Les belles images [1] du patriarche bienveillant et serein entouré d’une famille aimante [Un magnifique (et riche de symboles) portrait de Benoît XVI] se heurtent à celle, très émouvante et qui serre le cœur, d’un vieil homme fragile comme du cristal (mais intellectuellement extrêmement lucide et resté un observateur attentif et aiguisé de la vie de l’Eglise) publiée ces jours ci par la Fondation vaticane Joseph Ratzinger/Benoît XVI, où on le voit en fauteuil roulant dans les jardins du Vatican entouré de deux religieuses et accompagné du cardinal Müller.

Certes, celui qui avait annoncé dans son discours d’adieu, le 27 février 2013, qu’ « il ne descendait pas de la Croix » (La dernière catéchèse), tient parole, et d’autres se chargent de le lui rappeler en rajoutant des clous et des épines (Quand s’arrêtera la persécution contre Benoît XVI?).
Cet article de Nico Spuntoni sur le quotidien Il Giornale remonte à deux semaines, et l’informations a déjà circulé dans différents sites francophones. « Ratzinger souffre pour l’Eglise », nous dit Peter Seewald. Certes, et il y a de quoi. Par contre, il est douteux que ce soit la seule situation de « son Eglise » en Allemagne qui l’inquiète… C’est une interprétation « religieusement correcte » destinée à ne pas heurter la susceptibilité de François. Mais Benoît a certainement bien d’autres sujets d’affliction pour l’Eglise.

(…) Seewald a confié avoir été reçu en audience par le pape émérite ce mois-ci et avoir eu l’impression que le vieux théologien souffre beaucoup de « la situation actuelle de l’Église » au point de confesser que « peut-être Dieu le voulait encore ici pour témoigner au monde ».

« Dieu le veut encore vivant… ». Témoignage sur Ratzinger et l’Eglise

Nico Spuntoni
Il Giornale (www.ilgiornale.it)
29 octobre 2022

Le biographe Peter Seewald a raconté sa récente rencontre avec le pape émérite au Vatican. Et il a révélé sa souffrance pour l’Église

Il y a plus de neuf ans, lorsqu’il a renoncé à l’exercice du ministère pétrinien, Benoît XVI a déclaré que ses forces n’étaient plus adaptées à ce rôle, notamment en raison de son âge avancé. Aujourd’hui, à 95 ans, le pape émérite est physiquement très faible mais, comme en témoignent tous ceux qui ont eu le privilège de le rencontrer, y compris récemment, il continue à avoir un esprit extrêmement lucide. Et il continue à s’intéresser à la vie de l’Église car, comme il l’a précisé lors de la dernière audience de son pontificat, en choisissant de démissionner, il n’a pas abandonné la croix.

Un précieux témoignage sur ce que pense Ratzinger aujourd’hui nous est parvenu cette semaine d’Espagne et précisément de l’Université Ceu San Pablo de Madrid où un congrès a été organisé pour célébrer son 95ème anniversaire. Le pape émérite a adressé ses salutations et une bénédiction pour l’événement organisé par l’Instituto CEU de Humanidades Ángel Ayala et la Fondation Christiana Virtus et a salué la volonté de « discuter de certaines questions fondamentales auxquelles la théologie doit faire face aujourd’hui ».

Mais plus encore que le message de Benoît XVI lui-même, c’est la révélation faite à son sujet par l’un des intervenants, Peter Seewald qui est la plus intéressante. Le journaliste allemand n’est pas un personnage quelconque : il est, en effet, LE biographe par antonomase de Ratzinger auquel il est lié par des années d’amitié et de fréquentation et avec lequel il a également écrit plus d’un livre-interview. Lors du congrès espagnol, Seewald a confié avoir été reçu en audience par le pape émérite ce mois-ci et avoir eu l’impression que le vieux théologien souffre beaucoup de « la situation actuelle de l’Église » au point de confesser que « peut-être Dieu le voulait encore ici pour témoigner au monde ».

Une description qui, bien qu’elle n’ait pas été officiellement confirmée, semble correspondre à ce que Mgr Georg Gänswein, secrétaire personnel de Ratzinger, a déclaré il y a quelques mois lors de la célébration du 95e anniversaire qui s’était tenue à Munich, dans la salle Hubertus du palais de Nymphenburg. À cette occasion, c’est un préfet de la Maison pontificale ému qui avait dit qu’en 2013, il n’aurait jamais pensé que  » le dernier bout de chemin entre le monastère et les portes du ciel où se tient Pierre pouvait être aussi long « .

Il est significatif que le cardinal Reinhard Marx, pourtant successeur de Ratzinger à Munich, n’ait pas assisté à cet événement. Le cardinal allemand est le principal artisan du parcours synodal à travers lequel l’épiscopat allemand demande à Rome – et parfois exige – des changements de plus en plus radicaux dans la doctrine. Et ce n’est pas un mystère que la situation de « son » Église allemande est précisément l’une des plus grandes préoccupations du pape émérite de 95 ans.

NDR

L’image en meilleure définition (comme promis) sur un site espagnol:
https://www.religionenlibertad.com/images/carpeta_gestor/archivos/2022/11/04/CuadroPapa.jpeg

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