Benoît XVI (le vrai!) est de retour
... et c'est une superbe nouvelle. Quelques réflexions sur la manipulation fraduleuse par le maître ès communication vaticane de la lettre de Benoît XVI (18/3/2018; mise à jour le 19)
Je n'ai pas eu l'occasion d'aller sur internet durant la journée d'hier, et le soir, de retour chez moi, lisant le dernier épisode (cf. Sandro Magister) de la falsification par le responsable de la communication du Vatican de la fameuse lettre de Benoît XVI, les bras m'en sont littéralement tombés. C'était bien pire que ce que nous avions cru inititialement. La falsification relevait en fait de l'escroquerie pure et simple.
Tous les détails sont donnés sur d'autres sites (toujours les mêmes, hélas, le risque est donc que l'information tourne en boucle et tombe dans l'oubli faute de relais), mais plutôt que de revenir sur les faits, désormais bien établis, remarquons que plusieurs très bonnes choses émergent de ce consternant pataquès:
- Les médias dits mainstream dans leur ensemble se sont révélés égaux à eux-mêmes: catastrophiques.
- Le rôle des blogs: C'est grâce aux blogs (circonscrits à un microcosme qui rendrait - paraît-il - leur influence inversement proportionnelle au bruit qu'ils font!), de quelques journalistes italiens, aussi courageux que curieux, que mes lecteurs connaissent bien, au premier rang desquels le grand Sandro Magister, ensuite relayés par l'agence Associated press qui malgré ses partis pris idéologiques a conservé (crédibilité oblige) un vrai sens du professionalisme, que la vérité a pu se faire jour. Les réseaux sociaux ont ensuite pris le relais (1).
- Le vrai visage du Pontificat (le personnage central, mais aussi ceux qui l'entourent) est apparu au grand jour, tel qu'il est vraiment: manipulateur, menteur, prêt à tout. Des yeux commencent à s'ouvrir. C'est une bonne chose
- Mais surtout: LE VRAI BENOÎT XVI EST DE RETOUR. Pour ceux qui en doutaient, il a gardé intacts son extraordinaire lucidité et son temparément batailleur lorsque l'Eglise est attaquée. Celui dont on craignait qu'il soit manipulé, voire prisonnier, réduit à une marionnette obligée de faire et dire ce qu'on lui dit de faire et de dire, a fait entendre sa voix (et quelle voix!!) pour rétablir les faits. Il pouvait difficilement aller plus loin, mais tout prouve qu'il était en colère - pour autant que puisse l'être une personne aussi réservée que lui -, et que la "continuité intérieure" qu'il évoque dans sa lettre n'est qu'une formule de politesse, qui cache à peine son vrai sentiment envers son successeur.
Nous aurons certainement l'occasion de lire d'autres analyses, mais en attendant, je laisse la parole au site <Cronacas de Papa Francisco>, qui a relevé dans la lettre un aspect passé il me semble inaperçu ailleurs:
Ce qui s'est passé est d'une gravité sans précédent parce que non seulement une partie importante du texte a été omise mais la signature d'une personne privée a été modifiée, un acte qui constitue un délit.
Dans la phrase de salutation, Benoît XVI avait expressément spécifié : «Je suis sûr que vous me comprendrez pour mon refus et je vous salue cordialement».
Ce «pour mon refus» a été supprimé du texte remis aux journalistes, et c'est un délit très grave.
Enfin, je voudrais souligner que la question (avec tout son refus pontifical), tourne autour de la manipulation de Veritatis splendor, la forteresse contre l'avancée hérétique de ceux qui interprètent Amoris Laetitae contre la doctrine éthique et morale de l'Église de toujours. Et, ne voulant pas aller trop loin, j'oserais douter des véritables intentions de la renonciation de Ratzinger, qui a montré ici qu'il tient encore tête à ceux qui ont toujours ramé contre lui, y compris pendant son pontificat.
Mise à jour (19/3)
(1) Aux Etats-Unis: sur Twitter, un hashtag #releasetheletter (publiez la lettre) est vite devenu viral parmi les Catholiques conservateurs, tandis que le scandale s'amplifiait, souligné par une trouvaille médiatique accrocheuse: le lettergate.
(d'après AP, NYT, 17 mars)
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