Disparition d’une figure « controversée » selon les/du fait des médias, parce qu’il a au moins pendant un certain temps fonctionné comme « poil à gratter » du système. N’étant pas italienne, et ne connaissant pas suffisamment les arcanes de la politique transalpine, il serait déplacé de ma part de formuler un jugement. Les Italiens, en tout cas les blogs que je suis s’en sont chargés, et les Français sont peu intéressés.
Tout cela pour dire que l’homme m’était spontanément sympathique. Son côté exubérant, très latin, bling-bling diront certains, lui donnait une humanité qui fait cruellement défaut à nos dirigeants actuels. Sans oublier qu’il était un homme cultivé, il parlait un français parfait, et de son propre aveu, il maîtrisait la langue de Cicéron.

Sur la Bussola d’aujourd’hui, Nico Spuntoni s’entretient avec Andrea Orsini, proche collaborateur de Berlusconi, député de Forza Italia, le parti fondé par Il Cavaliere , rappelant son engagement en faveur de la vie (notamment son rôle lors de l’affaire Englaro, pendant italien de l’affaire Vincent Lambert, voir ICI) et son catholicisme « à l’ancienne ». Un échange a forcément attiré mon attention:

Il Cavaliere n’a jamais rencontré François, alors qu’il avait une certaine familiarité avec son prédécesseur. Comment a-t-il vécu la mort de Benoît XVI ?

Berlusconi a été très touché par la mort de Benoît XVI. Ils s’étaient rencontrés à plusieurs reprises et une sympathie mutuelle naturelle s’était installée. Il admirait beaucoup le pape allemand, dont il appréciait la clarté d’exposition, la capacité à expliquer des sujets complexes dans un langage simple mais en même temps très précis, sans aucune ambiguïté.

.

https://lanuovabq.it/it/andrea-orsini-vi-racconto-il-berlusconi-pro-vita

J’en arrive enfin au souvenir personnel annoncé dans le titre. C’est la première chose qui m’est venue à l’esprit quand j’ai appris la disparition de Silvio Berlusconi.

Saint-Père, j’ai couru dans le ciel


C’était le 26 septembre 2009. Benoît XVI partait pour un voyage de trois jours en République Tchèque où il allait revoir un accueil courtois et chaleureux, notamment grâce au Président Vaklav Klaus. Silvio Berlusconi revenait d’un sommet du G20 qui s’était tenu à Pittsburgh . Ils s’étaient croisés à l’aéroport de Rome, mais pas par hasard. Berlusconi ne voulait surtout pas déroger à la tradition qui voulait que le chef du gouvernement salue le Pape lors d’un de ses déplacements à l’étranger. Je laisse la parole à Andrea Tornielli – version I (nous en sommes au moins à la version III !!!).

Le premier ministre devait atterrir hier matin à Milan, en provenance de Pittsburgh, où il a participé au sommet du G20. Mais son vol a fait un détour pour parvenir à Ciampino, permettant au chef de l’exécutif d’arriver une heure avant le Pape et de l’attendre pour être en mesure de saluer son départ.
(…)
Berlusconi, en attendant Benoît XVI, s’est entretenu avec le secrétaire d’Etat Bertone pendant un quart d’heure dans le hall de cérémonie. « Ils ont parlé du G20 à Pittsburgh – a dit le directeur du bureau de presse du Vatican, le Père Federico Lombardi – de la crise internationale et d’Obama »
(…) Le groupe s’est ensuite trasféré dehors à l’extérieur et le dialogue s’est poursuivi.
Lombardi a ajouté qu’à son arrivée le Pape s’est entretenu avec M. Berlusconi « deux à trois minutes » et qu’ils ont discuté des résultats du sommet de Pittsburgh. Le pape est descendu de voiture et s’est approché du premier ministre en disant: «Président, quelle joie de vous voir, vous venez d’arriver des États-Unis …».
Berlusconi a fait allusion au vol à peine achevé: « J’ai couru dans le ciel pour être à l’heure. » Puis, Benoît XVI a fait référence au G20 et le Premier ministre a ajouté: « Nous nous efforçons de surmonter la crise économique. » Quelques répliques cordiales, pas de conversation privée, ce qui n’est de toutes façons pas l’usage en ces occasions, surtout que Ratzinger était déjà en retard sur sa feuille de route. Berlusconi s’est ensuite placé aux côtés du pape et l’a accompagné vers la passerelle de l’Airbus d’Alitalia, restant à côté de lui pendant la cérémonie d’accueil des délégations présentes

*

https://benoit-et-moi.fr/2009/0455009c6e0dcad11/0455009c9308a2b10.html

Share This