Quand seront publiés les conclusion du Synode, quand par exemple Tucho Fernandez, puis le Pape, auront permis la bénédiction des couples homosexuels (qui ne sera qu’une étape), que ferons-nous? Dans des circonstances semblables, des anglicans fidèles ont quitté leur église et ont demandé à rejoindre l’Eglise catholique. Et nous?

Qu’allons-nous faire?

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Que ferons-nous quand les choses iront plus mal ? Parce qu’il est certain que les choses dans l’Église, sauf intervention divine prodigieuse, iront de mal en pis. Il n’y a aucune chance qu’il n’en soit pas ainsi. La loi de l’accélération de la gravité semble également s’appliquer aux institutions, et le déclin et la détérioration de la foi catholique promus tout au long du pontificat bergoglien se sont accélérés à un rythme proportionnel à leur masse.

Je voudrais commenter deux faits qui se sont produits ces derniers jours.

Le premier, largement diffusé sur le web, est pour le moins inquiétant. Se référant aux JMJ, l’un des nouveaux cardinaux nommés par le pape François est Mgr Américo Aguiar, évêque auxiliaire du patriarcat de Lisbonne et organisateur des JMJ, a récemment déclaré, dans un acte d’une sincérité brutale qui ne peut se comprendre que par l’impunité dont il jouit, : « Nous ne voulons pas convertir les jeunes au Christ ou à l’Église catholique ou à quoi que ce soit de ce genre, pas du tout ».

Je crois qu’il est important de considérer la gravité de ces paroles, prononcées par un néo-cardinal – c’est-à-dire un cardinal qui jouit de la pleine confiance du pontife et qui, une fois les JMJ terminées, occupera certainement une position importante dans l’Église – car, à mon avis, il s’agit d’une sorte d’apostasie. Il s’agit d’une renonciation explicite au Christ en tant qu’unique sauveur et rédempteur de l’humanité.

Réfléchissons: la seule raison pour laquelle il pourrait être sans importance que les jeunes, comme le prétend le futur cardinal, se convertissent au Christ, c’est que le Christ lui-même est sans importance, et qu’il est aussi bon que Mahomet, Bouddha ou Greta Thunberg. Mais quel est donc le but, l’objectif des JMJ ? Elles finissent par être un Lollapallooza [festival de musique annuel, initialement basé à Chicago, qui fait la part à toute sortes de « musiques » d’aujourd’hui, rock, heavy metal, musique électronique etc.] aux accents multireligieux. Comme l’a dit Mgr Aguiar lui-même dans une interview télévisée, l’important est d’être ensemble dans la plus grande diversité possible. C’est, selon lui, la richesse des JMJ, c’est la richesse du christianisme.

Le deuxième fait concerne l’évêque Víctor Fernández qui, ces derniers jours, s’est consacré à illustrer son ignorance dans les médias du monde entier par des déclarations pour le moins embarrassantes, des propos qui justifient plus que jamais les mises en garde que nous avons lancées contre lui sur ce blog [l’interview qu’il a accordée à La Repubblica est un florilège : pour montrer qu’il n’est pas un progressiste, il a déclaré : « Entre Hitler et saint François, je préfère saint François, même s’il est du Moyen-Âge ». Désopilant]. À une publication américaine, Crux, il déclare ensuite :

« Je prends très au sérieux la dernière chose contenue dans la lettre [du pape] : je dois m’assurer qu’à la fois les documents du dicastère et ceux des autres acceptent le Magistère récent. C’est essentiel pour la cohérence interne de la pensée de la Curie romaine. Car il peut arriver que nous donnions des réponses à certaines questions théologiques sans accepter ce que François a redit sur ces questions. Et il ne s’agit pas seulement d’insérer une phrase du pape François, mais de laisser la pensée se transfigurer par ses critères. Cela vaut en particulier pour la théologie morale et pastorale ».

En résumé : Tucho, en tant que préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, ne condamnera personne et dialoguera avec tous les hérétiques qui apparaissent ici et là, mais pour tous ses collègues de la Curie romaine, il sera un strict commissaire politique. Aucun dicastère, aucun cardinal ne sera autorisé à se comporter mal, car chaque document et chaque écrit, avant d’être publié, sera soigneusement censuré par le commissariat politique placé dans le palais du Saint-Office.

Nous savons qu’il s’agit d’une fonction que le dicastère a toujours exercée, mais nous devons nous concentrer sur les critères que Tucho explicite pour l’approbation ou la censure des documents curiaux : non plus le respect et l’accord avec la doctrine de l’Église telle qu’enseignée par les Pères, les docteurs et les conciles, et exprimée dans le Magistère, mais ce que « François a redit sur ces questions ».

Grâce à la grande bouche de l’évêque Fernández (je persiste cependant à prédire que ce sera la cause de sa disgrâce), voici configurée la nouvelle Église : non plus celle qui suit le Christ, mais celle qui suit le pape du jour. Une église populiste qui ne répond pas à une doctrine mais à un leader. Le critère de vérité et d’orthodoxie n’est plus déterminé par la Tradition, qui n’est pas plus que la Révélation, mais par les idées et les lubies du dirigeant qui porte à ce moment-là le titre de pape ou de pontife suprême. Mgr Víctor Fernández, futur cardinal et préfet du dicastère de la doctrine de la foi, est devenu le plus grand représentant de l’ultramontanisme. Même Pie IX n’aurait pas imaginé avoir un cardinal aussi fidèle que Tucho : il dut affronter le courageux cardinal Filippo Maria Guidi, maître du Palais sacré.

Dans ce blog, nous avons longuement réfléchi à l’énorme danger et à la folie de la doctrine défendue par l’ultramontanisme et les secteurs les plus extrêmes du fondamentalisme. Et aussi sur l’inopportunité de la déclaration du dogme de l’infaillibilité papale, non pas à cause de ce qui était déclaré en soi – et qui avait toujours été défendu par l’Église – mais à cause du danger que cela impliquait. Telles étaient les réserves que St John Henry Newman avait émises à ce sujet et elles ont été confirmées. Il faut être honnête : je crois que beaucoup de lecteurs de ce blog seraient très heureux des paroles et des intentions de Tucho si le pape, au lieu d’être François, était saint Pie X. Le problème à résoudre, s’il en est temps, est celui de la papauté romaine, qui doit reprendre la place qui lui revient, celle qu’elle avait au premier millénaire de l’histoire de l’Église.

Mais il y a un autre détail dans l’interview donnée par le nouveau préfet. Il estime que son travail de commissaire politique du chef glorieusement régnant vaudra « surtout pour la théologie morale et pastorale ». Question : pourquoi pas pour la théologie dogmatique ? C’est simple : parce que le dogme, la doctrine, n’existe pas. Pour Mgr Fernández, comme pour le pape François, les dogmes et la doctrine théologique ne sont rien d’autre que des noms et des mots qui ne valent pas la peine d’être disputés. « Laissons les théologiens débattre autant qu’ils veulent sur ces questions, mais ne perdons pas notre temps », a déclaré le pontife en 2014. Si quelqu’un veut soutenir que Jésus n’est pas le Fils de Dieu, ou que le Saint-Esprit n’est pas une personne divine, ou qu’il y a deux personnes et une seule nature en Jésus, qu’il le dise : où est le problème ? De toute façon, il sera appelé au dialogue. Ce qui compte, c’est la morale, c’est la pastorale, et c’est ce qui intéresse vraiment les gens. Le reste n’est que fantaisie intellectuelle.

Ainsi, quand le synode sur la synodalité publiera ses délibérations l’année prochaine et inclura, comme il le fera certainement, la demande que l’Église accorde un rite liturgique de bénédiction aux unions homosexuelles ; et lorsque le cardinal Fernández, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, déterminera qu’une telle bénédiction peut être donnée tant qu’elle n’est pas confondue avec le sacrement du mariage (ce qu’il fera certainement, comme il l’a déjà dit) et quand le pape François ou son successeur, dans l’exhortation post-synodale, l’autorisera explicitement ou par une note de bas de page comme il l’a fait avec Amoris laetitia, ce qui se produira très probablement, que ferons-nous ?

Nous savons ce que bon nombre d’anglicans ont fait lorsque la même chose s’est produite dans leur église il y a quelques décennies : ils ont demandé à être admis dans l’Église catholique. Mais qu’en est-il de nous ?

Le fait que le Siège romain ait apostasié de la foi est-il un signe ? Le fait qu’il ait déserté, qu’il se soit éloigné de la doctrine enseignée par les apôtres, est-il un signe ? Et si oui, que devons-nous faire ?

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