a pas explicitement désigné d’héritier, les lois vaticanes et italiennes, qui prévoient l’obligation d’identifier les héritiers légitimes, s’appliquent », a expliqué Gänswein.
Entre-temps, des mesures ont été prises pour retrouver leurs domiciles. « Je dois écrire à ces cousins : selon la loi, ils devront être interrogés et décider s’ils veulent accepter l’héritage ou non ».
Gänswein précise qu’il ne s’agit pas d’argent provenant des droits sur l’œuvre intellectuelle du défunt. « Dans ce cas, il s’agit d’une somme liquide. Tous les autres objets personnels, des montres aux stylos, des tableaux au mobilier liturgique, figuraient sur une liste méticuleusement établie par le pape Benoît avant sa mort. Il n’a oublié personne : collaborateurs, secrétaires, séminaristes, étudiants, chauffeurs, curés, amis.

Hier matin, dans la paroisse romaine de Santa Maria Consolatrice à Casal Bertone, église dont le cardinal Ratzinger était titulaire, une précieuse chasuble brodée que Ratzinger portait toujours lors des célébrations a été remise. « Il était chez lui ici », a déclaré le curé de la paroisse alors que don Georg dévoilait une plaque de marbre.

Dans son testament, Ratzinger a également ordonné la destruction de toutes ses lettres privées. Seules les notes ont été transférées à la fondation de Ratisbonne.

« Parmi les tâches à accomplir, il y avait la question des lettres privées. Pas des notes, il les avait classées lui-même et les avait mises de côté. Je pense qu’il était dommage de détruire ces papiers, dont certains étaient même importants. Avant sa mort, je lui en ai parlé, mais il m’a répondu fermement qu’il n’y avait pas d’échappatoire. Il était inflexible et, par conséquent, c’est ce que j’ai fait ».

Dans le monastère Mater Ecclesiae, où vivait le pontife allemand, il n’y a plus de papiers, de livres, de manuscrits. Tout a déjà été transféré en Bavière.

« Je n’ai plus rien entre les mains. Le dernier livre non publié est celui intitulé Qu’est-ce que le christianisme ? S’ils trouvent quelque chose au bureau de la fondation de Ratisbonne, on verra, mais je crois qu’il ne reste plus rien ».

Avant de quitter la paroisse de Casal Bertone en saluant les fidèles, don Georg a précisé qu’il attendait de connaître sa future destination.

« Le pape François ne m’a pas encore donné de mission, il doit réfléchir et ensuite il me le dira. Je suis à la disposition de l’Église et je suis loyal et fidèle« .

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