Melting pope, c’est la trouvaille de Stefano Fontana pour qualifier le Pape qui s’est exprimé devant les dirigeants et les diplomates le 2 août à Lisbonne [1], en marge des JMJ. François a exalté le mondialisme, la diversité, le multiculturalisme, l’ouverture des frontières, sans aucune référence, jusqu’à la conclusion, au Christ qui apparaît à ce moment comme un guide parmi d’autres. En réalité rien ne distingue « les positions de l’Église catholique de celles du WEF Davos ou de l’Open Society Foundations« .

Une petite note personnelle

La couverture des médias, pour ces JMJ, est carrément enthousiaste, notamment les propos du Pape sur le réchauffement climatique, unanimement salués comme prophétiques (y compris par les représentants du parti EELV, qu’on n’a jamais connus si dévots).
Selon les médias très grand public, qui ne s’intéressent à l’Eglise que quand il est question de pédophilie cléricale et de scandales financiers, François aurait reçu à Lisbonne « un accueil de rock star » (titre repris en boucle avec une belle unanimité, sans doute une trouvaille de l’AFP). Et les jeunes catholiques interrogés (sans doute « filtrés », mais cela n’explique pas tout) étaient tout aussi enthousiastes – émus, bouleversés, paraît-il – … avant d’aller faire la fête toute la nuit dans les rue de Lisbonne (je cite). On ne perd pas les habitudes.

J’en déduis que 99% des catholiques, dont ces jeunes, ne savent rien du drame qui se joue en ce moment dans l’Eglise, ce qui explique entre autres la popularité de François. Ils sont anesthésiés. Et quand ils se réveilleront, ou plutôt s’ils se réveillent, il sera trop tard.

Pour le moment, ils sont comme les suiveurs du joueur de flûte de Hamelin

Le « melting-Pope » qui ne parle pas de Dieu aux autorités

Stefano Fontana
lanuovabq.it
4 août 2023

En rencontrant des dirigeants et des diplomates, François exalte le mondialisme et invite les jeunes à cultiver les « désirs d’unité, de paix et de fraternité » : une proposition peu différente de celles du monde.

L’un des discours les plus importants de François lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne a certainement été celui qu’il a prononcé le mercredi 2 août devant les autorités civiles et le corps diplomatique. En raison de la nature des destinataires, il s’agissait d’un discours adressé au monde, et non à l’Église, et ses paroles sur les questions sociales, politiques et économiques ont donné le pouls de la façon dont il comprend la proposition de l’Église dans le domaine de sa Doctrine sociale.

On peut dire que les deux points caractéristiques du discours sont le « mondialisme » accentué d’une part et le silence sur Jésus-Christ d’autre part. Comme il le fait toujours, François a cette fois encore appuyé sur l’accélérateur d’une « gouvernance » mondiale, fruit d’une fraternité indéterminée et alimentée par l’espoir confus de pouvoir gérer tous les phénomènes d’aujourd’hui. Quant au Christ, François a mené tout son discours sans jamais le mentionner, jusqu’à la conclusion où, parlant de l’espérance qui doit animer la communauté planétaire en ce moment, il a dit : cette [espérance] « que nous, chrétiens, apprenons du Seigneur Jésus-Christ », ce qui signifie que d’autres peuvent l’apprendre tout aussi bien ailleurs : le Christ comme l’un des nombreux maîtres de l’espérance.

On pourrait penser que devant des hommes politiques et des ambassadeurs, il faut tenir un discours laïque et profane et que, par conséquent, François a bien fait de voler bas, sans mentionner la foi et la religion, qu’il a bien fait de se limiter à la nature sans évoquer le surnaturel. C’est peut-être vrai du point de vue des auditeurs, mais du point de vue du pape, cela ne peut pas être vrai. En effet, rien ne se passe sur le plan naturel qui ne reflète l’influence du surnaturel sur celui-ci. La révélation et la grâce investissent directement le plan naturel, non pas pour remplacer les responsabilités propres à ce niveau, mais pour leur signifier que le but ultime est autre.

L’abandon du plan naturel à lui-même, qui se manifeste même quand on en parle à son propre niveau, s’appelle le naturalisme. Il présuppose que les injustices et les difficultés de la vie sociale peuvent trouver en elles-mêmes des capacités et des possibilités de résolution, sans aucun soutien ou aide divine. Il n’est pas nouveau que François tienne ses discours à caractère social sans référence au Christ. Mais il est difficile, voire impossible, de s’y habituer.

La marginalisation du Christ dans ce discours va de pair avec la poussée mondialiste décisive. En ce moment, de nombreux centres de pouvoir sont en action pour une transformation systémique de l’organisation de la vie sur la planète. Alors que dans de nombreux passages de son discours, François exprime sa préoccupation quant à la façon dont ces acteurs mondiaux menacent la paix, produisent la pauvreté et construisent l’assujettissement, dans de nombreux autres et dans le ton général du discours, il pousse favorablement à la démolition de toutes les différences, à une société mondiale post-identitaire, métisse, multiculturelle et multireligieuse.

Il n’exprime aucune évaluation critique de l’uniformisation des caractères nationaux et culturels dans le nouveau melting-pot mondial et embrasse les causes si chères aux partisans du Great Reset, telles que l’ « urgence climatique » et une gestion totalement ouverte des migrations. En d’autres termes, il adhère en grande partie à l’idéologie mondialiste selon laquelle le Christ doit être, au mieux, « un parmi d’autres ». Il est très difficile, à la lecture de ce discours de François, de distinguer les positions de l’Église catholique de celles du WEF Davos ou de l’Open Society Foundations.

Lisbonne et le Portugal ne sont pas exaltés pour avoir apporté le christianisme au monde, mais pour être une société « multiethnique et multiculturelle », pour respirer l’air de l’océan, « qui rappelle l’importance de l’ensemble, de penser aux frontières comme des zones de contact, et non comme des frontières qui séparent ». On se souvient que Lisbonne a accueilli les travaux de révision du traité constitutif de l’Union européenne, identifié à l’Europe, de sorte que Bruxelles aurait désormais pour rôle de poursuivre la tâche de l’Europe, qui ne doit pas être comprise, bien sûr, comme la renaissance de la Magna Europa chrétienne, mais comme « initiant des chemins de dialogue, des chemins d’inclusion, développant une diplomatie de la paix qui éteint les conflits et apaise les tensions ».

L’Europe (ou l’Union européenne ?) de François n’est plus l’Europe chrétienne, mais l’Europe qui redécouvre « son âme jeune », rêve de « la grandeur de l’ensemble », va au-delà des « besoins immédiats », inclut « les peuples et les personnes », ne recourt pas aux « théories et à la colonisation idéologique ». Autant de choses pour lesquelles le Christ ne sert pas à grand-chose. François souhaite que les jeunes cultivent des « désirs d’unité, de paix et de fraternité », qu’ils « réalisent leurs rêves », qu’ils « construisent ensemble », qu’ils « créent de nouvelles choses », qu’ils « prennent la mer et naviguent ensemble vers l’avenir ». Des indications sans contenu, que les jeunes de Lisbonne pourraient appliquer, sans en saisir les différences, aux propositions du néo-mondialisme post-humain et irréligieux.

Ndt

Extrait du discours du Pape:

Et si l’on respire aujourd’hui dans de nombreuses régions un climat de protestation et d’insatisfaction, terreau fertile aux populismes et aux complotismes, les Journées Mondiales de la Jeunesse sont l’occasion de construire ensemble. Elles ravivent le désir de créer de la nouveauté, de prendre le large et de naviguer ensemble vers l’avenir.

(…) Travaillons donc avec créativité pour construire ensemble ! J’imagine trois chantiers d’espérance où nous pouvons tous travailler unis: l’environnement, l’avenir, la fraternité.

*

https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2023/august/documents/20230802-portogallo-autorita.html

Curieux, cette obsession du Pape pour le chiffre « 3 » (qui a une valeur hautement symbolique dans la maçonnerie).
Le slogan qu’il cite ici pour annoncer ses « chantiers » évoque d’ailleurs beaucoup notre devise républicaine

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