Après l’article que j’ai traduit hier, dénonçant la douteuse opération commerciale sur le dos de Benoît XVI (Benoît XVI/Odifreddi: le Saint-Père n’a même pas lu le livre!), AM Valli prolonge le débat sur son blog à travers la lettre d’un ecclésiastique âgé (puisqu’il dit fréquenter les sacristies depuis 50 ans) qui signe Un Ministro ordinato di santa romana Chiesa. Il est ou peut sembler être excessivement sévère envers ceux qui ont permis cette ignominie – y compris Benoît XVI lui-même! Il est vrai que prises au premier degré, les choses sont incompréhensibles, et le rôle de Mgr Gänswein pour le moins étrange. A moins que l’on adopte la théorie d’Andrea Cionci, celle du fameux « code Ratzinger »: « Ou vous croyez, ou vous ne croyez pas ». L’énigme du « pape empêché »: et si c’était vrai?

Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes.

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Matthieu 10:16

Affaire Odifreddi-Benoît XVI

Par pitié, un peu de prudence ! Pourquoi laisser un pape être instrumentalisé de la sorte ?

Après avoir lu le bel article de Fabio Battiston, « Odifreddi, Benoît XVI et ce dialogue qui n’a jamais eu lieu », je voudrais faire quelques considérations.

Ce qui s’est passé, comme il ressort clairement de l’article, c’est que le mathématicien a instrumentalisé la figure de Ratzinger dans au moins deux buts, du moins à ma connaissance : a) garantir les ventes du livre, donc un bon profit, en exploitant un nom aussi excellent que celui de Ratzinger (ainsi que celui de Ravasi) ; b) pouvoir se vanter d’avoir battu en matière de savoir quelqu’un de la trempe du théologien suprême Ratzinger, qui n’a pourtant eu que peu d’occasions (en fait une seule) pour répondre.

Or, il me semble que nous en sommes toujours au même point, douloureux: pendant que les autres, les ennemis de Dieu, font leur travail, nous qui sommes ses enfants ne faisons pas le nôtre.

Le travail d’Odifreddi consiste à dénigrer Dieu et son Église, et avec quel zèle il s’en acquitte ! A tel point qu’il pensait même faire échec et mat au pape Benoît !

Au contraire, le pape adopte une attitude accueillante et permet assez naïvement au mathématicien de publier ces contenus dégoulinants de mépris pour Dieu et de dérision pour ceux qui entendent le vénérer.

Cela me fait mal de le dire : moi qui suis un pauvre homme et un serviteur indigne du Christ, je vois aussi dans cette affaire la naïveté habituelle, déconcertante, colossale des membres de l’Église, Ratzinger compris. Une naïveté qui a causé des dommages incalculables, surtout depuis le siècle dernier.

Il aurait suffi à Ratzinger de dire non à la demande de publication de ces dialogues (mieux : monologues) [ndt: mais le pouvait-il?]. Au contraire, il l’a autorisé malgré la connaissance de leur contenu absolument irrévérencieux et offensant, précisément à l’égard du pape. Bien sûr, il n’a pas donné son consentement directement, mais, voyons : déléguer l’approbation à quelqu’un comme Ravasi ? Trêve de plaisanterie, allons donc!

Malheureusement, depuis le jour où je fréquente les sacristies (plus de cinquante ans maintenant), je ne vois que des membres de l’Église (de tous rangs), naïfs au possible, qui croient qu’accueillir ce genre de personne les aidera à une fantomatique conversion. Au contraire, cette main tendue est perçue par le monde comme une faiblesse et le monde en profite, comme l’a fait Odifreddi.

Où est passée cette parole du Christ sur la prudence (qui devrait aussi se traduire par la sainteté de la ruse) du serpent et la simplicité de la colombe (Mt 10,16) ?

À ce stade, Benoît XVI a été, comme toujours, un champion de la simplicité, mais il aurait dû l’équilibrer avec la sagacité et la prudence – au moins un peu ! – en reconnaissant la véritable intention du mathématicien, à savoir ne pas chercher la vérité mais la souiller en humiliant l’un de ses plus grands représentants dans le monde [ndt: je réitère ma question: le pouvait-il?].

J’espère que désormais, le pape Benoît n’acceptera plus de telles confrontations, compte tenu également de l’état précaire dans lequel il se trouve (comme il le dit lui-même). Aussi parce que s’il continue à dire oui, ce seront forcément des personnes de son entourage qui décideront pour lui. Et Dieu nous en préserve !

N’oublions pas que ce n’est pas seulement Ratzinger qui a été trompé : nous tous, fidèles, sommes obligés de voir comment notre pape bien-aimé est humilié et, à travers lui, notre foi.

Un Ministro ordinato di santa romana Chiesa

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