Dernières nouvelles du cardinal Pell
Son "affaire" est en ce moment examinée par la cour d'appel de Melbourne. Et l'accusation semble être en difficulté. Les précisions de Marco Tosatti (7/6/2019)
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Le Cardinal Pell au procès d'appel, la défense marque des points
Marco Tosatti
www.lanuovabq.it
7 juin 2019
Ma traduction
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Après la condamnation en première instance pour abus présumés sur mineurs, la Cour d'appel analyse actuellement l'appel de George Pell. L'accusation est en difficulté. L'un des trois juges note que le témoignage (changé à plusieurs reprises) de l'accusateur n'est pas suffisant à lui seul; et un autre juge doute de la fiabilité du récit des abus qui se seraient produits dans la cathédrale bondée immédiatement après la messe dominicale.
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Dans les prochains jours - quand, précisément, on ne le sait pas - les trois juges de la Cour d'appel rendront leur décision, c'est-à-dire si la première sentence condamnant le cardinal George Pell pour abus pédosexuel présumé sera confirmée ou infirmée. Dans ce dernier cas, le cardinal, qui vit en prison ce qu'il appelle "une retraite", sera libéré. Mais il est très probable, presque certain, que dans les deux cas, la bataille judiciaire sera transférée à la Haute Cour de justice australienne, pour une sentence définitive.
Telle est la situation, après deux jours où l'accusation et la défense ont combattu, en présence du cardinal, qui, vêtu d'un clergyman noir et d'une chemise à col romain, a tout suivi avec grande attention, prenant des notes, regardant attentivement les juges et échangeant des regards avec les membres de sa famille, dont son frère.
Les avocats de Pell (qui atotalement changé le collège de sa défense, après l'échec enregistré lors de la première sentence, et qui aura 78 ans demain, 8 juin) ont organisé une brillante campagne, avec un mémoire écrit, présentant treize "obstacles" majeurs qui auraient dû empêcher une condamnation. A la tête du collège, l'avocat Walker, a notamment déclaré que «le point le plus évident» du verdict de culpabilité, en soi «insatisfaisant», était l'absence de témoins du crime allégué.
Rappelons que le premier jury a complètement ignoré le témoignage d'un prêtre de la cathédrale, le père Charles Portelli, selon lequel il aurait été tout simplement impossible pour Pell de faire ce dont il est accusé, et qui a de toute façon déclaré qu'il était toujours avec lui ce matin-là. L'un des deux garçons - victimes présumées - est mort d'une overdose il y a quelque temps. L'autre, qui a maintenant entre trente et quarante ans, est un menteur et, il a des visions, selon l'avocat Walker.
Selon l'accusation, Pell, après l'une des premières messes célébrées en tant qu'archevêque de Melbourne, revêtu des parements liturgiques, aurait forcé les enfants de choeur à des rapports oraux dans la sacristie. Entre autre, tout se serait passé en quelques minutes, dans un endroit où il y a une agitation continuelle, surtout le dimanche matin. Lors du premier procès,la défense n'a pas été autorisée à montrer une vidéo préparée pour illustrer l'impossibilité physique de l'accusation. Et il a été souligné que l'accusateur avait à plusieurs reprises modifié les détails de son histoire, lorsqu'il est devenu évident que l'un ou l'autre élément ne pouvait être crédible.
Dans ce procès d'appel, l'accusation a été en difficulté et elle a dû essayer d'expliquer pourquoi la victime présumée n'avait mentionné l'épisode à personne, pas même à ses parents, depuis tant d'années. Et, bien sûr, le fait qu'il n'y ait aucun témoignage à l'appui de l'accusation devrait être un point faible. Ce n'est pas un hasard si l'un des trois juges, Mark Weinberg, a déclaré que se fier au témoignage de l'accusateur ne suffisait pas: «L'accusation doit être prouvée». «Ce que nous nous demandons, c'est si nous sommes convaincus hors de tout doute raisonnable par l'accusateur et si ce qu'il dit est hors de tout doute raisonnable». Quant au deuxième incident, dans lequel le cardinal est accusé d'avoir poussé le garçon de chœur contre un mur pour serrer ses organes génitaux, le juge Chris Maxwell a suggéré qu'«il était très improbable que l'archevêque n'ait pas été vu».
Mais en plus des faiblesses évidentes des déclarations de la victime présumée, le premier jour du procès, la défense de Pell a soutenu - comme par ailleurs beaucoup l'avaient affirmé - qu'il serait «physiquement impossible» de commettre ce crime dans une cathédrale bondée après la messe dominicale. Selon Walker, «le verdict représente une faillite inquiétante de notre système judiciaire, et la sentence devrait être annulée».
Il faut maintenant attendre la décision de la Cour d'appel. Et de toute façon, le climat, tant dans les journaux que dans l'opinion publique, est fortement anti-catholique. Jeremy Gans, juriste à l'Université de Melbourne, a déclaré que la session de jeudi et le barrage de questions posées par les procureurs renforcent l'espoir de nombreux experts que l'appel sera accueilli. En effet, la charge de la preuve incombe au procureur et le seul témoignage de la victime présumée n'a probablement pas semblé suffisant aux juges. Mais, comme nous l'avons dit, il est presque certain que la bataille se poursuivra au plus haut niveau, celui de la Haute Cour.
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