Lettre de Benoît XVI, réactions (VII)
Les critiques continuent de pleuvoir - Dernière infamie française. Heureusement, il y a Tosatti! (14/4/2019)
Les attaques contre Benoît XVI ne s'apaisent pas (en Italie, mais pas seulement, comme nous l'avons vu, et comme on le voit encore aujourd'hui [*]). Ils veulent le réduire au silence, et le même raffut se reproduira tant qu'il vivra. Après avoir mis en doute la paternité du texte, pourtant si évidemment ratzingérien, voilà que - ignominie suprême - "ils" s'en prennent à sa santé mentale. Il est temps que qu'un dise: en voilà assez!! Et pourquoi pas le Pape lui-même, qui aime tellement (quand cela l'arrange) le "grand-père sage" de Mater Ecclesiae?
Heureusement, il y a Tosatti, et quelques autres, trop rares, pour parler au nom de ceux, innombrables, qui aiment Benoît XVI, mais qui n'ont aucun accès aux médias
Ces allusions à la santé de Benoît XVI
Marco Tosatti
www.lanuovabq.it
14 avril 2019
Ma traduction
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Après la publication de ses "notes" sur les abus sexuels, les réactions contre le Pape Benoît XVI ne cessent pas. Aujourd'hui, pluieurs commentateurs tentent d'insinuer des doutes sur la santé mentale de Ratzinger afin de soutenir l'idée d'un complot anti-François. Une pitié.
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Massimo Franco, dans le Corriere della Sera du 12 avril, écrit à propos des notes sur les abus rédigées par Benoît XVI et publiées ces derniers jours: «Benoît a envoyé les dix-huit pages et demie sur la pédophilie "pour information de courtoisie" au Secrétaire d'Etat, le Cardinal Pietro Parolin, avant la rencontre mondiale des conférences épiscopales, pour les faire connaître aussi à François. Et avec une lettre postérieure à ce sommet, il leur a fait savoir à tous les deux qu'il voulait les rendre publiques, recevant le feu vert» (cf. Genèse de la lettre de Benoît XVI ).
Massimo Franco est un homme d'honneur, et cette clarification est centrale pour toute l'histoire. Joseph Ratzinger avait préparé ces pages en vue du sommet; et l'envoi à la Secrétairerie d'Etat, et par conséquent au Souverain Pontife, pouvait constituer une suggestion délicate, et non explicite précisément par délicatesse, de les utiliser comme l'un des outils préparatoires au sommet. Il n'en fut rien - pourquoi, nous ne le savons pas, et nous ne le saurons probablement jamais. Mais ce n'est que plus tard qu'il a été décidé de les publier - un mois et demi après ce sommet, que beaucoup ont qualifié de non concluant - dans une petite revue allemande, et dans le Corriere della Sera. Ce qui aurait peut-être pu être réservé seulement à la "crème" des Conférences épiscopales mondiales est devenu de notoriété publique.
Provoquant des réactions désordonnées. Nous en avons déjà parlé et nous y reviendrons. Pourquoi? Personne en pleine possession de ses facultés mentales, pas même parmi les descamisados [cf. wikipedia: Descamisados est le nom donné en Espagne, de 1820 à 1823, à la fraction la plus violente du parti démocratique; ce mot, qui veut dire «sans chemise», répond au mot «sans-culottes» français] hyper-excités bergogliens, ne peut penser que Benoît XVI est le référent de groupes (mais lesquels? Des noms, s'il vous plaît) visant à la destruction d'un Pontificat si heureusement [!!] régnant. Ce qui, entre autres choses, a beaucoup dérangé, c'est la logique et la rationalité d'un document indiquant les responsabilités et les processus qui ont favorisé les abus; et parmi ceux-ci, également le climat de "clique" homosexuelle dans les séminaires. Un document rationnel, tellement lucide (qu'on le partage ou non, c'est un autre discours) qui souligne le vide des arguments évoqués de manière sporadique et générique par le sommet: cléricalisme, nature humaine, pouvoir, etc. Jusqu'à l'annulation totale de ce mot: homosexualité qui par ailleurs émerge avec une opiniâtreté déconcertante, embarrassante, des caractéristiques des victimes, de la typologie des abus et des chiffres.
Hier, nous avons rapporté certaines des voix des fans du pontificat actuel. Il nous manquait Gianfranco Svidercoschi [journaliste italien, vaticaniste, apparemment proche de Jean-Paul II], qui affirme: «Une première question, incontournable, se pose, après avoir lu les dix-huit pages et demie que le Pape émérite a écrites pour un mensuel allemand sur l'"Église et le scandale des abus sexuels". Et la question est évidemment liée à l'état de santé précaire, pas seulement physique, de Joseph Ratzinger: Mais Benoît XVI est-il vraiment l'auteur matériel du très long texte?»
«Et, si quelqu'un peut répondre de manière crédible oui - poursuit Svidercoschi - une deuxième question: mais pourquoi l'a-t-il fait? Pourquoi ne s'est-il pas limité à transmettre ces "notes" au Pape François? Le fait qu'aient été informés, comme cela a été dit, tant le Secrétaire d'Etat, Parolin, que François lui-même, n'atténue en rien la gravité d'un geste qui, venant après le sommet sur la pédophilie, sera inévitablement interprété comme une critique des conclusions du sommet du Vatican, sinon comme une attaque contre François».
Comme nous l'avons lu plus haut, les questions de Svider[coschi] ont trouvé réponse. Il est toutefois intéressant de noter la référence à l'état de santé précaire. Parce qu'un bergoglien de fer comme Luis Badilla, directeur de "Il Sismografo", y fait lui aussi allusion. Badilla parle d'un "cercle blindé" qui entourerait le pape émérite (mais lequel ?). Et ensuite, il attaque les critiques possibles du Souverain Pontife: «On n'utilise pas les crimes et les péchés à d'autres fins, comme semblent le faire certains analystes et commentateurs du texte de Benoît XVI. Sur cette question, certaines personnes proches du Pape émérite doivent clarifier de nombreux comportementsinstallés depuis plusieurs années. Ce serait aussi une authentique loyauté envers le Pape François et toute l'Église. L'utilisation de la tragédie des abus pour des luttes internes de pouvoir, d'influence et de carrière est une violence supplémentaire déversée sur les victimes qui, à ce stade, disparaissent parce qu'elles deviennent des marchandises anonymes d'échange dans les guerres entre gangs et les "cordées". Ce que le Pape émérite aurait écrit est très bien. Respectable, même quand on n'est pas d'accord avec chaque passage. Ce peut être une bonne contribution à la lutte contre ce fléau. Il faut cependant ajouter, en faisant preuve de bon sens, qu'il n'est pas bon que certaines personnes aient voulu utiliser un phénomène aussi dramatique que la pédophilie cléricale pour leurs petits jeux, se cachant derrière un homme et un prêtre comme Joseph Ratzinger qui mérite un respect et une affection sans bornes, surtout dans les moments de dure vieillesse et de maladie grave».
Oublions - mais seulement un instant - pour le bien de l'Église le problème de ceux qui ont utilisé, et utilisent, des protagonistes d'abus ou de dissimulations (McCarrick, Zanchetta, Maradiaga, pour ne citer que les plus récents) pour des questions de pouvoir. Voyons ce qu'il en est de cette obssession pour la maladie grave. Physique, peut-être; mais le cerveau de Benoît XVI est lucide, comme en témoigne quiconque entre en contact avec lui. Il n'a pas été traité depuis des années pour des problèmes liés à la tête. Il ne présente aucun symptôme d'instabilité ou de déséquilibre. Ou des comportements qui peuvent amener à soupçonner la présence d'un syndrome bipolaire. De quelle maladie ces défenseurs onctueux - en paroles - du pape émérite veulent-ils parler ?
(*) Dernière infamie française
Je lis ce matin avec une lassitude mêlée de dégoût un article du Parisien. Son auteur, dont je ne veux même pas citer le nom, ignore absolument tout de l'Eglise, au point que pour désigner Benoît XVI, voulant sans doute éviter une répétition malvenue, elle l'appelle "l'ancien prélat"!!!
Son pauvre papier commence par ces mots:
«Est-ce la lettre de trop pour les catholiques écœurés par les affaires de pédophilie au sein de l’Église? Deux jours après sa publication dans une revue chrétienne allemande, le texte de 18 pages signé par Benoît XVI, le prédécesseur du pape François, ne passe pas. "Quelle misère intellectuelle, désespérant", "la bigoterie absolue", "totalement déconnecté"… Les réactions oscillent entre stupéfaction et consternation.»
La suite est du même tonneau, si j'ose dire: pitoyable. Une tête de linotte (si j'en juge par les imbécillités qu'elle a écrites) fustigeant la "misère intellectuelle" d'un des esprits les plus puissants du moment!
Encore un mot: au cas où cela aurait échappé à tous ces vertueux mais tardifs défenseurs des victimes, la lettre était destinée à un public de prêtres (le support étant non pas une simple "revue chrétienne", comme elle l'écrit, mais un mensuel destiné au clergé). Benoît XVI n'avait donc pas de raison de demander pardon pour la (n+1)-ième fois auxdites victimes.
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