Au début du pontificat bergoglien, beaucoup, parfois en toute bonne foi parfois aveuglés par un sectarisme virant à la propagande, voulaient à tout prix « vendre » aux fidèles une continuité idyllique entre Benoît XVI et son successeur. Certains ont poussé l’outrecuidance jusqu’à proclamer qu’il n’y avait pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre les deux papes, et même que « Benoît XVI et François, c’est blanc bonnet et bonnet blanc ». Un mensonge flagrant, qui serait risible s’il ne touchait un sujet aussi grave que la foi, et qui est évidemment devenu intenable au fil du temps et des décisions de l’Argentin.
Aujourd’hui, la situation se répète, symétriquement car les continuistes de 2013 étaient plutôt des catholiques classés à droite (pas tous!!), aujourd’hui ce sont les progressistes, qui veulent recruter le nouveau pape à leur profit.
Ils font la même erreur: il n’y a pas, il n’y aura pas, de continuité absolue entre Bergoglio et Léon XIV – même si « un peu », c’est déjà trop…
Continuité, discontinuité.
Léon XIV, timide espoir pour les catholiques.
Renzo Puccetti
www.marcotosatti.com
3 juin 2025
Au début du pontificat de François, il y a eu pendant un certain temps un courant que l’on appelait de manière critique les continuistes. Il s’agissait de ceux qui, partant de leur adhésion convaincue et inconditionnelle à la doctrine catholique (sociologiquement, il s’agissait des catholiques conservateurs, médiatiquement, des ultra-catholiques), refusaient de voir les nombreux signes de discontinuité de ce magistère par rapport à la doctrine catholique à laquelle ils avaient toujours adhéré.
Dès 2013, le regretté Mario Palmaro [ndt: dossier sur mon site: benoit-et-moi.fr/2014…] les appelait les « normalistes ».
Mais le nombre de ces signes de discontinuité a tellement augmenté au fil du temps qu’il leur a été de plus en plus difficile de les nier.
Le parti continuiste était donc un « parti » qui, au fil du temps, a vu s’éroder le nombre de ceux qui se reconnaissaient dans cette position. A partir d’un certain moment, il s’est pratiquement éteint pour se régénérer en tant que justificationnisme. On a commencé à admettre qu’il y avait discontinuité, mais on a objecté qu’elle était nécessaire.
Aujourd’hui, d’une certaine manière, c’est une partie des catholiques progressistes, orphelins du précédent pontife, qui reprend le flambeau du continuisme. Ils s’acharnent à vouloir voir une continuité entre la révolution magistérielle souvent appelée « Église du pape François » et le magistère actuel et à ses tout débuts du pape Léon.
Révolution française docet : la terreur thermidorienne a été suivie par la réaction du 18 Brumaire.
Je peux me tromper, mais à mon humble avis, le continuisme était une erreur de pensée à l’époque et c’est la même erreur aujourd’hui.
S’exprimant à l’occasion du Jubilé des familles, l’actuel pontife a déclaré :
« Le mariage n’est pas un idéal, mais le canon de l’amour véritable entre un homme et une femme ».
Vous avez bien lu: ce n’est pas un idéal, mais le canon, la norme, la règle de l’amour vrai entre l’homme et la femme.
Dans Amoris laetitia, l’exhortation post-synodale du pape François, le mot « idéal » apparaît pas moins de 19 fois, souvent pour faire référence au mariage et à l’amour conjugal.
Le pape Léon nous dit aujourd’hui que cette perspective était trompeuse et, bien que très indirectement, rétablit l’honneur des quatre cardinaux qui ont courageusement résisté à cette approche à travers les dubia (Caffarra, Meisner, Burke et Brandmüller), endurant la marginalisation qui s’en est suivie.
Dans tout ce qui se passe, je vois une discontinuité claire et un retour à la doctrine et à la théologie de saint Jean-Paul II et au magistère du pape Benoît XVI.
Je ne crois pas que le pape Léon renversera la table dressée par le pontife précédent, mais j’espère et j’ai des raisons de penser que ces signes entraîneront une correction de cette table, mise en œuvre très progressivement, parce que, contrairement à son prédécesseur, il a à cœur de ne pas exacerber les divisions déjà grandes et douloureuses entre les catholiques.
Dès sa première intervention et déjà dans la devise qu’il a choisie, il a à cœur l’unité des fidèles à réaliser, me semble-t-il, en s’inspirant de la loi de gradualité qui fait partie de la plus noble tradition pastorale.
Je le dis aux frères dans la foi qui portent les blessures des 12 dernières années, sachez attendre, la Providence de Dieu travaille en son temps, faites confiance à un repenti impatient et impétueux.