On se souvient de l’appel dramatique (dont n’avait sur le moment pas saisi la portée, pas plus que la méditation de La Via Crucis 2005 où il fustigeait « la saleté dans l’Eglise ») de Benoît XVI lors de la messe inaugurale du Pontificat, le 24 avril 2005: « Priez pour moi afin que je ne me dérobe pas par peur devant les loups ». Qui étaient ces loups?
18 ans plus tard, les loups ont tombé le masque, et c’est le titre qu’AM Valli donne à son dernier livre sur Benoît XVI: Il pastore e i lupi: Ricordando Benedetto XVI, introduit par le cardinal Zen et préfacé par Mgr Athanasius Schneider [à noter que le livre est disponible y compris en version numérique sur Am****].
Voici la présentation par l’auteur lui-même, et la recension de Marco Tosatti.

Comment raconter un pape comme Benoît XVI ? Comment condenser l’œuvre d’un théologien d’une telle envergure ? Comment résumer ce qu’il a dit et écrit depuis au moins soixante-dix ans (sa thèse de doctorat sur saint Augustin date de 1953) ?
Si l’on songe que le plan de l’opera omnia de Joseph Ratzinger comporte seize volumes totalisant des milliers et des milliers de pages (la Fondation Joseph Ratzinger Benoît XVI est engagée dans l’entreprise), on devrait d’emblée renoncer à la seule idée de tenter un résumé ou une évaluation.
Toutefois, ayant longtemps travaillé comme vaticaniste à la télévision, où je me suis retrouvé plusieurs fois à devoir résumer dans un reportage d’un peu plus de soixante secondes non seulement un discours ou une homélie de Benoît XVI, mais même une encyclique entière, j’ai mûri une certaine témérité, et me voici donc avec ce nouveau livre, qui est une émanation (en termes d’ajouts continus) de deux autres de mes ouvrages consacrés à Benoît XVI : La verità del papa (publié en 2010) et Uno sguardo nella notte (2018).
L’inspiration sous-jacente est de tenter de dire ce que Ratzinger-Benoît XVI a représenté non seulement pour l’Église catholique mais pour la pensée de l’homme contemporain, en soulignant le caractère dramatique d’un pontificat marqué par des attaques sans précédent, menées surtout à travers la mystification et la déformation des paroles du pape et de sa figure même.

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Le berger et les loups. Le nouveau livre d’Aldo Maria Valli sur Benoît XVI

(Présentation via « Stilum Curiae »)
https://www.marcotosatti.com/2023/06/15/il-pastore-e-i-lupi-ricordando-benedetto-xvi/

Avec ce nouveau livre sur Benoît XVI, Aldo Maria Valli entend non seulement se souvenir d’un grand pape, mais aussi faire œuvre de justice et proposer une interprétation des dix années de pontificat émérite.

Il faut se souvenir de Benoît XVI pour la proposition audacieuse qu’il a faite au monde contemporain : récupérer l’idée de vérité, mise au placard par la pensée des Lumières, et vivre en renversant l’axiome des Lumières : non etsi Deus non daretur, comme si Dieu n’était pas, mais veluti si Deus daretur, comme si Dieu était, c’est-à-dire reconnaître quelques principes absolus valables pour tous et capables non seulement de servir de ciment social, en évitant la désintégration totale, mais aussi de sauver l’homme lui-même.

L’œuvre de justice consiste à retracer les attaques, d’une dureté et d’une ampleur sans précédent, dont Benoît XVI a fait l’objet, en utilisant notamment comme prétexte la question des abus dans l’Église : une véritable persécution menée également à travers l’utilisation instrumentale de l’information.

En ce qui concerne la période récente, l’auteur écrit avec sincérité qu’il n’a jamais partagé la décision de renoncer au pontificat, mais il se distancie des interprétations conspirationnistes et fantaisistes (mafia de Saint-Gall, code Ratzinger) et déclare, faits à l’appui, que la cause de la renonciation a été la fatigue physique et morale du pape.

À la fin, le livre propose une interprétation des dix années de pontificat émérite qui ne manquera pas de faire débat, car elle éclaire toute la parabole humaine et intellectuelle de Ratzinger d’une lumière nouvelle et dramatique. Selon l’auteur, cette décennie n’a pas été, comme on l’a dépeint, une période de prière sereine dans le recueillement : elle a été un tourment, car Ratzinger a mesuré l’abîme dans lequel l’Église s’enfonçait et s’enfonce encore, également à cause de lui.

Voici quelques éléments que vous trouverez dans ce livre :

  • Comment lire la parabole de Joseph Ratzinger dans l’Église catholique des dernières décennies ?
  • Ratzinger était-il contre le modernisme ou, comme certains le disent, était-il un néo-moderniste ?
  • Les souvenirs de l’auteur, un vaticaniste qui a suivi Benoît XVI dans ses voyages apostoliques.
  • Pourquoi il est important de lire les discours du pape Ratzinger (en particulier celui de Ratisbonne).
  • Comment les loups ont essayé de mordre le Berger.
  • Ce que Ratzinger a fait contre les abus sexuels.
  • Benoît XVI et l’intelligence chrétienne.

Ratzinger, en tant que jeune théologien, dans les années du Concile, a contribué à alimenter un feu de « renouveau » avec la conviction que c’était pour le bien de l’Église, que cela pouvait apporter une nouvelle lumière et une nouvelle chaleur là où il y avait de l’obscurité et du froid, mais lorsqu’il a vu que le feu était devenu un brasier, il n’a pas pu le dompter. Car il n’a jamais admis que le bois avec lequel le feu avait été alimenté provenait de réserves empoisonnées, dans lesquelles on prétendait que l’Église et le monde pouvaient vivre dans une sympathie mutuelle, alors que le monde est marqué par le péché et que l’Église tombe dans l’apostasie si elle renonce à être enseignante et n’appelle pas à la conversion.

Le drame de Ratzinger, c’est qu’en tant que pape émérite, il a pu voir le fruit de son erreur : le pontificat de François. Non prévu par lui (Benoît XVI pensait que le cardinal Scola serait élu), le règne du pape argentin a dévoilé sous ses yeux les résultats néfastes de cette révolution à laquelle il avait lui-même contribué.

Tout cela, et bien d’autres choses encore, vous les trouverez dans ce précieux témoignage d’un journaliste confronté à un géant de la pensée catholique récente.

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