Ou comment le Pape avait prématurément et honteusement lâché l’archevêque de Paris, accusé d’attouchements sexuels en décembre 2021, avant de le sacrifier lâchement « sur l’autel de l’opinion » (comme l’a écrit très justement Andrea Gagliarducci).

La nouvelle, publiée aujourd’hui, est tombée dans une grande discrétion des médias, en catimini. Silence gêné, peut-être? Ce serait trop beau. Je pense plutôt que le mal est fait, et c’est tout ce qu’ils voulaient:

Soupçons d’agression sexuelle visant Monseigneur Aupetit : enquête classée sans suite pour absence d’infraction
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L’enquête préliminaire avait été ouverte début décembre pour «agression sexuelle sur personne vulnérable», après un signalement du diocèse de Paris sur l’ex-archevêque de Paris.

La procédure ouverte pour agression sexuelle sur personne vulnérable après un signalement du diocèse de Paris visant l’ancien archevêque de Paris Michel Aupetit a été classée sans suite le 23 août pour absence d’infraction, a indiqué jeudi 14 septembre le parquet, sollicité par l’AFP.


Mgr Aupetit, à la tête de l’archevêché de Paris depuis décembre 2017, avait présenté sa démission fin novembre 2021 au pape François, qui l’avait aussitôt acceptée, après que plusieurs journaux lui avaient prêté une relation amoureuse avec une autre femme, qu’il avait catégoriquement démentie.

(AFP – Le Figaro)

Le Pape avait accepté sa démission « aussitôt », en effet…

On a peut-être oublié ses propos au cours de la conférence de presse en vol, de retour de son voyage à Chypres et en Grèce, en décembre 2021.

Sa réaction ahurissante à une question de l’envoyée du Monde (ahurissante venant du PAPE! qui en profite, au passage, pour ressasser ses obsessions sur l’Eglise pécheresse, le péché de chair, etc., etc., ce qui n’a pas de rapport avec le dossier, mais beaucoup avec les idées fixes des médias) est digne de figurer dans une anthologie des pires ragots de bistrots (et pourtant, il dit détester les ragots). Elle avait inspiré à l’époque à AM Valli une réflexion peu amène, propre à compléter le portrait – méconnu – du Pape encensé par les médias, que j’avait traduite et commentée ici

Avant de répondre, je dirais : faites l’enquête. Faites l’enquête. Parce qu’il y a un danger à dire : « Il a été condamné ». Mais qui l’a condamné ? « L’opinion publique, le bavardage… ». Mais qu’a-t-il fait ? « Nous ne savons pas. Quelque chose… » Si vous savez pourquoi, dites-le. Au contraire, je ne peux pas répondre. Et vous ne saurez pas pourquoi, parce que c’était un manquement de sa part, un manquement contre le sixième commandement, mais pas total, mais de petites caresses et massages qu’il faisait : c’est l’accusation. C’est un péché, mais ce n’est pas un des péchés les plus graves, car les péchés de la chair ne sont pas les plus graves. Les péchés les plus graves sont ceux qui ont plus d’ »angélisme » : l’orgueil, la haine… ceux-ci sont plus graves. Donc, Aupetit [pourquoi pas « Mgr » Aupetit, ndt] est un pécheur comme moi. Je ne sais pas si vous pensez cela, mais peut-être… comme Pierre, l’évêque sur lequel le Christ a fondé l’Église. Comment se fait-il que la communauté de l’époque ait accepté un évêque pécheur ? Et c’était pour des péchés aussi « angéliques » que le reniement du Christ, non? Mais c’était une Église normale, elle était habituée à se sentir toujours pécheresse, tout le monde : c’était une Église humble. Vous pouvez voir que notre Église n’est pas habituée à avoir un évêque pécheur, et nous faisons semblant de dire « c’est un saint, mon évêque ». Non, c’est le Petit Chaperon Rouge. Nous sommes tous des pécheurs. Mais lorsque les bavardages se multiplient, se multiplient et emportent la bonne réputation d’une personne, cet homme ne pourra pas gouverner, parce qu’il a perdu sa réputation, et non à cause de son péché – qui est un péché, comme celui de Pierre, comme le mien, comme le vôtre : c’est un péché ! – mais à cause des bavardages des personnes chargées de raconter l’histoire. Un homme à qui l’on a retiré la réputation de cette manière, publiquement, ne peut pas gouverner. Et c’est une injustice. Pour cette raison, j’ai accepté la démission d’Aupetit non pas sur l’autel de la vérité, mais sur l’autel de l’hypocrisie. C’est ce que je veux dire. Merci.

Si ÇA c’est une défense! Avec des amis de ce type, pas besoin d’ennemis. Mais j’ai sans doute mauvais esprit, contrairement à Mgr Aupetit, qui est un saint homme et qui a certainement pardonné à ses diffamateurs… et donc au Pape.

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