Luigi Badilla (ou quelqu’un de plus haut placé derrière lui) s’est sans doute rendu compte que de nombreux commentaires venant de connaisseurs du Vatican émettaient l’idée que, par ses nominations, François essayait de blinder l’après-Bergoglio, et même de déterminer le nom de son successeur.

Il pose donc la question, a priori purement rhétorique puisqu’on pressent déjà sa réponse:

Une majorité de cardinaux électeurs créés par le pape Bergoglio garantit-elle mécaniquement un successeur bergoglien ?

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https://ilsismografo.blogspot.com/2023/07/blog-post_9.html

Et en effet, sentant le danger pour François, il répond dans la foulée: « Pas du tout ». Ou plus exactement:

Selon ce raisonnement, largement répandu dans certains milieux, il y aurait une sorte de lien automatique entre le fait d’être créé cardinal par le pape Bergoglio et celui de faire partie d’une « cordée » [cordata: alliance mafieuse de circonstance, groupe de pression, ndt] qui se formerait dans un éventuel conclave pour élire un continuateur du pontificat du pape Bergoglio comme évêque de Rome.
.

S’agit-il d’une allusion indirecte à la « mafia de St-Gall » utilisée par les prétendus ennemis du pape pour mettre en doute sa légitimité?

Il poursuit:

Facile à dire et même à envisager, mais très difficile à mettre en œuvre mécaniquement car, avec toutes ses fautes et ses misères, l’Église catholique n’est pas un parti politique ou une multinationale avec un PDG et des milliers et des milliers d’employés répartis en diverses catégories [ce qui n’est pas faux…].

Et puis, penser de cette manière obtuse [torpe], signifierait que la création de cardinaux serait la manière pour le pape régnant de mettre en place une majorité préétablie au profit de sa personne et de sa mémoire. Une véritable abomination.

Nous y voilà.
Mais le meilleur, si l’on peut dire est à venir:

Ratzinger docet.
Le Conclave de mars 2013, selon ce raisonnement, aurait donc dû élire un ratzingerien, en l’occurrence le cardinal Scola, et pourtant cela ne s’est pas produit. Il peut y avoir des dizaines de raisons à cela, mais le fait est que cela ne s’est pas passé comme l’avaient prédit les spécialistes du supposé lien automatique.

Il aurait été étonnant qu’on n’appelle pas « Ratzinger » à la rescousse.
Ce que Badilla oublie sans doute volontairement (ou alors il le classe dans les « dizaines de raisons »!), c’est que Benoît XVI était loin d’avoir choisi uniquement ses partisans pour peupler le Sacré collège. Pour reprendre une expression italienne, il donnait « un colpo al cerchio, un colpo alla botte » (un coup au cercle, un coup au tonneau), ce qui dans son esprit était probablement une façon « de ne pas déchirer davantage la Tunique sans couture du Christ » (Discours aux évêques français, à Lourdes, 14 septembre 2008).

Les conservateurs lui ont suffisamment reproché ses « mauvais » choix. Et la même chose vaut pour Jean-Paul II, après tout, c’est lui qui a donné la pourpre à Bergoglio, en plus des Danneels, Martini, Silvestrini… bref, tous les mafieux de St-Gall.

Conclusion: qui sera le prochain pape, nous n’en savons rien. Il peut se passer tellement de choses d’ici là, et l’élection d’un « François II » ne serait peut-être même pas une catastrophe, à long terme, pour ceux qui souhaitent mener « l’expérience progressiste » jusqu’à son terme ultime..

Mais se réclamer de l’exemple de Benoît XVI pour sauver la mise à François… là, STOP!

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