Messe de suffrage pour Benoît XVI: l’homélie de Mgr Gänswein (extraits)

Le secrétaire du Saint-Père (très ému, comme nous l’avons vu, cf. La messe en mémoire de Benoît XVI, et les larmes de Mgr Gänswein) a rappelé les mots de Benoît XVI lors de la dernière prière d’angélus dominicale, le 24 février 2013, où il confiait que le Seigneur l’appelait à « gravir la montagne », afin de pouvoir mieux servir l’Eglise par la méditation et la prière. Le reportage de l’agence i.media, et quelques extraits de l’homélie.

Hommage à Benoît XVI pour le premier anniversaire de sa mort

Kathleen N. Hattrup
I.media (édition en anglais)
31 décembre 2023

Le 31 décembre 2023, l’archevêque Gänswein a célébré la messe à l’autel de la Chaire de la Basilique St-Pierre; la voix brisée par l’émotion, il a cité les paroles prononcées par Benoît XVI lors de sa dernière prière d’Angélus le 24 février 2013.

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« La prière de Benoît XVI, surtout dans les dernières années de sa vie, a été caractérisée par une intensité croissante », a dit l’ancien secrétaire du pape allemand dans une homélie qui a duré un quart d’heure.

L’archevêque Gänswein a évoqué l’affection de Benoît XVI pour Noël, qu’il avait qualifié de « plus beau jour de l’année » le 25 décembre 2022, une semaine avant sa mort.

En cette fête de la Sainte Famille, qui commémore « le premier anniversaire de son retour dans la Maison du Père », l’archevêque Gänswein s’est appuyé sur la vie de prière de Benoît XVI pour nous aider à comprendre « le mystère de l’Église, qui est la grande famille de Dieu ».

Revenant à l’Évangile de saint Luc du jour, il a souligné que « le cœur contemplatif de la Mère de Dieu est un modèle pour tout croyant qui observe et se confronte aux paroles et aux actes de Jésus ».

Cette confrontation conduit toujours à « un progrès dans la connaissance de Jésus, une entrée dans l’amitié avec Lui, qui devient ainsi contagieuse », et favorise le développement d’une « Église missionnaire ».

« Dans les années qui ont suivi sa démission du ministère pétrinien, Benoît XVI s’est surtout consacré à cette dimension de la vie de foi, à la prière et à la méditation », a souligné l’archevêque allemand.

Gänswein, la voix serrée par l’émotion, a cité les paroles de Benoît XVI lors de la dernière prière de l’Angélus en tant que pape régnant, le 24 février 2013 :

Le Seigneur m’appelle à « escalader la montagne », à me consacrer encore plus à la prière et à la méditation. Mais cela ne signifie pas abandonner l’Église ; en effet, si Dieu me le demande, c’est précisément pour que je puisse continuer à la servir avec le même dévouement et le même amour avec lesquels j’ai essayé de le faire jusqu’à présent, mais d’une manière plus adaptée à mon âge et à mes forces.

Au cours de ses presque dix années de pontificat émérite, Benoît XVI a pu développer une « intimité singulière » avec Dieu, de manière silencieuse, à l’image de saint Joseph, dont les Évangiles ne retiennent aucune parole publique. Le pape émérite, qui vivait une intense vie de prière quotidienne, marquée par « son amour pour Jésus et Marie », a vécu l’Eucharistie comme une « source de lumière et une source de consolation », confie son secrétaire.

« Cordialité, simplicité et humilité » ponctuaient ses relations avec ses visiteurs et son entourage, a rappelé Mgr Gänswein, notant sa dynamique de « double communion avec Dieu et avec les autres ».

« Malgré toutes les fragilités humaines qui font partie de sa physionomie historique, l’Église est appelée à offrir « une merveilleuse création d’amour, faite pour rendre le Christ proche de chaque homme et de chaque femme », a-t-il souligné.

C’est dans l’Eucharistie que l’Église se construit comme « famille de Dieu », en faisant aussi mémoire des défunts, a-t-il également rappelé.

« Rassemblés autour de la mémoire de Benoît XVI, nous sommes sincèrement reconnaissants pour le don de sa vie », a noté Mgr Gänswein, soulignant « la profondeur de sa théologie ».

L’archevêque allemand de 67 ans a conclu son homélie en pleurant, rendant hommage à ce « simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur ».

L’émotion de Mgr Gänswein

L’homélie de l’archevêque, prononcée en italien, a été entrecoupée de sanglots qui ont ému l’assistance. Parmi les quelques centaines de fidèles présents se trouvaient de nombreux anciens collaborateurs du pontife allemand, comme le photographe Francesco Sforza, son majordome Sandro Mariotti et l’ancien organisateur des voyages pontificaux Alberto Gasbarri.

Les Memores Domini, les laïques consacrées qui ont accompagné Benoît XVI au monastère Mater Ecclesiae – dont les clés ont été remises à des religieuses contemplatives argentines -, étaient également présentes.

Une cinquantaine de prêtres et d’évêques ont concélébré la messe, dont le père Federico Lombardi, président de la Fondation Ratzinger, le cardinal suisse Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, et le cardinal allemand Gerhard Ludwig Müller, préfet émérite du Dicastère pour la doctrine de la foi.

À la fin de la célébration, les concélébrants et les proches de Benoît XVI se sont rendus dans la crypte de la basilique Saint-Pierre pour un temps de prière devant la tombe du pape allemand.