Giuseppe Nardi analyse minutieusement l’interview du très bergoglien historien de l’Eglise Massimo Faggioli par le site HuffPost (cf. Une interview critique d’un homme du premier cercle, Massimo Faggioli), et arrive comme moi à la conclusion que les soutiens du Pape le lâchent, et que la raison ne doit rien à un caprice ou à une quelconque versatilité due à l’usure du pouvoir. Pour le reste, il va sans dire que l’auteur est seul responsable de ses opinions (précaution nécessaire de ma part vu l’inflammabilité du sujet…)

Israël change tout

Le bergoglien devient critique du pape

Giuseppe Nardi
katholisches.info
29 novembre 2023

Papst Franziskus weigert sich auch im Nahostkonflikt einseitig Partei zu ergreifen und gerät deswegen in schweres Kreuzfeuer
Le pape François refuse de prendre parti de manière unilatérale dans le conflit au Proche-Orient, ce qui lui vaut de graves tirs croisés

Les attaques contre le pape François à propos du conflit au Proche-Orient se poursuivent. Elles ne sont pas de nature théologique, mais politique. Et d’un seul coup, la page se tourne dans le vent. François est-il lâché par des forces qui l’ont soutenu jusqu’à présent ?

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Après avoir reçu le 22 novembre les familles des otages juifs du Hamas, ce qui lui a valu de nombreux éloges, François a toutefois également reçu les familles des Palestiniens de la bande de Gaza, des chrétiens et des musulmans – et la donne a changé. Brusquement, François s’est retrouvé au cœur d’une tempête de critiques qui ne veut plus s’apaiser. Les critiques formulées à son encontre en raison de son attitude dans la guerre d’Ukraine apparaissent en revanche comme un prélude.

Le coup d’envoi a été donné par l’assemblée des rabbins d’Italie avec une critique qui manquait d’objectivité et était disproportionnée. Le Vatican n’a pas réagi. Mais cela n’a pas suffi. Depuis, d’autres forces ont pris le train en marche et enfoncé le clou. Le pape François est qualifié de « partie du problème ».

Entre-temps, une lettre ouverte d’universitaires juifs a été rendue publique. Comptant désormais 400 signataires, elle demande au pape François « et à l’Église catholique » d’agir « dans une période de confusion et de tromperie » et de réagir à la « menace existentielle qui pèse non seulement sur Israël, mais sur l’ensemble du peuple juif ».

Il faut maintenant constater objectivement que les 1400 morts de la terreur du Hamas du 7 octobre constituent une terrible tragédie humaine, mais pas une « menace existentielle » pour l’État d’Israël ou « l’ensemble du peuple juif ». Les forces de sécurité israéliennes ont pu repousser l’offensive du Hamas en très peu de temps. Personne du monde arabe ou islamique n’est venu à la rescousse du Hamas. Et c’est une bonne chose pour éviter que le conflit ne se transforme en incendie généralisé. Le problème militaire a pu être circonscrit à la bande de Gaza. En raison de la supériorité militaire d’Israël, ce sont plutôt les civils palestiniens qui y sont depuis lors « menacés dans leur existence ».

L’accusation portée contre le pape François montre toutefois l’ampleur de l’activité de la propagande pro-israélienne. La neutralité n’est pas acceptée. Pas même de la part du pape. Prendre parti dans un conflit politique qui ne concerne pas directement l’Eglise n’est pourtant pas la tâche d’un pape, elle ne l’était pas pour ses prédécesseurs et ne l’est pas pour François.

Les chrétiens, en particulier les catholiques, ont peu de connaissances sur le contexte historique et le judaïsme postchrétien, de sorte que des opinions erronées circulent souvent et, depuis quelque temps, portent parfois en elles les germes d’une curieuse mystification.

Un indice emblématique du changement soudain de climat qui touche désormais François est la récente interview de l’historien catholique de l’Eglise Massimo Faggioli par le journal en ligne américain pro-israélien Huffington Post . Le Huffington Post est depuis des années le « journal maison » de Faggioli, dans les colonnes duquel il décoche ses flèches.

Faggioli, polémiste agressif, est l’un des principaux représentants de la fameuse « Ecole de Bologne » progressiste. Il a jusqu’à présent salué François comme « premier pape qui n’a pas d’incertitudes sur la manière d’interpréter le Concile », et se présente comme un bergoglien convaincu.

Quand Benoît XVI a envoyé une lettre de condoléances à la mort du cardinal Joachim Meisner, qui a été lue lors de la messe de requiem à la cathédrale de Cologne, des bergogliens se sont indignés, comme Faggioli, qui a ironisé: « Ce serait bien de savoir qui a écrit le message de Joseph Ratzinger pour les funérailles du cardinal Meisner « [voir benoit-et-moi.fr/2017]

Faggioli, qui enseigne aux États-Unis, a également proposé des stratégies pour stopper la « progression » des forces conservatrices dans l’Église des États-Unis.

L’historien de l’Eglise progressiste a soutenu les nombreuses créations de cardinaux par François, à travers lesquelles le collège cardinalice a été massivement remanié. Faggioli n’a pas mentionné le « point de détail » selon lequel François a dépassé à plusieurs reprises le nombre maximal prescrit d’électeurs pontificaux, la dernière fois de manière flagrante.

Mais maintenant qu’Israël est en jeu, l’attitude de Faggioli a brusquement changé et il s’éloigne de François.

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Je renvoie ici à la traduction de l’interview de Massimo Faggioli, que Giuseppe Nardi entrecoupe de ses commentaires dans la suite de son article:

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