Je lis dans un article de l’AFP – l’agence qui donne le « la » pour l’ensemble de la presse francophone – reproduit ici sur le Figaro [(1)], que « des perquisitions ont eu lieu dans l’archevêché de Cologne dans le cadre d’une enquête contre le cardinal Rainer Maria Woelki, soupçonné de parjure en lien avec les scandales de pédophilie dans l’Église« . Bref, une synthèse de tout ce qu’on peut trouver pour traîner dans la boue l’Eglise, à travers un prélat qui s’oppose au Chemin Synodal allemand… et qui ne compte pas parmi les « amis » de François. Mais les choses sont loin d’être aussi simples, comme l’explique le site Silere non possum, car l’affaire concernait l’Eglise et le droit canonique, et pas l’Etat allemand (càd en quelque sorte un état étranger). Qui a trahi le cardinal Woelki?

L’accusation est que le cardinal Woelki a menti devant le tribunal parce qu’il y a déclaré qu’il n’était pas au courant des détails de l’affaire d’un prêtre accusé d’abus. Selon le ministère public, cette lettre prouverait au contraire que le cardinal était au courant.

Le ministère public oublie cependant que l’archevêque s’adressait à un représentant d’un État étranger et qu’il s’agissait d’une procédure canonique.

Tout comme pour les magistrats de l’État, l’évêque, qui est l’enquêteur (Can. 1717 – §1), est aussi tenu au secret.

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Silere non possum

GRAVE INGÉRENCE DE L’ÉTAT ALLEMAND DANS L’ARCHIDIOCÈSE DE COLOGNE

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L’État allemand s’immisce dans les affaires ecclésiastiques.

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Violations graves des règles régissant les relations entre l’Église catholique et l’Allemagne.


Silere non possum

Aujourd’hui, 27 juin 2023, la police allemande, sur mandat du Staatsanwaltschaft (ministère public), a perquisitionné le palais archiépiscopal de l’archidiocèse de Cologne. Il s’agit d’une grave ingérence de l’autorité de l’État à l’encontre de l’Église catholique.

Une fois de plus, de manière tout à fait despotique, les autorités de l’État violent les règles régissant les relations entre les autorités ecclésiastiques et les autorités de l’État et tentent de s’emparer par la force de documents concernant le forum canonique. Cette activité d’investigation, qui trouve comme par hasard un écho favorable dans les médias, fait également partie de la persécution que l’État allemand et certains infiltrés de la Curie mènent contre Son Éminence le cardinal Rainer Maria Woelki.

Les autorités policières ont perquisitionné l’archevêché, les bureaux du vicaire général et ceux de la curie archiépiscopale. Sur ordre du ministère public, la police recherche en effet une lettre et un dossier que le cardinal-archevêque aurait envoyés ici au Vatican pour entamer une procédure canonique à l’encontre d’un presbytre.

Comme nous l’avons souligné hier, tout ce qui se passe dans le forum canonique concerne cet ordre particulier et ne peut donc pas être communiqué aux autorités d’un État. Ce serait comme si la police italienne se rendait dans les bureaux du ministère public suisse pour chercher à obtenir des documents relatifs à une affaire traitée par ce dernier. Il appartient au ministère public allemand de demander formellement à obtenir la documentation canonique et, si l’autorité ecclésiastique le juge opportun, elle la fournira. Il s’agit d’une procédure différente des commissions rogatoires, car l’Église catholique n’est pas le Saint-Siège, mais elle [la procédure] doit suivre la procédure de demande formelle. Il n’est pas possible de pénétrer dans le palais de l’archevêque et de prendre de force les documents dont on pense avoir besoin. Ainsi disparaîtrait toute l’autonomie de l’Église et la confidentialité de ses procédures.

Le premier organe d’information à annoncer la nouvelle a été le site WDR [WestDeutscher Rundfunk Köln (WDR ; litt. « Radiodiffusion ouest-allemande Cologne »)] , qui avait publié ces derniers mois une lettre du cardinal Woelki dans laquelle il s’adressait au cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation (aujourd’hui Dicastère) pour la Doctrine de la Foi.

Et pourtant, dans un pays qui se veut si respectueux des règles, le procureur général pourrait-il expliquer pourquoi les médias ont été informés avant les suspects ?

L’accusation est donc que le cardinal Woelki a menti devant le tribunal parce qu’il y a déclaré qu’il n’était pas au courant des détails de l’affaire d’un prêtre accusé d’abus. Selon le ministère public, cette lettre prouverait au contraire que le cardinal était au courant. Le ministère public oublie cependant que l’archevêque s’adressait à un représentant d’un État étranger et qu’il s’agissait d’une procédure canonique. Tout comme pour les magistrats de l’État, l’évêque, qui est l’enquêteur (Can. 1717 – §1), est aussi tenu au secret.

Comme dans une procédure canonique, le cardinal aurait d’ailleurs demandé au préfet comment procéder dans ce cas. Rien d’étrange, en effet, le cardinal dirigeait la procédure, ce qui montre l’efficacité avec laquelle l’Église catholique mène les procédures pénales/administratives à l’encontre des personnes accusées de ces crimes graves.

Ce système, comme nous l’avons dit hier, montre une fois de plus que Rainer Maria Woelki est victime d’une campagne visant à le disqualifier. En effet, on peut se demander comment ce document s’est retrouvé dans les journaux. Qui, à l’archevêché, travaille contre le cardinal ? N’oublions pas que Woelki, ces derniers jours, a empêché, avec trois autres évêques allemands, le synode allemand de recevoir de l’argent de l’Église catholique allemande. Il est donc évident que quelqu’un estime que la présence de ces évêques fidèles à Rome est de trop.

Bien sûr, rien de tout cela ne serait possible si le secrétaire d’État Pietro Parolin prenait un stylo et du papier et s’adressait aux autorités allemandes pour leur rappeler les règles en vigueur. Malheureusement, Parolin est trop occupé à distribuer des exhortations non sollicitées à droite et à gauche, au lieu de s’occuper de diplomatie.

Silere non possum


[(1)]

L’archevêque Rainer Maria Woelki est de longue date sous pression pour son traitement de cas d’agressions sexuelles sur mineurs au sein de son diocèse de Cologne, le plus grand d’Allemagne. «Au total six lieux ont été perquisitionnés, dont quatre à Cologne, un à Cassel et un à Lohfelden», a indiqué dans un communiqué le parquet de Cologne, ville de l’ouest de l’Allemagne.

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Il s’agit «des locaux du vicariat général épiscopal, de l’officialité (tribunal ecclésiastique), de la résidence épiscopale et du prestataire de services informatiques chargé de la correspondance électronique de l’archevêché de Cologne». Une trentaine de policiers ainsi que quatre procureurs ont participé aux perquisitions. Elles visaient la saisie de documents écrits au sein de l’archevêché de Cologne liés aux accusations de parjure et fausses déclarations sous serment dont le cardinal Woelki fait l’objet, a expliqué le parquet.

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En mars dernier, l’ecclésiastique avait affirmé sous serment dans un procès contre le journal populaire Bild qu’il n’était pas au courant des accusations d’abus sexuels contre l’un des prêtres de son diocèse. «Je le jure devant Dieu», avait-il dit. Mais dans une lettre au Vatican datant de 2018, il avait précisément décrit différents abus pratiqués par ce même prêtre. En Allemagne, les peines encourues pour parjure peuvent aller de six mois à 15 ans de prison.

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Selon une enquête universitaire dévoilée en 2018, 3677 enfants ont subi des violences sexuelles perpétrées par des membres du clergé entre 1946 et 2014 dans l’Église catholique allemande. Le nombre réel des victimes est jugé plus élevé, les auteurs du rapport n’ayant pas eu accès à toutes les archives de l’Église. Le 13 juin dernier, l’archevêché de Cologne avait été condamné à verser 300.000 euros de dommages et intérêts à un homme victime de multiples abus sexuels commis par un prêtre dans les années 1970.

Fin mai 2021, le pape François [le chevalier blanc, comme par hasard!! ndt] avait ordonné une enquête sur le traitement de cas d’agressions sexuelles de mineurs au diocèse de Cologne. Il avait nommé deux «visiteurs apostoliques», des envoyés pontificaux extraordinaires, chargés d’«appréhender la situation pastorale complexe à l’archevêché et parallèlement d’étudier d’éventuelles fautes» du cardinal Rainer-Maria Woelki et d’autres prélats du diocèse.

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https://www.lefigaro.fr/flash-actu/enquete-pour-parjure-contre-le-cardinal-de-cologne-perquisitions-dans-l-archeveche-20230627
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