Abus: un évêque réclame un synode extraordinaire
... et de nouvelles révélations sur un goufre sans fond. Aldo Maria Valli (24/8/2018)
Abus. Comment est-il possible qu'on n'ait pas su? Nouvelles révélations sur des alarmes ignorées. Et un évêque réclame un synode extraordinaire.
Aldo Maria valli
www.aldomariavalli.it
23 août 2018
Ma traduction
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Convoquer une assemblée extraordinaire du Synode des évêques consacrée aux scandales d'abus sexuels commis par des clercs.
Au beau milieu de la nouvelle tempête qui investit l'Église catholique, spécialement aux États-Unis, à la suite des vérités qui ont émergé sur l'ex-cardinal McCarrick et du rapport du Grand Jury de Pennsylvanie sur les abus commis par les prêtres pendant soixante-dix ans, arrive de Grande-Bretagne une requête qui nous fait comprendre à quel point la situation est grave.
La requête est signée par Philip Egan, évêque du diocèse de Portsmouth, dans le sud de l'Angleterre. La lettre a été envoyée directement au Pape François hier. La décision a été prise, explique Egan, à la suite de ce qui a émergé aux États-Unis, mais aussi au Chili, en Australie, en Irlande, au Honduras et dans d'autres pays.
«Les abus commis par des clercs semblent constituer - écrit Egan - un phénomène mondial. Comme catholique et évêque, ces révélations me remplissent de tristesse et de honte. Mais proclamer le mécontentement ne suffit pas. Nous devons passer à quelque chose de plus constructif. D'où la suggestion au pape: envisager la convocation d'un synode extraordinaire sur la vie et le ministère du clergé catholique.
Parmi les arguments traités, explique Egan dans la lettre, il pourrait y avoir l'identité du prêtre et de l'évêque, le style de vie, le célibat [alerte!!! ndt]. On pourrait élaborer un guide et proposer une règle, «établissant des formes appropriées de responsabilité et de vigilance sacerdotale et épiscopale».
En tant qu'évêque, affirme Egan, j'ai fait l'expérience d'avoir «peu d'instruments» qui peuvent m'aider dans la gestion quotidienne du clergé et dans les relations avec les séminaires et autres structures de formation, surtout pour aider les formateurs à évaluer et à développer les vocations.
Pendant ce temps-là, aux États-Unis,quelques jours après la publication du rapport du grand jury de Pennsylvanie qui mentionne plus de deux cents fois le cardinal Donald Wuerl, la North Catholic High School, une école catholique qui compte plus de 12 mille élèves, a officiellement décidé de changer de nom: ce ne sera plus la Cardinal Wuerl North Catholic High School, mais seulement la "North Catholic High School".
Il y a quelques jours, quelqu'un, avec de la peinture rouge, avait affacé le nom du cardinal de l'enseigne à l'entrée de l'institut, et à présent, après que près de huit mille personnes aient signé une pétition dans ce sens et que le cardinal lui-même ait demandé de retirer son nom, les responsables de l'école y ont pourvu.
Il s'agit d'un fait guère plus que symbolique, mais il indique à quel point la situation est délicate, non seulement pour l'archevêque actuel de Washington (qui, à la suite des abus, a renoncé à se rendre à Dublin pour la Rencontre mondiale des familles), mais pour toute l'Église catholique aux États-Unis.
Un autre cardinal américain qui a renoncé à son voyage en Irlande est Sean O'Malley de Boston, et c'est justement O'Malley qui a fait un aveu de responsabilité.
L'affaire concerne une lettre qui déjà en 2015 a été envoyée au bureau de O'Malley par le Père Boniface Ramsey avec une série de signalements et de préoccupations claires sur les relations du Cardinal McCarrick avec les séminaristes.
J'accepte «l'entière responsabilité de ne pas avoir lu la lettre», affirme maintenant l'archevêque de Boston, qui est également à la tête de la Commission du Vatican pour la protection des mineurs.
O'Malley a annulé sa participation à la rencontre de Dublin non seulement pour suivre de près les développements de la crise, mais aussi à la suite des accusations qui le concernent: avoir recueilli des fonds et voyagé avec McCarrick après que son bureau ait reçu la lettre d'avertissement du Père Boniface
Ramsey, professeur au séminaire de l'Immaculée Conception de Newark de 1986 à 1996, est l'un des clercs qui étaient au courant du comportement prédateur de McCarrick et il a essayé en vain de l'arrêter en s'adressant à la hiérarchie.
«Pendant trente ans - a déclaré le père Ramsey - j'ai sonné l'alarme, mais sans arriver nulle part».
Dans la lettre envoyée à O'Malley, mais ignorée, Ramsey entrait dans les détails. Il parlait de séminaristes qui lui avaient dit que McCarrick invitait des garçons chez lui et demandait à certains de partager son lit.
McCarrick se faisait appeler «Oncle Ted» et assurait à ses «neveux» un certain nombre de privilèges, comme la possibilité d'aller étudier à Rome. Comment est-il possible que la hiérarchie ne l'ait pas su? Et pourquoi le signalement de Ramsey est-il resté au fond d'un tiroir, sans réponse?
O'Malley se justifie en disant qu'il n'a jamais vu la lettre parce que son secrétaire, le père Robert Kickham, a décidé de façon autonome que le comportement de McCarrick, concernant les relations avec les jeunes et les adultes, ne relevait pas de la compétence de la Commission pour la protection des mineurs.
«Rétrospectivement - affirme O'Malley - il est clair pour le Père Kickham et pour moi que j'aurais dû voir cette lettre parce qu'elle contenait des déclarations sur le comportement d'un archevêque dans l'Église. J'assume la responsabilité des procédures suivies dans mon bureau et je suis également disposé à modifier ces procédures à la lumière de cette expérience».
Au-delà de la question de la lettre, l'archevêque de Boston continue de prétendre qu'il n'a jamais entendu parler des crimes sexuels de McCarrick avant que les médias ne les rapportent, mais la déclaration est vraiment incroyable, à tel point qu'O'Malley lui-même dit qu'il est conscient du fait que tout le monde ne le croira pas.
Le tableau, comme on le voit, est terrifiant.
Et c'est dans ce climat que l'Église catholique, à Dublin, ouvre la grande rencontre mondiale pour les familles, au cours de laquelle on parlera à différents niveaux de moralité et de morale, y compris sexuelle.
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