Nico Spuntoni raconte ses dernières apparitions publiques. Plutôt discrètes, comme nous l’avons déjà dit , mais sa présence à des évènements pour présenter la version en allemand de son livre Nient’altro che la verità n’a pas cessé, et constitue en soi un acte de résistance sinon de rébellion, puisque le livre est précisément la raison officielle de son conflit avec François, et de sa disgrâce. Il semblerait d’ailleurs qu’il soit très demandé, sa popularité est forcément un reflet de l’amour des fidèles pour Benoît XVI, qui voient en lui, en quelque sorte, un petit fragment du Saint-Père

Mgr Gänswein reprend la parole : « A la recherche d’un emploi ».

www.ilgiornale.it/
Nico Spuntoni

2023 est sans aucun doute l’annus horribilis de Mgr Georg Gänswein. Cela a commencé par la mort de son maître Benoît XVI, qui est retourné dans la maison du Père le tout dernier jour de l’année 2022. Il y a eu ensuite la vive polémique autour de la sortie du livre Nient’altro che la verità écrit à quatre mains avec le journaliste Saverio Gaeta et autour des funérailles de Ratzinger. Les audiences accordées au cours des premiers mois de l’année n’ont pas suffi à clarifier les problèmes avec François, qui a décidé d’interrompre sa charge – devenue formelle – de préfet de la maison pontificale à la fin du mois de février et de l’éloigner du Vatican, lui ordonnant de retourner dans son diocèse d’origine à compter du 1er juillet.

La douloureuse obéissance

Ayant perdu sa fonction, le salaire qui y était attaché et sa résidence au Vatican, Gänswein a accepté d’obéir aux ordres du pape et il est retourné dans son Fribourg en silence. Bien qu’archevêque, il n’est pas envoyé pour diriger l’archidiocèse de Fribourg-en-Brisgau. Sans aucune affectation, l’ancien secrétaire personnel de Benoît XVI s’est installé au Collegium Borromaeum et est devenu un voisin inconfortable pour l’archevêque métropolitain Stephan Burger. Mgr Gänswein peut s’estimer heureux : Mgr Burger, 61 ans, n’est pas un représentant de l’épiscopat allemand le plus progressiste et ne soutient pas l’agenda du Synodal Weg.

Néanmoins, il n’est pas difficile de croire qu’il a perçu cette arrivée dans son archidiocèse comme « encombrante » – selon la définition donnée par l’ancien secrétaire de Ratzinger lui-même. À la mi-juillet, les deux prélats se sont brièvement rencontrés et ont convenu que l’ancien préfet de la Maison pontificale célébrerait la messe dans la cathédrale de Fribourg et pourrait conférer le sacrement de confirmation ainsi que présider des fonctions liturgiques spéciales, après consultation. Le chanoine de Fribourg Georg Bier a expliqué à la presse allemande la relation entre les deux évêques

« Les deux évêques ne s’engagent à rien, mais s’assurent mutuellement de leur volonté de se donner un coup de main dans des cas individuels et, si nécessaire, de se demander mutuellement de l’aide ».

Face à cette nouvelle condition, peut-être que Mgr Gänswein – qui n’a que 67 ans, un âge qui n’est pas proche de la retraite pour un évêque – aura la nostalgie de l’époque où il était simple curé à Oberkirch, dans les premières années qui ont suivi son ordination sacerdotale.

Les présentations du livre

Bien que beaucoup soient convaincus que la cause de ses malheurs est précisément la sortie du livre Nient’altro che la verità qui contient les détails de sa relation pas vraiment idyllique avec François et les désaccords entre le pape régnant et son prédécesseur pendant les années de ce dernier au monastère Mater Ecclesiae, Gänswein n’a pas reculé devant les présentations qui ont été organisées autour de l’Allemagne de l’édition allemande. Sa dernière sortie publique a d’ailleurs eu lieu jeudi dernier pour présenter le livre dans la petite ville de Kirchzarten, à quelques kilomètres de Fribourg, devant un public de plus de 300 personnes qui l’ont accueilli par des applaudissements. L’ancien bras droit de Benoît XVI, vêtu en clergyman, est apparu souriant sur l’estrade installée dans la cour du bâtiment qui accueillait l’événement. Cordial, il a serré la main des personnes présentes et dédicacé des exemplaires du livre.

Dialoguant avec l’éditeur Manuel Herder, Monseigneur Gänswein a utimisé l’ironie pour décrire son retour à Fribourg. « Maintenant, je suis ici, disons, à la recherche d’un emploi », a déclaré l’ancien secrétaire de Benoît XVI, en plaisantant également sur la nécessité de se rendre dans une agence pour l’emploi. Par ailleurs, le prélat a confié que lors d’une de leurs dernières rencontres, François lui avait conseillé de prendre des vacances.

Déçu, mais tourné vers l’avenir

Ce n’est pas la première fois que Gänswein a recours à l’humour pour exprimer son malaise évident d’être licencié, sans titularisation alors qu’il a moins de 75 ans, de l’endroit où il a servi pendant près de 30 ans. Il a été appelé au Vatican en 1995 et le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi de l’époque, Joseph Ratzinger, l’a connu alors qu’il travaillait à la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.

Quoi qu’il en soit, sa notoriété et l’amour des fidèles pour Benoît XVI, dont il a été le secrétaire d’abord comme cardinal, puis comme souverain pontife et enfin comme pape émérite, font que la présence de Gänswein est demandée dans toute l’Allemagne.

Ainsi, mardi prochain, à l’occasion de la fête de l’Assomption, il est attendu en Bavière, dans l’église de pèlerinage Maria Vesperbild à Ziemetshausen, où il célébrera une messe pontificale dans la grotte de la Vierge Marie [Une interview de Mgr Gänswein à l’hebdomadaire allemand Die Tagespost, ndt].

Mots Clés :
Share This