Le peuple catholique et la hiérarchie:
Le divorce... Encore un cri de douleur d'un prêtre de terrain, publié par AM Valli (4/6/2019)
Voir aussi (AM Valli):
¤ Les dubia d'un prêtre
¤ Les dubia d'un simple curé de paroisse
Ce n'est pas le premier, et ce n'est pas limité à l'Italie (qu'on pense au "curé madrilène" de Carlota ICI et ICI, au Père Longenecker ICI, au Père Ray Blake ICI). Sans parler de don Minutella.
Ce malaise, et même cette douleur, existent au sein de l'Eglise, ce n'est pas un fantasme d'extrêmistes nostalgiques, et au risque de faire hurler les papistes béats , le Pape (et ses conseillers) serait bien inspirés d'écouter leur appel.
Voici pourquoi le peuple ne se reconnaît plus dans ses pasteurs
Aldo Maria Valli
www.aldomariavalli.it
3 juin 2019
Ma traduction
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Aujourd'hui, je publie la lettre que m'a envoyée un jeune prêtre. Je la confie à votre attention et je n'ai pas besoin de la commenter parce qu'elle me semble très claire et très explicite. Je pense que le contenu est même dramatique et je remercie l'auteur de m'avoir écrit avec tant de passion. Malheureusement, le prêtre ne peut pas signer parce que, comme il me l'a expliqué, les "gardiens de la révolution" à l'oeuvre dans son diocèse le lui feraient payer, alors qu'il veut continuer à être prêtre et à prendre soin des âmes.
Il faut méditer auusi sur cette circonstance récurrente, c'est-à-dire que dans notre Église, quand on exprime des idées qui ne sont pas alignées sur la pensée dominante, il faut se protéger dans l'anonymat.
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Chers pasteurs, redevenez vous-mêmes !
Je suis un jeune prêtre de campagne et j'ai décidé de vous écrire pour vous faire part d'une forte préoccupation à propos du apport entre nos pasteurs légitimes et le peuple de Dieu formé par les fidèles et par nous simples prêtres.
Il me semble que dans cette phase historique, le Pape et les évêques récoltent ce qu'ils ont semé depuis quelques années avec leurs actions et leurs paroles, en d'autres termes la séparation et la perte de confiance de la part de la majorité des fidèles, en particulier de ceux qui participent régulièrement à la liturgie du dimanche. Avoir applati l'action de l'Eglise sur la seule dimension horizontale engendre une grave asphyxie spirituelle chez un peuple qui ne se reconnaît plus dans des guides qui, de plus, soutiennent manifestement des pouvoirs et des personnes qui ont toujours menacé la foi et les racines spirituelles de notre Europe ainsi que l'anthropologie chrétienne. Ce qui m'inquiète le plus, c'est que l'Église, dans sa haute hiérarchie, semble ignorer complètement ce détachement et cette dissidence de plus en plus plus large et profonde. Ces guides qui, ad intra, ne font l'éloge des laïcs que comme sauveurs de l'Église de demain sont les mêmes qui, ad extra, accusent les laïcs d'irresponsabilité et de racisme s'ils ne suivent pas une certaine ligne qu'ils disent imposer d'en haut.
Le problème de ce pontificat me semble être ici: il est ami des ennemis et ennemi des amis. Mais c'est précisément pour cette raison qu'il lasse. Et la patience, même celle des plus bienveillants, s'épuise. Le résultat est que l'on se sent abandonnés par ceux qui doivent nous défendre, par ceux qui semblent beaucoup apprécier les Soros, les Scalfari et les Bonino mais qui oublient les simples fidèles qui demandent à être confirmés dans la foi. Un vieux proverbe populaire enseigne: «Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es». Est-il possible qu'au sein de la hiérarchie, à quelques exceptions près, l'idée n'entre même pas dans l'antichambre du cerveau qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans le fait de jouir de certains consensus, de partager les luttes avec ceux qui ont toujours lutté pour l'effacement de Dieu de notre cœur? Est-il possible que nos pasteurs se trouvent si bien, en compagnie de ceux qui professent, dans le meilleur des cas, un humanisme athée ayant parmi ses dogmes la promotion de prétendus «droits» incompatibles avec notre foi? Est-il possible que nos pasteurs se sentent tellement à l'aise en ayant comme compagnons de route ceux qui professent un «salut sans l'Evangile»?
Les résultats de ces dernières élections ont clairement établi que la séparation entre les pasteurs et le peuple de Dieu est désormais une réalité tragique, aggravée par le fait que la hiérarchie ne veut apparemment pas en prendre acte. Dans la tête des pasteurs, et justement de la part de ceux qui, en paroles, veulent paraître si «populaires» et avec l'odeur des brebis sur eux, il y a en réalité toujours l'idée, typique des disciples des Lumières et des clercs, que le peuple, quand il décide d'une manière différente de la ligne indiquée par l'intelligentsia moderniste et progressiste, «ne comprend pas». Mais comment font-ils pour ne pas se rendre compte que les brebis, les vraies, leur ont déjà tourné le dos et disent désormais sans hésitation: chers pasteurs, pour nous vous êtes sans importance, vous comptez pour rien; Dieu est avec nous, pas avec vous!
Je ne suis pas historien de l'Église, mais je crois que la séparation entre le peuple et le clergé subalterne d'une part, et le haut clergé d'autre part a rarement été aussi marquée qu'aujourd'hui.
Nous, simples prêtres et simples fidèles, nous ne demandons pas une «révolution», un «changement de paradigme», une «Église de François». Nous en avons assez des paroles creuses et des slogans idéologiques. Nous demandons seulement la fidélité à l'Evangile et l'annonce du salut que Jésus Christ nous a donné. Nous ne voulons pas d'une Eglise dont l'objectif semble être de nous faire sentir coupables si nous ne soutenons pas l'ouverture des ports et l'accueil aveugle et insensé de tous les migrants. Nous ne voulons pas d'une Église qui nous accuse de façon obsessionnelle si nous ne disons pas que nous sommes en faveur du dialogue à tout prix avec les musulmans et si, suivant l'invitation de Jésus, nous faisons du prosélytisme. Nous ne voulons pas d'une Église qui nous fasse nous sentir exclus si nous ne votons pas pour des partis alignés sur les diktats de l'Union européenne. Nous ne voulons pas d'une Église qui nous accuse d'être «sans cœur» quand nous sommes au minimum perplexes devant le geste irresponsable d'un aumônier pontifical [Le geste "révolutionnaire" de l'homme du Pape], quand nous voyons notre Pape souriant satisfait de recevoir un crucifix blasphématoire avec un marteau et une faucille comme cadeau, quand nous l'entendons dire qu'il se fiche de la politique italienne et que le peu qu'il en sait, il l'apprend en lisant L'Espresso. Nous sommes las.
Chers pasteurs, vous ne devriez certainement pas être surpris si, à force d'être toujours du mauvais côté, vous vous retrouvez avec un peuple qui ne vous considère plus comme des guides fiables et qui va à la recherche d'autres points de référence. Et vous ne pouvez pas écarter d'un haussement d'épaules le fait que ce n'est pas tant «votre» peuple. Ce n'est pas vrai! Ce peuple las et désorienté est votre peuple! C'est un peuple qui s'émeut quand il pense à saint Jean Paul II et à Benoît XVI et qui ne comprend pas la situation actuelle. Un peuple qui aime et souffre pour l'Église, parce qu'il la voit à la merci de forces qui n'ont rien à voir avec la tradition chrétienne. Un peuple qui, malgré tout, ose regarder vers le haut en espérant un miracle, parce que ce peuple croit encore aux miracles.
Un jeune prêtre
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