C’est en tout cas la crainte formulée par certains adversaires du courageux évêque de Tyler, au Texas, victime d’une campagne de dénigrement, et, après que des rumeurs d’une prochaine éviction aient circulé en provenance de sources « fondées ». Le risque serait que, s’il est révoqué, sa visibilité sera amplifiée. Très intéressant article (eh oui!) de la très progressiste revue jésuite « America ».

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12 septembre 2023

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L’évêque Strickland dit qu’il ne partira pas volontairement si le pape François lui demande de se retirer

www.americamagazine.org
(Religion News Service, RNS)
13 septembre 2023

Alors que des rumeurs circulent selon lesquelles le pape François pourrait demander la démission de l’évêque Joseph Strickland, le conservateur enflammé qui supervise le diocèse de Tyler au Texas a déclaré qu’il n’avait rien entendu de la part du Vatican, mais a signalé qu’il ne renoncerait pas à son poste de son plein gré.

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Selon les nouvelles officielles du Vatican, samedi dernier (9 septembre) le pape François a rencontré entre autres l’archevêque Robert Prevost, préfet du Dicastère pour les évêques du Vatican, et l’archevêque Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis. Le contenu de la rencontre n’a pas été rendu public, mais un site web conservateur, The Pillar, a affirmé que la réunion avait porté sur la question de savoir s’il fallait demander la démission de Strickland, qui a alimenté la polémique ces dernières années pour toutes sortes de raisons, de la résistance aux vaccins COVID-19 à la critique du pape.

Le Vatican n’a pas immédiatement répondu aux demandes de confirmation du compte-rendu de The Pillar.

L’évêque Joseph Strickland : « Je ne peux pas abandonner volontairement le troupeau dont j’ai été chargé en tant que successeur des apôtres.

Les rumeurs de démission de Strickland, amplifiées par LifeSiteNews et d’autres sites catholiques de droite, font suite à une visite apostolique dans le diocèse de Strickland en juin, une enquête disciplinaire rare de la part du Saint-Siège. Cette visite faisait suite à un incident survenu en novembre 2021, au cours duquel Strickland avait été réprimandé en privé par le nonce Christophe Pierre lors d’une réunion de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis.

Joint par mail mardi, Strickland a déclaré à Religion News Service qu’il n’était pas au courant d’une demande de démission de la part du Vatican, déclarant : « Je n’ai reçu aucune information à ce sujet de la part de Rome. »

A la question de savoir s’il démissionnerait si le pape le lui demandait, Strickland a laissé entendre qu’il résisterait, ce qui pourrait obliger le Vatican à le démettre de ses fonctions.

« Par principe, je ne peux pas démissionner du mandat qui m’a été confié par le pape Benoît XVI« , a-t-il écrit. « Bien sûr, ce mandat peut être annulé par le pape François, mais je ne peux pas abandonner volontairement le troupeau dont j’ai été chargé en tant que successeur des apôtres. « 

John Beal, avocat canoniste et professeur à la Catholic University of America, a déclaré via e-mail qu’un pape peut révoquer un évêque contre la volonté de ce dernier, ajoutant qu’ « il n’y a pas de procédure établie pour une telle action ».
Beal explique qu’un évêque « pourrait être « privé » (privatio) de sa fonction en tant que sanction à la suite d’un procès pénal pour un délit canonique« , bien que l’universitaire ait exprimé des doutes sur le fait que Strickland ait fait quoi que ce soit qui puisse être considéré comme un tel « délit punissable ».

Plus souvent, a noté l’universitaire, les évêques qui attisent la colère d’un pape voient leur pouvoir réduit « de manière créative ».

Il a cité le cas, dans les années 1980, de l’archevêque Raymond Hunthausen à Seattle, qui s’est vu confier un évêque auxiliaire qui l’a « en substance dépouillé » de son autorité.

Et en 1995, le pape Jean-Paul II a démis Mgr Jacques Gaillot de ses fonctions en France après que celui-ci eut exprimé des opinions libérales jugées incompatibles avec l’orthodoxie catholique. Mgr Gaillot a été nommé évêque [in partibus] de Partenia, un soi-disant siège titulaire dans l’Algérie actuelle qui n’a pas fonctionné comme diocèse catholique physique depuis le cinquième siècle.

Dans le cas de Gaillot, sa destitution n’a pas vraiment contribué à le réduire au silence. Il est apparu souvent dans les médias et a été l’un des premiers à adopter Internet, devenant ce que certains ont appelé le premier « évêque virtuel » de l’Église catholique et méritant le titre d’ « ecclésiastique rouge ».

Les adversaires de Strickland ont appelé à son éviction, mais certains ont exprimé la crainte que l’évêque du Texas, qui a attiré un grand nombre d’opposants à François, n’imite Gaillot en continuant à clamer ses opinions, au cas où le Vatican l’évincerait. Contrairement à Gaillot, Strickland dispose du pouvoir d’un Internet beaucoup plus puissant et des réseaux sociaux, pour lesquels il a montré une certaine aptitude.

« Je crois que la crainte est que, s’il est révoqué, sa visibilité sera amplifiée », a dit Massimo Faggioli, professeur de théologie et d’études religieuses à l’Université Villanova.

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