Superbe édito de « Paix liturgique » qui cite trois victimes françaises des purges miséricordieuses (respectivement NN.SS. Ravel, Aupetit, Rey), et bien sûr Mgr Strickler. Les deux premiers ont eux-mêmes tendu le cou à la hache du bourreau, en présentant leur démission, à la différence des deux autres. Des actes de violence arbitraire sans précédent, mais qui ont au moins le mérite de mettre les choses au clair:

(…) les masques tombent. Si le fidèle évêque évincé conserve l’aura du martyre, le Pontife déchainé exhibe ses prétentions méphitiques. Celui qui, depuis 2020, a cessé de se percevoir comme le Vicaire du Christ fait son coming out.

EXISTE-T-IL ENCORE UN DROIT AU SEIN DE L’EGLISE CATHOLIQUE ?

Le Général De Gaulle, paraît-il, ne nommait pas un ministre de la toute jeune cinquième république sans exiger du promu une lettre de démission non datée. A ce jeu de l’estrapade virtuelle répondait une nécessité, celle de pouvoir écarter du gouvernement en place un trublion, un indocile, un incapable. Soit.

En pratique, celui qui rompait l’unisson avait l’élégance de s’exclure lui-même sans qu’on l’y forçât. Ce geste d’autocritique évitait une mise à la porte mortifiante, tout en écartant du Chef de l’Etat l’opprobre d’un choix initial malencontreux.

La précaution prise par l’homme du 18 juin 1940 n’était pas sans prudence, eu égard aux alliances créées par les rapports de force obscurs et changeants. On fait comme on peut pour tenir ses troupes.

L'ancien métier de bourreau en Nouvelle-France — The French-Canadian  Genealogist

Mais dans l’Eglise Catholique, la démission d’un évêque suppose une faute grave, à établir, ou l’âge de 75 ans, conçu comme le naufrage des capacités pastorales. Ou encore quelque grave incapacité physique ou mentale. Bref, c’est examiné au cas par cas…

Le 27 mai 2023, Mgr Luc Ravel voyait sa démission acceptée par le Saint-Siège. Pourtant, il n’était concerné par aucun des motifs rappelés ci-dessus. Nommé archevêque de Strasbourg en février 2017 par le pape François, l’ancien évêque aux armées s’est laissé écarter sans combattre, suite au désamour de celui qui l’avait promu. Le fait du Prince ; profil bas. La paix à tout prix. Mais Strasbourg n’a plus d’évêque en titre.

Le 2 décembre 2021, Mgr Aupetit constatait que sa démission du siège épiscopal de Paris n’était pas refusée, contrairement aux assurances reçues de la part de belle âmes bien informées, mais au contraire actée, et aggravée de sarcasmes bergogliens lors d’un voyage en avion [cf. Mgr Aupetit: l’insupportable dérapage du Pape]. C’est peu dire que le classement sans suite après instruction, le 14 septembre 2023 [cf. Mgr Aupetit totalement « blanchi »], n’a pas reçu une médiatisation équivalente à celle des soupçons forgés à son encontre. Au fait, quel souverain Pontife l’avait-il désigné, en 2017, pour l’Archevêché de Paris ? Sinon celui qui le piégeait quatre ans plus tard… Depuis l’affaire Aupetit, et sa vacuité, se démettre, c’est s’exposer au sabordage.

Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon depuis l’année 2000, a vu bloquées depuis la promotion 2022, les ordinations sacerdotales et diaconales de ceux qu’il avait, de plein droit, appelés en mission pour son diocèse. Au mépris des termes de Lumen Gentium, première constitution dogmatique du Concile Vatican II. A juste titre, l’évêque mis sous tutelle conteste la maltraitance qui le frappe, ainsi que ceux qui sont sous sa juridiction. Il ne se démettra pas. Il ne tiendra pas l’arme du crime gratuit dans sa propre main. Que son détracteur en chef assume d’être le sujet grammatical et efficient de l’action dégradante.

Mgr Strickland, nommé évêque de Tyler (Texas) fin 2012 par Benoit XVI, a refusé la démission exigée par Rome le 9 novembre 2023. Deux jours après, l’Ordinaire courageux, à 65 ans seulement, n’est plus évêque de Tyler. Il conserve néanmoins la plénitude du sacerdoce, mais n’a plus de troupeau (Lumen Gentium §27) à paître. Le pape régnant n’a pas aimé que son propre travail de sape dans l’Eglise, et celui d’un synode à sa botte, soit dénoncé par un successeur et délégué du Christ (LG §27).
Lorsque La Croix du week-end dernier parle d’une « chute inévitable », en relation avec cet affrontement, il est révélateur de la part d’un media œuvrant à la même sape que Bergoglio d’exonérer le bourreau et d’accabler la victime. Déclarée inévitable, la chute dispense de chercher qui a poussé l’autre ?

Toute institution, et René Girard (1923-2015) n’aurait pas dit le contraire, cherche à masquer sa propre violence, car toute démonstration de force illégitime a pour effet d’insécuriser les rouages de l’institution elle-même. La répugnance à frapper arbitrairement n’a pas d’autre origine. A fortiori quand la boutique a pour mantra « ad extra » l’amour inconditionnel des « todos, todos, todos ». Seul le chef qui ne craint plus rien ni personne peut risquer son va-tout.

Enfin les masques tombent. Si le fidèle évêque évincé conserve l’aura du martyre, le Pontife déchainé exhibe ses prétentions méphitiques. Celui qui, depuis 2020, a cessé de se percevoir comme le Vicaire du Christ fait son coming out. Mgr Overbeck [évêque d’Essen, figure de proue du Synodal weg] en rêvait, Bergoglio le fait. Les tenants de la Tradition Apostolique peuvent faire leurs valises. La curée change d’échelle. Qui va retenir le bras du massacreur ?

Lettre 979 du 23 novembre

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