Le site The Catholic Thing a publié, au moment de la mort de Benoît XVI, une séries d’hommages. Le hasard (heureux) a voulu que ce matin, en traduisant l’article de Robert Royal sur « The Lord of the War », je tombe sur la page où ils sont rassemblés. Le premier de ces hommages, très beau, est celui de Robert Royal, justement. Les autres suivront.

Benedictus qui venit in nomine Domini

Robert Royal
The Catholic Thing
2 janvier 2023

Nous nous attendions, en raison de son âge avancé et des nouvelles venant du Vatican, à ce que Benoît XVI soit proche de son entrée dans l’éternité. Mais comme c’est toujours le cas quand quelqu’un meurt – et a fortiori un professeur, un érudit, un pasteur et un pape bien-aimé – le jour venu, c’est encore un choc. Et cela change les choses pour toujours.

Joseph Ratzinger a apporté de telles contributions à l’Église et au monde que son nom et son héritage entreront désormais dans le grand patrimoine culturel de la foi catholique, matière permanente de réflexion sur de nombreuses choses, humaines et divines.

Il y a eu dans sa vie de grands moments publics qui ont fait une énorme différence dans les dernières décennies. Certains l’ont accusé, par exemple, d’avoir été un progressiste à Vatican II, mais d’être « passé du côté obscur » lors des manifestations étudiantes des années 1960. Un examen sérieux des faits (par exemple « Benoît XVI: une vie » de Peter Seewald) montre que c’est tout simplement faux.

La pensée de Ratzinger évolua tranquillement, calmement, de manière cohérente, à une profondeur qui n’a pas été fondamentalement modifiée par l’agitation sociale. Sa grande stabilité constituait à elle seule un point de référence précieux qui nous manquera cruellement.

Ses étudiants radicaux le respectaient – et l’appréciaient – pour cela, même s’il en était venu à reconnaître les limites du « dialogue » avec un certain type de radicaux dans l’université, l’Église et le monde en général. Cette intuition lui a été très utile lorsque, en tant qu’évêque puis chef de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il a dû faire face à des dissidents, à des mouvements tels que la théologie de la libération et à ce qu’il appellera plus tard « le concile [Vatican II] des médias », qui était bien différent de celui que lui et le jeune Karol Wojtyla avaient contribué à façonner.

Pour moi, une rencontre personnelle résume une grande partie de sa vie et de sa pensée. On m’avait demandé d’écrire une histoire de la Garde suisse pour son 500e anniversaire et je lui ai donné un exemplaire de The Pope’s Army, le 6 mai 2006. Il y avait une foule autour de nous, mais il a pris le livre entre ses mains, le caressant presque, à la manière d’un amoureux des livres, a commencé à le feuilleter en regardant certains chapitres et a dit : « C’est merveilleux, maintenant je peux lire quelque chose sur ces gardes qui me protègent ».

A propos, bien qu’il faudra que nous en sachions plus sur sa démission, les gardes suisses m’ont dit à l’époque que, entre autres choses, il était physiquement épuisé à un point qui faisait mal à voir.

J’ai toujours pensé que le fait d’avoir pris le nom de Benoît – l’un des seize de ce nom – était un signe de beaucoup de choses auxquelles il a cru toute sa vie. Benedictus, « béni » c’est sûr, d’être né comme il a été, et où, et d’avoir vécu longtemps. Benedictus, dans le sens d’une continuité avec Benoît XV, qui, près d’un siècle plus tôt, avait fait face à la Première Guerre mondiale et à ses conséquences dans le monde entier. Mais enfin, Benedictus, même comme pape, parce que – en dépit d’un grand savoir – il n’est qu’un simple chrétien dans la longue lignée qui remonte à Jésus lui-même.

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