Les explications érudites de Luisella Scrosatti (un peu tirées par les cheveux…? peut-être, mais c’est l’exégèse qui parle) sur le nombre mystérieux et fascinant qui apparaît dans le livre de l’Apocalypse. On découvre (enfin, je découvre) que l’une des interprétations des Pères de l’Eglise se fonde sur la « gématrie » – un mot savant désignant une méthode dont la version actualisée renvoie aux fameux codes ASCII (American Standard Code for Information Interchange) qui en informatique attribuent à chaque caractère un nombre de 0 à 255 qui l’identifie (666 renvoyait, selon cette interprétation, à l’empereur Néron, persécuteur impitoyable des chrétiens et figure de l’antéchrist).

Rappel sur ce site


En additionnant les codes ASCII associés aux lettres du nom BERGOGLIO, on obtient… 666,
rien de moins que ce que l’Apocalypse appelle « le nombre de la bête » 

La marque de la bête

Luisella Scrosati
lanuovabq.it/it/il-marchio-della-bestia

S’il est clair que la Bête est l’antéchrist, il a plusieurs interprétations du nombre 666 qui toutefois ne s’excluent pas : l’homme qui se fait Dieu (un trans-homme), le pouvoir absolu de la techno-science, la grande persécution contre les chrétiens. Le fait réconfortant est de savoir que Babylone est néanmoins destinée à s’écrouler sur elle-même.

(…) La réflexion sur les chapitres centraux du livre de l’Apocalypse ouvre une perspective intrigante sur la grande épreuve à laquelle l’Église est appelée à faire face à la fin des temps. Depuis l’incarnation du Verbe divin, le faussaire, le malin, est déjà à l’œuvre sur la terre, non seulement pour tenter l’homme – activité qu’il exerce avec brio depuis les origines de la création de l’humanité – mais pour organiser un christianisme inversé. C’est pourquoi saint Jean met en garde : « Vous avez entendu dire que l’Antéchrist allait venir ; or, plusieurs Antéchrists sont déjà apparus » (1 Jn 2,18).

Le baptême du Seigneur Jésus récapitule et accomplit toutes les préfigurations de l’Ancien Testament et donne naissance à une nouvelle création. Le baptême du Christ est le commencement de tout baptême sacramentel : ceux qui s’immergent avec lui dans les eaux baptismales seront unis à lui, l’Esprit Saint descendra sur eux et ils entendront la voix du Père. L’Église catholique enseigne que, par le baptême, nous sommes soustraits au pouvoir du malin et devenons la propriété du Seigneur qui nous a rachetés, luttant pied à pied avec le diable, notamment dans son agonie. C’est le sens du caractère indélébile conféré par ce sacrement.

Avec cette « révision » en tête, revenons au chapitre 13 du livre de l’Apocalypse.

Le premier verset présente la bête montant de la mer. Le verbe grec que nous y trouvons est la déclinaison verbale ἀναβαίνω (anabainō), dont nous tirons le verbe utilisé dans Matthieu 3:16 pour indiquer que Jésus sort de l’eau. Le parallèle est évident : Jésus et la bête, le Christ et l’antéchrist sortent tous deux de l’eau, s’affrontent pour se disputer l’humanité, donnent naissance à une nouvelle création (Église/Babylone) et établissent tous deux le sacrement qui imprime le caractère. Il va de soi que, dans le cas de la bête, il s’agit de simples imitations de l’œuvre de Dieu, mais elles ne sont pas sans importance pour autant.

C’est dans ce cadre que s’inscrit l’apposition de la fameuse « marque » de la bête, que nous trouvons dans l’Apocalypse 13:16-18. Cette marque est le pseudo-sacrement par lequel la bête marque les siens et par lequel on devient membre de l’anti-église, Babylone ; il est bien évident que cette marque constitue la condition nécessaire pour avoir une vie active dans Babylone :

« Elle fit… que nul ne pouvait acheter ou vendre sans avoir une telle marque ».

*

(Ap 13,17)

Le point qui a toujours fait l’objet de diverses interprétations, passées et récentes, est le fameux chiffre : 666.

  • Un premier courant d’interprétation voit dans la répétition ternaire du chiffre 6 une sorte de « déification » de l’homme. Dans le récit de la Genèse, l’homme est créé le sixième jour : 6 est donc le chiffre qui l’identifie ; trois fois six indique le « transfert » de l’homme dans la sphère de la perfection divine, une élévation qui ne se fait évidemment pas par la grâce ; ou – si l’on préfère – cela indique un surhomme, ou même un trans-homme. L’homme se perfectionne, s’élève et se dépasse en recevant cette marque. Cette ligne d’interprétation nous permet de bien reconnaître le sifflement séducteur du serpent en Eden : « tu deviendras comme Dieu » (Gn 3,4). Tel est le projet du dragon, à travers la bête, pour l’homme : une nouvelle condition de vie qui libérerait l’homme de ses limites, de ses imperfections, de la maladie et de la mort.
  • Mais la marque est aussi un nombre. Dans le royaume de Babylone, l’homme est réduit à un numéro. La réalité de l’homme est comprise exclusivement selon des catégories matérialistes et mécanistes ; ce qu’il doit craindre ou espérer est déterminé par des algorithmes. Le modèle théorique supplante la réalité, ce qui est artifice technique est toujours et nécessairement meilleur que ce que l’on trouve dans la création. C’est par essence la dictature de la techno-science, seule « vérité » admise dans le débat public, seul fondement de la vie sociopolitique. L’homme n’est qu’une pièce d’équipement et, en tant que tel, il est identifié par un numéro de série, dans une dépersonnalisation radicale. Que la marque se matérialise par un laissez-passer [passeport] numérique ou quelque chose d’approchant n’est pas étranger à cette interprétation. Un fait qui ne semble plus si éloigné et farfelu, compte tenu des récents exercices d’entraînement de masse.
  • L’interprétation la plus privilégiée par les Pères, en revanche, est celle d’un décodage selon les règles de la gématrie [ndt: procédé que l’on rencontre dans la Bible et chez les Pères de l’Église, qui consiste à relier un nombre à un mot dont on additionne les valeurs numériques et symboliques de chaque lettre… ce que l’informatique appelle code ASCII, précisément!! ] ; dans ce cas, 666 indiquerait un nom dérivé de la somme de la valeur numérique des lettres qui composent ce nom.
    Parmi les différentes hypothèses, celle de l’empereur Néron Claudius Caesar Augustus (37-68 ap. J.-C.) prévaut. En effet, si l’on additionne la valeur numérique des lettres hébraïques formant le nom Néron César (NRWN QSR), on obtient précisément 666. La première persécution des chrétiens par Néron, qui semble être la référence immédiate du livre de l’Apocalypse, n’a pas été comprise comme un simple événement historique conclu, mais comme le type de toute persécution et, surtout, de la grande persécution finale. Néron reviendrait d’une manière ou d’une autre pour détruire Rome et conquérir le monde ; un nouvel « empereur » puissant, impitoyable et lucidement fou qui accuserait les chrétiens d’être les ennemis de l’humanité et lancerait la dernière grande persécution.

Il est clair que ces interprétations ne s’excluent pas l’une l’autre ; à y regarder de plus près, jamais comme aujourd’hui nous n’avons pu les comprendre comme les trois côtés du triangle unique de l’imposture anti-christique.

Il est intéressant, et réconfortant, d’ajouter une quatrième lecture, qui voit dans la répétition du 6 l’expression d’une imperfection maximale. L’œuvre de la création s’est en effet accomplie en sept jours, sept étant aussi la somme de 4+3, c’est-à-dire du terrestre (4) uni au divin (3). La figure de la bête suggère donc ironiquement que sa « création », Babylone, est destinée à s’effondrer sur elle-même avant d’avoir atteint son but. La grande référence biblique est le récit du chapitre 11 de la Genèse (Gn 11,1-9) la tentative des hommes de construire leur demeure en touchant le ciel, qui s’est soldée par un échec cuisant.

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