AM Valli a conclu sa longue carrière de journaliste spécialiste des questions religieuses dans les titres les plus en vue du paysage médiatique italien (Avvenire, Rai) par un bref passage à Rai Sport (c’était sa « punition » pour avoir exprimé publiquement ses réserves envers François, et surtout donné une voix à Mgr Vigano), avant d’être invité à « faire valoir ses droits à la retraite », comme l’on dit pudiquement (tiens, cela ressemble beaucoup aux punitions que François réserve à ses ennemis de la Curie… est-ce une coïncidence?) : le football est en réalité son autre passion, et il nous offre ici une belle réflexion sur cette double fidélité, les supporters de l’Inter de Milan et les amoureux de l’Eglise. Une comparaison qui peut paraître irrévérencieuse, mais qui si l’on y réfléchit bien n’est pas si farfelue. Et une belle déclaration d’amour.

Tifoso de l’Église

Comme certains le savent, votre serviteur est un Interiste [supporter de l’Inter de Milan]. Très . Une passion qui m’a été transmise par mon père.

Pourquoi vous dis-je cela ? Voyez-vous, récemment, nous, les tifosi de l’Inter, avons reçu un coup dur, disons même un coup en traître. Un attaquant très apprécié, Lukaku, après avoir juré fidélité à nos couleurs, s’est mis sur le marché et a joué sur plusieurs tableaux, avec la possibilité de finir dans cette équipe de Turin, que je ne mentionnerai pas, notre grande rivale. Pour de l’argent, bien sûr. L’argent maudit habituel.

Maintenant, il serait stupide de s’étonner de tout cela et de s’arracher les vêtements. Nous savons bien que le monde du football, aujourd’hui plus que jamais, est dominé par le dieu argent. Pourtant, nous, désespérément naïfs et nostalgiques, nous ne cessons pas d’applaudir, de souffrir, d’aimer. Et même si parfois nous avons envie de dire « c’est fini, je ne veux plus rien savoir », finalement nous sommes toujours là, à nous consumer pour notre belle.

Ce qui tout compte fait, (c’est pour cela que je le mentionne ici) a pas mal d’analogies avec ce qui m’arrive sur un autre terrain, celui de la religion.

Pour mon Église catholique bien-aimée aussi, je souffre, car elle est envahie par des loups déguisés en bergers. Et dans ce cas aussi, de temps en temps, il y a la tentation : « Ça suffit, je ne veux plus rien savoir ». Mais l’amour, ponctuellement, prend le dessus et je suis là, à souffrir, à me battre et, je dirais même, à applaudir. Applaudir les justes et les bons, qui sont toujours là, même s’ils sont le plus souvent obligés de se cacher.

Un refrain que nous entonnons à San Siro [le grand stade du Milan AC] dit : « Je te l’ai promis enfant, pour toujours je serai à tes côtés ». Je dirais que cela peut aussi s’appliquer à l’Église. Laissons partir les autres, au besoin. Car, de même que les différents Lukaku passent mais l’Inter reste (copyright de notre gardien Walter Zenga), de même les papes passent mais l’Église reste.

On me dira : excusez-moi, mais la comparaison tient jusqu’à un certain point, parce que les papes passent, c’est vrai, mais, bien plus qu’un joueur ne peut le faire pour une équipe, de mauvais papes peuvent ruiner l’Église à l’extrême.

Je comprends l’objection, mais je ne suis pas d’accord. Même si un mauvais pasteur peut tout casser, l’Église reste l’Épouse belle et fidèle. Parce que l’Époux n’est pas le berger de service, mais Celui qui n’abandonne pas et qui ne trahit pas, mais qui aime infiniment.

C’est pourquoi (en m’excusant pour ces élucubrations théologiques sur le football, qui peuvent sembler irrévérencieuses à certains), je me sens plus que jamais capable de chanter : « Je t’ai promis quand j’étais enfant… ». Et je compte bien tenir cette promesse.

A.M.V.

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