Cinquante ecclésiastiques anglicans ont célébré avec leur évêque un service religieux dans la basilique du Pape. Et le mois prochain, ce sera le tour des coptes-orthodoxes. Décidément, sous François, beaucoup de choses sont devenues possibles à Rome (Giuseppe Nardi).
APRÈS LES ANGLICANS, LES COPTES CÉLÈBRENT À LEUR TOUR À L’AUTEL PAPAL DE LA BASILIQUE SAINT-JEAN-DE-LATRAN
Un évêque et 50 ecclésiastiques anglicans ont célébré une messe le 18 avril dernier dans la basilique du Latran. Et personne n’a voulu remarquer cette grave violation du droit canon et de la sacralité de la basilique patriarcale.
(Rome) 50 ecclésiastiques anglicans ont célébré avec leur évêque un service religieux dans la basilique du Latran, l’église principale de l’Eglise catholique. Tout simplement, si l’on en croit les responsables de l’Eglise. On parle d’un « malentendu œcuménique ». Mais il semble que ce ne soit pas le seul.
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Hier, l’adjoint de l’archiprêtre, Mgr Guerino Di Tora, qui est également évêque auxiliaire de Rome, s’est exprimé au nom du chapitre de la cathédrale. Sa déclaration n’est toutefois pas convaincante
Le vicaire du chapitre Di Tora a exprimé ses « profonds regrets » pour cet incident « malheureux » et a parlé d’un « malentendu œcuménique ».
La violation du droit canon et l’acte sacrilège sont si graves que certaines voix à Rome estiment nécessaire d’organiser un rite de purification et de réparation dans la basilique du Latran. L’évêque auxiliaire n’en a pas fait mention.
En guise d’excuse, on a évoqué les ordinariats personnels anglicans créés par le pape Benoît XVI. Plusieurs évêques anglicans et de nombreux ecclésiastiques sont ainsi revenus à l’unité avec Rome. Comme s’il s’agissait de clercs de ces ordinariats personnels. C’est une mauvaise plaisanterie.
Il est totalement invraisemblable qu’un évêque et 50 ecclésiastiques d’une communauté religieuse qui n’est pas en unité avec le pape puissent simplement célébrer à l’autel au Latran sans que cela ne soit remarqué. Chaque prêtre étranger doit présenter son celebret ecclésiastique, son autorisation de célébrer juridiquement valable. Les prêtres anglicans savent qu’ils ne peuvent pas célébrer dans une église catholique. Il semble donc impensable qu’un groupe aussi important se promène dans une église papale sans accord préalable et fasse ce qui lui est interdit.
L’affaire a donc dû être très différente. Ce que confirme l’annonce qu’en mai prochain, des représentants d’une autre communauté non-catholique célébreront une messe dans la basilique du Latran.
Du 9 au 14 mai, le patriarche copte orthodoxe d’Alexandrie Tawadros [/Théodore] II se rendra à Rome. L’occasion est le 50ème anniversaire de la première rencontre entre un pape et un patriarche copte d’Alexandrie, qui eut lieu le 10 mai 1973 entre le pape Paul VI et le patriarche Chenouda III. L’Eglise catholique compte 1,4 milliard de fidèles, l’Eglise copte-orthodoxe d’Egypte 15 à 18 millions.
Le programme de la visite du patriarche Tawadros II à Rome prévoit également une « messe » copte-orthodoxe dans la basilique du Latran. Les chrétiens coptes-orthodoxes de Rome et d’Italie y seront invités. L’affaire est « piquante ». Les instances romaines s’adressent certes systématiquement à Tawadros en tant que patriarche, mais l’auto-désignation copte-orthodoxe de leur patriarche est celle de « pape », ce qui signifie « père ».
Dans ce cas, il n’est en tout cas pas question d’un « malentendu malheureux ». Bien au contraire. Le père Hyacinthe Destivelle OP, enseignant à l’Angelicum [l’Université pontificale Saint Thomas d’Aquin, à Rome] et officiant du dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, s’est montré enthousiaste dans une interview pour I-Media. Le dominicain a parlé d’un « jour historique » :
« Le dimanche 14 mai sera également un jour historique, car le patriarche célébrera une messe pour les fidèles coptes dans la basilique du Latran. Ce sera la première fois qu’un non-catholique célébrera dans la cathédrale du pape. Je pense que la basilique sera pleine, car il y a une diaspora copte très importante et dynamique à Rome et en Italie, peut-être 100.000 fidèles ».
En conséquence, on peut supposer que Tawadros II pourra même célébrer à l’autel du pape. Le fonctionnaire du Vatican issu de l’ordre dominicain s’est toutefois trompé en ce qui concerne la primauté « historique » d’un culte catholique : les anglicans se sont assurés cette primauté.
Sous le pape François, beaucoup de choses sont devenues possibles à Rome.