Une Eglise ultra-immigrationiste
Voici, rapporté par AM Valli, le message entièrement politique que les évêques italiens de la région de Rome demandent à leurs prêtres de lire pendant la messe de la Pentecôte. Dans le plus pur style bergoglien (6/6/2019)
Accueil des migrants: Les évêques du Latium à l'attaque
Aldo Maria Valli
www.aldomariavalli.it
5 juin 2019
Ma traduction
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Je suis entré en possession d'un document des évêques du Latium, à lire dans les églises pendant les messes dimanche prochain, à l'occasion de la Pentecôte. Je le propose ici en avant-première pour que vous puissiez vous en faire une idée.
D'après certains des commentaires que j'ai recueillis auprès de prêtres de Rome, le document soulève plus d'une perplexité.
L'un de ces prêtres, après l'avoir reçu de l'évêque dont il dépend (qui a précisé que le texte avait été «approuvé oralement» par le Pape), a commenté: «En tant que prêtre et chargé d'âmes, je trouve très difficile de le diffuser, car c'est un document à contenu politique et moi, en le lisant devant les fidèles réunis pour la Sainte Messe, je me trouverais au service d'un groupe politique, alors que j'ai donné ma vie au Seigneur, pas à un parti».
Et voici un autre commentaire: «Pendant des années, nous avons été inondés de messages papaux et épiscopaux pour diverses journées nationales et internationales, semblables à celles proposés par l'ONU et assimilés. Aujourd'hui, que la Pentecôte soit aussi réduite à une occasion de ce genre, cela me semble inacceptable, d'autant plus que le message des évêques du Latium est [utilisé à des fins] politiquement instrumental[es] et donc illégitime».
Enfin, un troisième prêtre déclare: «La doctrine catholique a toujours enseigné qu'il existe un ordo amoris, un ordre à donner à l'exercice de son propre amour. Un ordre que l'on peut résumer par l'expression "d'abord les proches et ensuite les lointains", comme le sait bien tout père ou mère de famille, appelé à s'occuper d'abord de ses enfants et ensuite éventuellement de ceux des autres. Le commandement évangélique de l'amour dit qu'il faut aimer tout le monde, mais comme il n'est pas possible d'aider tout le monde, il faut surtout pourvoir aux besoins de ceux auxquels Dieu nous a le plus étroitement liés, comme on le voit en pensant à la nature même de certaines relations, comme les relations familiales mais aussi celles d'amitié, culturelles, nationales. Le document des évêques du Latium apparaît quelque peu vicié par une vision idéologique marquée par la démagogie».
Chers fidèles des diocèses du Latium, nous voulons vous offrir quelques réflexions à l'occasion de la solennité de la Pentecôte qui nous montre l'icône de l'Annonce à Jérusalem entendue en plusieurs langues ; voyons-la comme le signe de la rencontre pacifique et joyeuse entre les peuples, qui actualise l'invitation du Ressuscité à annoncer vie et amour.
Malheureusement, au cours des mois écoulés, les tensions sociales de nos territoires, liées à la croissance inquiétante de la pauvreté et des inégalités, ont atteint des niveaux préoccupants. Nous désirons être proches de tous ceux qui vivent dans la pauvreté: les jeunes, les personnes âgées, les familles, les handicapés, les chômeurs et les travailleurs précaires, victimes des nombreuses dépendances de notre époque.
Nous savons bien que dans toutes ces dimensions de souffrance, il n'y a aucune différence: Italiens ou étrangers, tous souffrent de la même manière. C'est précisément à eux que va l'attention du cœur des croyants et - nous vous demandons de le croire - de l'option de fond de nos préoccupations pastorales.
Nous voudrions vous inviter à une prise de conscience renouvelée: chaque pauvre - de quelque pays, culture, ethnie qu'il provienne - est un enfant de Dieu. Les enfants, les jeunes, les familles, les personnes âgées à secourir ne peuvent être distingués en vertu d'un "avant" ou d'un "après" sur la base de l'appartenance nationale.
De certaines affirmations qui semblent «à la mode», pourraient surgir des germes d'intolérance et de racisme que nous devons, en tant que disciples du Ressuscité, être capables de rejeter fermement. Quiconque est étranger est comme nous, est un autre "nous" : l'autre est un don. Telle est la beauté de l'Evangile que Jésus nous a donné: ne laissons personne saper cette certitude granitique.
Nous désidérons donc vous inviter à poursuivre notre chemin de communautés, croyants à la fois par la prière et par des attitudes de service dans le témoignage d'une vertu qui a toujours caractérisé notre pays: l'accueil des autres, surtout quand ils sont dans le besoin. Essayons de vivre ainsi le défi de l'intégration que le phénomène inéluctable de la migration pose à nos cœurs: ne permettons pas qu'une «peur qui rend fous» comme l'a dit le Pape François, une peur qui ne saisit pas la réalité, nous envahisse; reconnaissons que le mal qui attaque notre sécurité vient en fait de toutes parts et doit être combattu par la collaboration de toutes les bonnes forces de la société, tant italienne qu'étrangère.
Nos diocèses, à travers les centres d'écoute de Caritas, et bien d'autres organismes de solidarité et de proximité, contribuent quotidiennement à soulager la situation des pauvres qui frappent à notre porte, accueillant leur détresse. Tant de choses ont été faites et tant d'autres encore doivent être faites, pour que l'accueil soit vraiment la réponse à une situation complexe et non une solution de convenance (ou pire, intéressée). Nous désirons que toutes nos communautés, dans un esprit de discernement, promeuvent une culture d'accueil et d'intégration, rejetant les accents et les tons qui nient les droits fondamentaux de l'homme, reconnus par les accords internationaux et - surtout - issus de la Parole évangélique.
Nous n'avons certes pas l'intention de cacher la présence de nombreux problèmes liés à la question de l'accueil des migrants, car nous connaissons certaines institutions que nous pensions concernées par l'accueil, mais qui n'ont pas donné le témoignage auquel on pouvait s'attendre. Nous souhaitons toutefois rappeler que lorsque les règles deviennent plus rigides et restrictives et que la reconnaissance des droits de la personne est rendue plus complexe, le nombre de situations difficiles, la présence de clandestins, de personnes à l'abandon augmentent de manière exponentielle, et on voit émerger le risque d'augmentation de situations illégales et d'insécurité sociale.
C'est pourquoi, chers frères et sœurs, nous nous sentons le devoir de faire appel douloureux à vous tous afin que, dans nos communautés, la culture du déchet et du rejet [dello scarto e del rifiuto, on reconnaît une des expressions favaorites du Pape] n'ait aucun droit, mais que s'affirme une culture "nouvelle", faite de rencontres, de recherche solidaire du bien commun, de sauvegarde des biens de la terre, de lutte commune contre la pauvreté. Invoquons pour nous tous le don incessant de l'Esprit, qu'il convertisse nos cœurs pour les rendre soucieux de témoigner d'un accueil profondément évangélique et de la joie de la fraternité, fruit concret de la Pentecôte.
Les évêques du diocèse du Latium
9 juin 2019, solennité de la Pentecôte
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