C’est son premier anniversaire au ciel. Et c’est pour nous l’occasion de relire l’homélie qu’il avait prononcée le 16 avril 2007, fête de la Miséricorde. Circonstance doublement festive, donc (puisque ce 80e anniversaire avait été célébré avec une certaine emphase), où le Saint-Père s’était permis quelques confidences intimes malgré sa pudeur habituelle.

Ces jours particulièrement illuminés par la lumière de la divine miséricorde coïncident précisément avec une occasion pour moi significative:  je peux porter mon regard en arrière sur 80 années de vie.

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Nous sommes rassemblés ici pour réfléchir sur le déroulement d’une longue période de mon existence. Bien sûr, la liturgie ne doit pas servir à parler de son moi, de soi-même; toutefois, notre propre vie peut servir pour annoncer la miséricorde de Dieu. « Venez, écoutez que je raconte, vous tous les craignant-Dieu, ce qu’il a fait pour mon âme » dit un Psaume (65, [66], 16).

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J’ai toujours considéré comme un grand don de la Divine Miséricorde que la naissance et la renaissance m’aient été accordées, pour ainsi dire, le même jour sous le signe du début de Pâques.

Ainsi, le même jour, je suis né membre de ma propre famille et de la grande famille de Dieu.

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Oui, je rends grâce à Dieu car j’ai pu faire l’expérience de ce que signifie la « famille »; j’ai pu faire l’expérience de ce que signifie la paternité, de sorte que la parole sur Dieu comme Père est devenue compréhensible pour moi de l’intérieur; sur la base de l’expérience humaine m’a été dévoilé l’accès au Père grand et bienveillant qui est au ciel.  Devant Lui, nous avons une responsabilité, mais dans le même temps, Il nous donne confiance, car dans sa justice transparaît toujours la miséricorde et la bonté avec lesquelles il accepte également notre faiblesse et nous soutient, de sorte que peu à peu, nous pouvons apprendre à marcher droit. 

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Je rends grâce à Dieu car j’ai pu faire l’expérience profonde de ce que signifie la bonté maternelle, toujours ouverte à celui qui cherche un refuge, et précisément ainsi, en mesure de me donner la liberté.

Je rends grâce à Dieu de m’avoir donné ma sœur et mon frère qui, par leur aide, ont été fidèlement proches de moi le long du chemin de la vie.

Je rends grâce à Dieu pour les compagnons rencontrés sur mon chemin, pour les conseillers et les amis qu’Il m’a donnés. 

Je rends grâce en particulier car, dès le premier jour, j’ai pu entrer et croître dans la grande communauté des croyants, dans laquelle est grande ouverte la frontière entre vie et mort, entre ciel et terre; je rends grâce d’avoir pu apprendre tant de choses en puisant à la sagesse de cette communauté, dans laquelle ne sont pas seulement contenues les expériences humaines depuis les temps les plus reculés:  la sagesse de cette communauté n’est pas seulement sagesse humaine, mais en elle parvient à nous la sagesse même de Dieu – la Sagesse éternelle.

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