Dans la série des commentaires à propos de ce document préparatoire au synode sur la synodalité de l’automne prochain (qui n’en méritait pas tant, c’est du moins ce que j’avais dit au début, je dois avoir changé d’avis, mea culpa), en voici un en français, excellent, qui s’inscrit dans la veine ironique de The WandererInstrumentum doloris – (en moins méchant!), celui de l’abbé Barthe, publié sur le site de L’Homme Nouveau. Je reproduis la première partie (les caractères en gras sont de moi), particulièrement percutante, la suite est à lire sur le site du journal.
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La conclusion de l’abbé Barthe s’impose, mais ce n’est peut-être pas si simple dans l’ambiance de peur qui règne actuellement dans l’Eglise: Il restera à trouver 100 évêques (dont des cardinaux), 10 peut-être, 5 pour commencer, qui porteront cette condamnation toute simple. Et l’on aura avancé d’un grand pas.

La publication, le 20 juin, de l’Instrumentum laboris, le document de préparation pour les travaux de la prochaine assemblée générale du Synode des Évêques sur la synodalité constitue un événement tellement hénaurme, qu’il pourrait constituer une providentielle opportunité à saisir pour avancer vers un rétablissement de l’ordre dans l’Église.

L’ère du vide

Le projet, sur lequel auront à plancher les évêques réunis à grands frais de toutes les parties du monde, à Rome en octobre de cette année et de l’année prochaine est en un sens formidablement ambitieux : il s’agit de lancer une « Église synodale ».

Pourquoi ? Pour répondre à la question qu’assurément tout le monde se pose : « Comment se réalise aujourd’hui, à différents niveaux (du niveau local au niveau universel) ce “ marcher ensemble ” qui permet à l’Église d’annoncer l’Évangile, conformément à la mission qui lui a été confiée ; et quels pas de plus l’Esprit nous invite-t-il à poser pour grandir comme Église synodale ? » C’est un morceau d’anthologie qui permet de comprendre que la synodalité, c’est … la synodalité.

Le pathos de ce document, sur des pages et des pages, est agrémenté de schémas explicatifs, par exemple sur « une communion qui rayonne », avec des flèches qui arrivent et partent de cercles concentriques et aboutissent à des petits cœurs [enfin, il n’y a pas vraiment de petits coeurs, mais c’est déjà pas mal!!].

« Farceurs ! », eût dit Bernanos. Mais farce sinistre, car elle délivre un message d’infusion massive de démocratisme moderne dans les structures de l’Église.

On ne sait d’ailleurs s’il faut rire ou pleurer : on parlait jadis de « réunionite » qui frappait les clercs et laïcs engagés. Pour le coup, c’est une Église réunionante qu’imaginent les auteurs de cet Instrumentum, une Église en perpétuelle réunion de haut en bas. Une Église où on cause entre soi, à défaut d’annoncer l’Évangile aux nations.

Par exemple, on procédera « au renouvellement du ministère épiscopal au sein d’une Église plus pleinement synodale », par une « dynamique de la conversation », qui animera les réunions et les conseils quotidiens, en sorte qu’on puisse arriver à un « consensus efficace ».

Et l’évêque ainsi reformaté dans son ministère par cette « dynamique de la conversation », devra s’autoévaluer et être évalué (par qui ? par ceux qui réunionent) à propos de la manière dont il accomplit son service « dans un style synodal ». Non seulement l’évêque devra causer, mais causer de la manière dont il cause.

Ceci dit, sous le règne du très politique pape François, il faut tenter de décrypter les intentions cachées de cette formidable tentative d’esbroufe. L’évocation de ces processus de fonctionnement conformes à la démocratie moderne, se garde bien de toucher à la nomination des évêques.

Elle ne parle pas non plus d’ouvrir la prêtrise aux femmes. En fait, ce projet d’Église synodale exacerbe les divisions, mais semble un projet vide. Volontairement peut-être. Le but recherché pouvant être aussi de faire monter tout un nuage de propositions démagogiques vagues pour contenir les revendications, très concrètement subversives quant à elles, de la gauche conciliaire, celle qui s’exprime par exemple dans le Chemin synodal allemand.

Revenir au Credo

Cependant ce document caricatural nous paraît une opportunité qu’il ne faut pas laisser échapper. Il représente, comme tout ce qui passe depuis le début du pontificat bergoglien, une exacerbation des choses conciliaires. En l’espèce, ce pathos qui tend à la modification de la divine constitution de l’Église, sans cependant toucher à cette divine constitution, qui change tout sans rien changer, est typique de ce qu’on nous sert depuis plus d’un demi-siècle….

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Abbé Claude Barthe
hommenouveau.fr/document-preparation-synode-sur-la-synodalite/

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