Nous avons déjà consacré plusieurs articles à « l’étrange dualité qui caractérise la personnalité de François » (voir par exemple ici, 27 décembre 2020: Docteur François et Mister Bergoglio). Certains parlent de schizophrénie, de personnalité bi-polaire. Mais les derniers évènements ont fait voler en éclat ce schéma, décidément trop simpliste. En réalité, nous dit Luisella Scrosatti (qui manie la satire avec un humour inattendu chez quelqu’un qui traite habituellement de sujets graves), il y a au moins trois papes. Un détriplement de la personnalité qui a atteint aussi un autre jésuite, le belge Johan Verschueren, supérieur hiérarchique de Rupnik (au passage, on découvre les malversations financières liées à l’affaire du jésuite slovène, qui n’est pas que sexuelle: qu’en est-il de la « purification » proclamée urbi et orbi par François et ses courtisans de la presse?).

Un, aucun, trois papes : des gays à Rupnik, autant de versions

Luisella Scrosatti
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L’étrange cas de Bergoglio et ses différents visages. Des trois versions sur la récente hospitalisation aux bénédictions homosexuelles : il dit d’abord non à la CDF, puis « ni oui ni non » aux Allemands et enfin oui aux Belges. Idem pour Rupnik : le premier dit qu’il ne sait pas, l’autre est garantiste [(*)] et le dernier est résolument « miséricordiste ».

Le schisme d’Occident est de retour parmi nous. C’est désormais officiel : nous avons deux papes, ou plutôt trois. Une crise grave au sein de l’Église, certes, mais qui permet enfin d’expliquer les contradictions apparentes concernant le Souverain Pontife, au point que certains commençaient à penser que nous avions affaire à un pape qui ment.

Les trois papes donc. Le premier s’est rendu à la Polyclinique Gemelli, le 29 mars, « pour des contrôles déjà programmés », selon l’annonce du directeur de la Salle de presse du Vatican, Matteo Bruni. Le deuxième, le même jour, s’est retrouvé dans le même hôpital – coïncidence, vous avez dit coïncidence… – mais pour un problème tout à fait différent : une méchante infection respiratoire, qui s’est avérée peu après être une « bronchite à base infectieuse », mais qui n’a rien à voir avec le Covid-19. Le troisième, toujours lors de ce que l’on appellera désormais le jour noir des papes (et des antipapes), se retrouve dans le même hôpital, mais dans un état encore plus grave : « pneumonie aiguë et forte, dans la partie inférieure des poumons », comme il l’a lui-même rapporté. Le fait est que les trois sont pratiquement identiques, indiscernables, si ce n’est pour les contradictions évidentes.

Le premier pape doit être celui qui a tenu l’audience générale à 9 heures, sur le parvis de la basilique. C’est évident : plus d’une heure d’audience en plein air, avec plusieurs lectures et pas la moindre toux . Les visites de contrôle prévues devaient concerner un hallux valgus [oignon au pied]. Le second était reclus dans son appartement, car la bronchite ne vous tombe pas dessus d’un coup ; mais ce n’est pas lui qui s’est envolé pour la Hongrie, puisque, lors du retour en avion, il a déclaré aux journalistes qu’il avait eu une pneumonie un mois plus tôt. Ces derniers ont ensuite indiqué qu’il n’avait jamais perdu connaissance. C’est donc celui qui avait une bronchite qui a perdu connaissance.

Mais depuis quand perd-on connaissance à cause d’une bronchite ? En fait, pas non plus pour une pneumonie. Encore moins pour une visite programmée, à moins que la tension de découvrir un hallux plus valgus que d’habitude ne fasse déborder l’angoisse. Y aurait-il eu un quatrième pape, qui aurait par contre fait un malaise, un infarctus? Histoire de complotistes.

D’autres questions ecclésiales sont désormais plus claires. Par exemple, la bénédiction des couples homosexuels. Un premier pape est celui qui, en 2021, a accordé une audience au secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi de l’époque, l’archevêque Giacomo Morandi, pour qu’il consente à la publication du Responsum du 15 mars, qui rejetait la possibilité de bénir les unions homosexuelles. Le second est celui qui s’est agacé des évêques allemands et de leur cheminement synodal, mais qui a préféré éviter la confrontation, en envoyant quelques cardinaux en amont pour gérer la question. Le troisième est celui qui a rencontré les évêques belges et a salué leur décision de bénir les couples homosexuels comme un bel exemple de collégialité épiscopale.

Enfin, il y a l’affaire Rupnik. Là aussi, il doit y avoir au moins trois papes. Le premier avait déclaré avec insistance à l’agence AP [Associated Press] qu’il ne savait rien du tout. Ce qui laisse supposer que ce pape vit probablement loin de Rome et mène une vie d’ermite, semblable à celle du pape Célestin, à l’exception de l’interview. Une seule et unique.
Et puis, il y a le pape qui pour ce qui est de savoir, savait, mais qui, avec une note de garantisme marquée, a décidé de laisser tomber en prescription une douzaine de plaintes très graves de la part d’anciennes religieuses. D’un autre côté, elles n’étaient pas mineures. Mais il ne sait vraiment pas qui aurait pu lever l’excommunication latae sententiae du jésuite slovène. Enfin, il y a le plus facétieux d’entre eux (ce doit être celui qui a un oignon), qui s’est faufilé dans le bureau de celui qui savait quelque chose – parce que le premier ne savait vraiment rien -, a saisi l’avis d’excommunication de la Congrégation et a écrit dessus : à consommer au plus tard à la fin de ce mois.

Ne venez pas demander si le pape qui ne savait rien est le même que celui qui avait une bronchite et que celui qui avait parlé à Morandi ; demandez à Tornielli ou à Bruni, qui sont toujours bien informés. Mais qu’il y en ait au moins trois est un fait établi. Et cela explique aussi le nombre élevé d’interviews et de Motu Proprio.

Cependant, nous n’avons pas seulement trois Bergoglio, mais aussi (au moins) deux Verschueren.
Le premier est celui qui, depuis 2020, était le supérieur direct de Rupnik, en tant que délégué du Supérieur général de la Compagnie de Jésus pour les maisons et les œuvres interprovinciales à Rome. Bref, c’est lui qui était au courant des dénonciations jugées crédibles par la Congrégation pour la doctrine de la foi et de l’excommunication par absolution du complice ; et c’est lui qui avait imposé des restrictions au confrère slovène. Et puis il y a son double, qui ne sourcille pas quand Rupnik voyage en Italie et dans le monde, contournant ainsi les restrictions.

Le premier est celui qui savait pertinemment que Rupnik, depuis 2007 détient 90% de la SARL. Rossoroblu, qui s’occupe des commandes et des paiements pour les œuvres artistiques de l’Atelier du Centre Aletti [faits dénoncés le mois dernier par Il Sismografo... décidément!]. Eh oui, parce que vous voudriez qu’un supérieur se demande où vont les centaines de milliers d’euros – des bricoles – obtenus grâce à la réalisation des mosaïques de son frère ? Et aussi parce que la société n’était pas basée à l’étranger, dans je ne sais quel paradis fiscal, mais Via Paolina 25, à Rome, c’est-à-dire au Centre Aletti. Sous le nez de Verschueren, qui s’occupe, mieux vaut le répéter, de ces mêmes maisons à Rome. Le premier. Car Verschueren, le second, est tombé des nues : « C’est une nouvelle tout à fait nouvelle pour moi et aussi tout à fait choquante.

Oui, parce que Rupnik est un religieux qui a fait vœu de pauvreté, et que celui qui fait vœu de pauvreté ne peut rien posséder en propre, sauf dispense de ses supérieurs, ce qui n’a pas été le cas ; de même qu’il avait fait vœu de chasteté, et que celui qui fait vœu de chasteté n’est pas… laissons tomber. Mais manifestement, Rupnik est et n’est pas, tout comme ses deux supérieurs immédiats et ses trois supérieurs suprêmes. Et ils ont une caractéristique commune : trois et deux, cinq, et deux, sept : tous jésuites.

(*) Ndt

Le garantisme est un  concept politique qui soutient la protection des garanties constitutionnelles du citoyen contre d’éventuels abus de la puissance publique.

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